Le mois d’Eloul marque le début du compte à rebours jusqu’aux Jours Redoutables. Le Ram’hal écrit que le temps est comme une spirale qui avance. Et les forces spirituelles d’une certaine journée sont propulsées chaque année en ce même jour. Par exemple, le jour de Roch Hachana est la date de la création d’Adam Harichon et chaque année, nous sommes potentiellement recréés à Roch Hachana. À quoi correspond le mois d’Eloul ? Le Bné Issakhar affirme qu’il s’agit de la période « pré-création ». Il n’y avait alors dans l’univers que la volonté d’Hachem de donner, de prodiguer du bien et donc de créer le monde. Ainsi de nos jours, le mois d’Éloul correspond à la période précédant la création, lorsqu’Hachem est prêt à donner à ceux qui veulent bien recevoir.[1] C’est pourquoi ces jours sont appelés « Yémé Ratson », jours où Hachem souhaite que l’on se rapproche de Lui encore plus que durant le reste de l’année.
Eloul est donc le moment le plus propice à l’amélioration de soi. Comment peut-on effectuer de véritables changements durant cette période ? Pour répondre à cette question, il nous faut d’abord parler des approches erronées de la Téchouva. Souvent, les gens commencent à s’introspecter avant Yom Kippour. Quand ce jour saint arrive, ils demandent pardon pour toutes les fautes commises, mais sans avoir programmé de plan concret permettant d’éviter de récidiver à l’avenir. Inévitablement, le lendemain de Kippour, la routine se réinstalle et rien ne change.
Si l’on veut une approche plus positive et fructueuse, il faut au moins prendre une petite Kabala (un engagement) comme le fait de prier en regardant le Sidour… Néanmoins, Rav Berkovits estime que de tels engagements peuvent nous distraire du réel changement – celui qui permet d’enlever les obstacles au rapprochement d’Hachem.
Il est également louable d’étudier des ouvrages sur la Téchouva. Mais il ne suffit pas de lire, il faut intérioriser et agir en conséquence.
Rav Berkovits explique que cette période nous donne une chance de nous analyser, de nous comprendre sincèrement et d’identifier les éléments qui bloquent la réalisation de notre potentiel. Pour faire une vraie Téchouva durant les Dix Jours de Pénitence, il est essentiel d’entamer son introspection dès les premiers jours d’Eloul et de ne pas attendre Roch Hachana pour commencer à réfléchir aux domaines à améliorer.
Il ne suffit pas d’identifier les fautes commises. Le Gaon de Vilna écrit que les Middot (les traits de caractère) sont l’origine de chaque 'Avéra ou Mitsva[2]. Ainsi, il faut mettre le doigt sur les Middot sous-jacentes à son comportement. Souvent, un même trait de caractère peut être la source de plusieurs fautes. Par exemple, une personne peut réaliser qu’elle a du mal à se lever tôt le matin pour la prière de Cha’harit, qu’elle perd beaucoup de temps, se met facilement en colère avec son entourage et leur parle durement…[3] Toutes ces fautes proviennent certainement de la paresse ou d’un désir de confort.[4]
Eloul est un mois de grande opportunité et simultanément de grande crainte. Le Pirké Dérabbi Eliezer nous informe que l’on sonne du Chofar en Eloul pour montrer notre peur à l’approche des Jours Redoutables.[5] Que craint-on en Eloul ? Rav Avraham Grodzinski explique que la peur d’Eloul est celle de manquer la grande occasion qui se présente à nous.[6]
C’est le moment le plus favorable au rapprochement vers Hachem. Puissions-nous tous mériter de ne pas manquer cette chance en or et d’effectuer de véritables (et durables) changements.
[1] Entendu du Rav Its’hak Berkovits.
[2] Début du Even Chéléma.
[3] Il est interdit de dire des paroles offensantes ; il s’agit de la transgression de Ona'at Dévarim.
[4] Il est recommandé de parler à un Rav qui pourra nous guider dans ce processus de compréhension de soi.
[5] Rapporté dans le Tour, Ora’h ’Haïm, Siman 581.
[6] Torat Avraham, « Chofar Chel Éloul », p. 97-98.