A l'occasion de la Hiloula (jour anniversaire de décès), ce jour, de notre maître Rav Eliahou Mani, l'équipe Torah-Box est heureuse de vous faire découvrir très brièvement son parcours de vie. Celui qui parle du Tsadik de jour de sa Hiloula, celui-ci priera pour lui ! Allumez une bougie et dites "Likhvod haRav Mani, zékhouto taguèn 'alénou" puis priez. Que son mérite protège tout le Klal Israel, Amen !
Le Rav Eliahou Mani est né à Bagdad en l'année 1818 (5578) ; il reçut son éducation au Beth Midrach du Raban des sages de Bagdad, le Rav Abdallah Somekh.
Dans ce Beth Midrach, dont la réputation atteignit les pays d'Orient, se réunissaient des centaines de milliers de jeunes juifs. La plupart d'entre eux sortirent de cette Yéchiva érudits et auréolés de la couronne de la Torah et de la Rabbanout. Le jeune Eliahou était un exemple pour les jeunes adolescents de Bagdad et il mérita le titre de "Rav" et "Rabbi". Son Rav, le Rav Abdallah Somekh, sondait l'âme de son remarquable disciple et lui donna sa sœur Smara pour épouse, l'introduisant ainsi dans le cercle familial d'une grande lignée.
Dès sa jeunesse, il aimait vivre dans la simplicité, il fuyait le pouvoir et les honneurs et se consacrait à la Torah et aux bonnes actions. Il avait coutume de dormir sur un tapis sans literie, avec une pierre autour de sa tête. Sa vie était jonchée de jeûnes et de mortifications. Il rédigea des livres de Kabbale, dont une partie a disparu, et l'autre partie, propriété de collectionneurs, n'a toujours pas été publié.
L'année 1856 (5616), il décida de s'installer en Erets Israël. Le bruit se répandit immédiatement parmi ses amis qui tentèrent de l'empêcher de monter en Erets. Ils lui décrivirent les dangers de la route et les conditions difficiles qui sévissaient alors en Erets. La seule personne qui le soutint et l'encouragea fut son grand ami, le Ben Ich ‘Haï, qui s'opposa à ses amis de la Yéchiva en leur disant que « ce n'est qu'en terre sainte qu'on reconnaîtra la place de Rabbi Eliahou et que les sources de sa Torah se répandront au-dehors ».
Les préparatifs du voyage durèrent de nombreux mois. De temps en temps, quelques convois quittaient Babel et traversaient le désert en direction de Damas, puis se tournaient vers Erets Israël. Rabbi Eliahou tenta de convaincre ses amis arabes, loua un chameau, et se prépara au voyage. Le jour convenu, il chargea sur son dos les membres de sa famille, sa femme d'un côté, et ses enfants de l'autre, et sur la chaise à porteurs où se dressait un parasol en raison de la chaleur torride, il monta lui aussi à dos de chameau. S'étant au préalable muni de provisions pour le voyage, il prit la route. Nombre de ses amis et compagnons d'études du Beth Midrach, le cœur inquiet, l'accompagnèrent et le bénirent pour le voyage.
Tous les jours de la semaine, son chameau suivait à l'arrière du convoi sans être dérangé. Dans la journée, à cause de la chaleur du soleil, le convoi devait stationner, et la nuit il continuait son chemin. La veille de Chabbath, à midi, Rabbi Eliahou détacha son chameau du convoi et demanda au reste de la caravane de poursuivre sa route ; à cause de la sainteté du Chabbath il était obligé de chômer. Sa seule requête était que la caravane ralentisse le rythme de son avancée pour qu'il puisse les rattraper après la sortie du Chabbath. Il lui fallut trois jours de voyage avant d'arriver aux portes de Jérusalem.
A son arrivée aux portes de la ville, Rabbi Eliahou se dressa debout le cœur agité de joie et de tristesse. Des larmes de joie s'échappèrent de ses yeux, alors que son cœur pleurait de voir la désolation de la ville. Il tourna ses yeux vers l'Orient et l'Occident et exécuta la "Kri’a" (déchirure réglementaire du vêtement en cas de deuil) de son vêtement et dit : « Bénis soit le juge de vérité ». Les habitants de Jérusalem et des alentours et les sages qui avaient appris la nouvelle de son arrivée le reçurent chaleureusement et lui témoignèrent beaucoup de marques d'honneurs. Ils proclamèrent à son sujet : « un lion est arrivé de Babel ». Le Rav se joignit aussitôt au groupe des 'Hassidim de Beth El qui étaient installés à Jérusalem.
L'atmosphère de la ville sainte ne convenait pas à la santé du Rav ni à celle de ses enfants, et il fut contraint de s'aliter plusieurs jours jusqu'à ce que le médecin lui prescrive de changer de résidence et de partir à ‘Hévron. Après avoir vécu deux ans à Jérusalem, il déménagea pour ‘Hévron où il vécut jusqu'à la fin de ses jours. L'air pur et revivifiant, ainsi que les gras pâturages et l'abondance des récoltes, influèrent sur sa santé et son moral. Rabbi Eliahou se renforcait pour agir en faveur des résidents de la localité de ‘Hévron. Il s'attacha à nouer des relations amicales avec ses voisins arabes, afin que ces derniers n'entravent pas le développement de la localité juive. Il vit là une condition préalable au développement de la localité de ‘Hévron.
À cette époque, une épidémie de choléra frappa la ville ainsi que les alentours, faisant de nombreuses victimes. Il prit soin de tout un chacun, considérant qu'il était l'envoyé d'Hachem pour accomplir cette Mitsva et que « les envoyés d'une Mitsva sont intouchables ».
Plus tard, il lança un appel à tous ses amis et connaissances de sa ville natale, Bagdad, et des pays d'Afrique du Nord où sa grandeur en Torah et son renom étaient connues, et leur demanda de venir s'installer en Erets Israël, et particulièrement à ‘Hévron. Il décrivait sa communauté comme étant la plus sainte des quatre villes ; en effet, Kiryat Arba’ est l'endroit où reposent nos ancêtres, les patriarches, qui font par leur mérite résider la Chékhina (présence Divine) en ce lieu. Ces propos firent sensation parmi les juifs des pays arabes appartenant au royaume ottoman, et nombreux sont ceux qui répondirent à son appel. Les vagues d'immigration défilèrent et se multiplièrent d'année en année. Comme il n'y avait pas d'auberge pour les recevoir Rabbi Eliahou ouvrit les portes de sa propre maison à tous les immigrants de tous pays, et plus particulier à ceux venus de Boukhara. Sa femme et ses enfants offrirent l'hospitalité à leurs hôtes.
En 1865 (5625), il devint Rav de ‘Hévron, refusant toutefois de recevoir un salaire. Il servit la communauté sans rétribution aucune, et ce n'est que 14 ans plus tard, lorsque sa famille s'agrandit, qu'il se résigna à percevoir un salaire.
En vieillissant, il perdit la vue à cause de la maladie de la cataracte, et fut très contrarié par l'absence d'étude de la Torah. Bien qu'on lui lut des livres, il prétendait que l'écoute ne ressemblait pas à la lecture. Quatre ans plus tard environ, vint chez lui un homme habillé comme un paysan qui lui dit qu'il pouvait lui soigner ses yeux en contrepartie d'une forte somme. Le Rav consentit à payer après la guérison. Au bout de trois jours de soins, il recouvra la vue et voulut payer son guérisseur, mais sa trace avait disparu.
La veille de Yom Kipour 1899, le Rav avait une mine triste. Le lendemain de Kippour, il invita chez lui le chef de la 'Hévra Kaddicha, et, secrètement, lui donna des instructions à respecter concernant le jour de sa mort. A partir de ce jour, il décida de s'isoler au fond de sa Yéchiva pour étudier des livres de Moussar (morale).
Il décéda le 8 Tamouz, et fut enterré le même jour à ‘Hévron. À son enterrement participèrent tous les gens de la ville, juifs et non juifs. Les Arabes croyaient que Rabbi Eliahou était un saint homme envoyé de D.ieu, n'ayant que l'apparence d'un juif. Aussi, demandèrent-ils de transférer son corps dans le cimetière réservé aux saints musulmans. Les juifs de ‘Hévron furent contraints de monter la garde près de sa tombe de nombreux mois durant.