Le mois d’Eloul que nous entamons est associé à la Téchouva et marque dans la conscience collective une période d’austérité, d’introspection et de remise en question : c’est le couloir ”inévitable” qui mène aux Jours Redoutables.
Et pourtant, chaque année à cette période, nous sommes transportés à la synagogue par l’allégresse des Séli’hot, ces chants où nous mentionnons nos fautes, regrettons nos écarts et supplions l’Eternel de nous pardonner. Le ton de ces prières est celui de la gaieté et de la ferveur, sans aucune note de tristesse. Toute la communauté les entame en chœur et elles nous accompagneront jusqu’à la Né’ila (prière de clôture) de Yom Kippour : “Adon Hasséli’hot…’Hatanou léfanekha ra’hem ‘alénou”, “‘Anénou Eloké Avraham ‘anénou”, “Kel melekh yochev ‘al kissé ra’hamim”...
Paradoxe s’il en est, essayons d’y voir clair :
Comme le mentionne Rabbi Na’hman de Breslev dans le “Likouté Moharan”, une vraie Téchouva s’opère dans la joie, celle de revenir à la maison de son Père tant aimé. Les 4 lettres du mot Eloul en hébreu sont les premières lettres de “Ani Lédodi Védodi Li” (“Je me lie avec mon Bien-Aimé - D.ieu - et mon Bien-Aimé de Son côté Se rapproche de moi”). Car il s’agit bien du lien d’amour entre le peuple d’Israël et son Créateur, et cette attache renouvelée représente la plus grande joie que peut ressentir l’être humain.
Une histoire racontée par le Rav Its’hak Zilberstein illustre parfaitement cette situation :
Un étudiant en Talmud s’était éloigné du chemin et avait quitté la Yéchiva. Un beau jour, il reçut une lettre d’un certain “Chemouel”. Ce nom ne lui disait rien et il ne se souvenait d’aucun ami le portant. En ouvrant la lettre, le jeune homme faillit se trouver mal : c’était le Rav Chemouel Rozowsky, son Roch Yechiva, qui lui écrivait :
“Mon ami, que j’aime affectueusement, je veux te rencontrer et te parler. Ton endroit sera le mien, et ton heure la mienne, nous discuterons….”
Le jeune homme bouleversé courut à la Yéchiva où son Rav l’attendait. Ils discutèrent toute la nuit et le jeune homme revint à la Yéchiva.”
Nos Sages rapportent que la plus grave erreur de l’homme, bien pire que la faute, est d’oublier qu’il est le fils du Roi. Ballotté par l’exil, ses épreuves et ses tentations, le juif a oublié qu’il est d’ascendance royale, aristocratique, habitué aux mets les plus raffinés, aux rituels de la cour, assis sur un trône à la droite de son père, le Roi.
Bien sûr, pour le fils prodigue, il n’est pas aisé de revenir au palais et il est parfois plus facile d’oublier d’où il vient et de rester à courir les champs et les forêts.
Pour faciliter ce retour, nous devons prendre conscience de notre noblesse et comprendre que faire Téchouva, c’est revenir au palais du Roi et se réjouir d’être de nouveau réunis en famille autour de ce Père aimé et bienveillant, avec tous les privilèges et les obligations dus à notre rang.
D.ieu nous appelle en ces jours et c’est avec une joie immense, celle de savoir que très bientôt nous allons Le retrouver, qu’on entonne les Séli’hot.
Appréhender les Yamim Noraim avec angoisse est une erreur et nous devons repenser notre vision de ces jours Kédochim du calendrier juif. Si on associe automatiquement la notion de joie à Souccot ou Pourim, sachons qu’Eloul contient lui aussi en son sein un potentiel extraordinaire de rayonnement.
Nous ne pouvions espérer de plus beau message à l’aube de la nouvelle année que celui d’Eloul : “Ani lédodi védodi li”.
La rédaction Torah-Box Magazine