Il y a 50 ans exactement, Maxime Le Forestier sortait son album culte, où chaque titre allait devenir un hymne. Chevelu et barbu, avec un regard tendre et une rose derrière lui, l'auteur-compositeur-interprète allait supplanter son mentor, le poète national, Brassens. L’élève avait bien appris la leçon : les mélodies et la beauté des textes invitaient à la réflexion, rafraîchissant ainsi façon hippie le style chansonnier français. « Mon frère », le tube du disque, devenait presque quelconque parmi toutes ces ballades, où même d’un peu de “Rouille”, le chanteur allait faire un chef-d’œuvre.
Un des titres, « Ça sert à quoi », commence ainsi, sur fond de blues :
« Un beau matin, on vient au monde, le monde n’en sait rien,
Puis on grandit, on recommence, la danse de la vie,
Et puis on use nos mains à continuer le chemin qu’avaient commencé nos ancêtres,
Je sais qu’un jour va venir, que ce chemin va finir, ce jour viendra bientôt peut-être,
Ça sert à quoi tout ça, ça sert à quoi tout ça, il me reste si peu à vivre. »
Le Forestier compose cette chanson à 23 ans à peine, et met le doigt sur un absurde : cette roue qui tourne, de génération en génération, où l'on naît un beau jour sans que le monde ne s’en émeuve, sans qu’on en comprenne le sens, alors que le sablier commence déjà à se vider, et que le compte à rebours est enclenché.
Les années 70 sont celles du questionnement. Mais elles déboucheront sur un flop monumental, récupérées par la fièvre du samedi soir des Bee Gees, introduisant une décennie complètement matérialiste, aux antipodes des Flowers children. Les années 80 donneront une réponse lamentablement plate aux colliers de fleurs, aux pieds nus, et aux espoirs de la décennie précédente. Les cheveux longs se reconvertiront en hommes d’affaires et high-techistes, qui comme Steve Jobs, revenu des hallucinations psychédéliques de Woodstock, choisira d’offrir à l'humanité la distraction absolue : le trip du Smartphone. Le téléphone intelligent va naître, inventé par un ancien beatnik reconverti à l’informatique. De là, qu’il faut se méfier des déçus de la grande illusion humaniste, car quand ils changent de costume, c’est jusqu’au bout…
Les années 90 qui clôturent le siècle le plus abominable et le plus frénétique de l’humanité, n’ont plus rien à dire. Pas de feux d’artifice ni de coups de canon. Game boy et mania des jeux électroniques envahissent l’espace des jeunes, Michael Jackson invente des chorégraphies démantelées ; au ciné, un psy-cannibale devient le héros du grand écran et en géopolitique, le bloc de l’est s’effondre : on mangera le même Mac Do à Moscou et à Berlin réunifiée, en regardant la même télé, dans l’euphorie de la mondialisation.
L’an 2000 suit, sans surprises, dans l’ombre d’un soleil qui se couche définitivement à l’ouest.
Journée Mondiale Du Bonheur
Alors en 2023 qui est heureux ? Le très célèbre organisme international de statistiques Gallup, a enquêté sur les « mensurations » de bonheur dans le monde. Il vient de publier ses résultats à l’occasion de la « Journée Mondiale Du Bonheur » (ça existe !). 137 pays ont participé au sondage avec plus de 100 000 interrogés sur une période de 3 ans, Corona inclus, de 2020 à 2023.
Les pays nordiques ont la côte, avec la Finlande, le Danemark et l’Islande aux premières places. Mais qui se trouve juste après elles dans le peloton de tête ? Je vous le donne en mille…
Israël.
Elle monte, la chérie, médaillée sur le podium alors qu’elle ne vient pas des douillets pays scandinaves, où on s’endort au coin du feu, sans heurts et sans crises. Elle se bat pourtant au quotidien avec des ennemis autrement plus menaçants que ceux de l’Islande ou de la Suède. Malgré ses guerres, ses attentats, ses problèmes internes, ses déchirures sociales, point minuscule sur l’atlas, convoitée par 70 loups à l'affût et structurellement détestée par l’Occident : elle est heureuse !!
On compte aujourd’hui en Israël, 9 millions sept-cent mille citoyens, dont un peu plus de 7 millions sont juifs.
Parmi eux, 50 % ont moins de 30 ans, desquels 20%, moins de 10 ans !!!
Le pays est très jeune.
Est-ce cela qui rend les Israéliens si heureux ? De voir leur ligne démographique à la hausse ? Ou alors le fait qu’ils aiment la vie et sont heureux provoque cette natalité galopante ?
En tout cas, ces résultats sont le symptôme d'un pays en bonne santé.
Avoir beaucoup d’enfants, dans une société économiquement développée, c’est certainement croire en l’avenir, être prêt à déranger son confort, et être dans une dynamique. L’Europe, elle, se fige à 1,5 enfants par couple alors qu’on en compte presque 4 en moyenne pour la société juive israélienne.
C'est à Kiryat Séfer, localité juive orthodoxe, que le nombre d'enfants est le plus haut par famille : presque 8, en moyenne. Il est évident que les grandes familles des religieux apportent leur “contribution” à cette envolée démographique, même si on peut également voir des laïcs avec 3 où même 4 enfants.
Défi à la logique
Nos sources font correspondre la naissance de notre peuple à un grand éclat de rire.
De tous les attributs qu'Avraham aurait pu choisir pour nommer son fils tant attendu, en qui toutes les promesses de D.ieu se cristallisent, c’est celui du rire, qui sera retenu. “Its'hak”, “il rira”, en hébreu. Lorsque Avraham, presque centenaire, est informé par D.ieu Lui-même qu’il va bientôt être papa, il rigole ! « Il (Avraham) tomba sur sa face et rit, il dit en son cœur : est ce qu’un homme de cent ans et une femme de 90 donneront naissance ? » (Lèkh Lékha 17;17).
Plus loin dans le texte, incrédule et amusée, la grande épouse du Patriarche étouffe également un rire devant l’incroyable “annonciation” : “Et Sarah rit en elle-même... ” (Vayéra 18;12)
Ce qui provoque l’effet comique, tout humoriste vous le dira, c’est la surprise, le décalage, l’imprévu d’une situation.
Notre peuple ne naît pas dans la logique. Il est tout sauf une équation rationnelle. Il est dès sa conception, un défi aux notions terrestres qui ne comprennent que les causes à effet. Une maman stérile de 90 ans, un papa centenaire, sont justement cet “impossible” qui met si bien en relief le fait que seule une promesse divine peut être à l’origine de l’incroyable destin du peuple juif.
« De toi, sortira un grand peuple » : même ce couple de Géants de la foi, ne peut s’empêcher de rire devant les scénarios imprévisibles du Très-Haut.
Allez savoir si ce n’est pas à ce moment-là que l’humour juif est né…
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Alors ça sert à quoi tout ça ?
Tant qu’en effet, il n’y a ni but, ni direction, ni signification, la question reste posée. Avoir un enfant ? Pour qui, pour quoi ?
À quoi bon !
L’humanité entière est invitée à reconnaître ce qui se cache derrière ce peuple, dont la seule existence est invraisemblable pour l’esprit, mais qui justement semble porter la clef du sens de la vie.
Devant une singularité, une étrangeté qui interpelle, la moindre des choses est de s’y arrêter un instant et d’y réfléchir.
Ça sert à ça, tout ça !