Le Rav Mordékhaï Eliyahou nous a relaté l'histoire suivante : « Un jour, je participai à une Sé’oudat Mitsva avec Baba Salé à Nétivot, et parmi les participants se trouvait un certain Elbaz, membre du conseil municipal de la ville de Béer Chéva, représentant le parti Mérets (partie politique israélien d’extrême gauche).
Certains pensaient qu’il n’était pas souhaitable qu’un homme tel que lui, n’étant pas respectueux des Mitsvot, participe à une Sé’oudat Mitsva en compagnie d’un homme saint et pur comme Baba Salé, et comme j’étais assis à côté de lui en tête de table, on me demanda de transmettre à Baba Salé de demander à cet homme de quitter les lieux.
Or, je ne voulais pas ressembler à Kamtsa Bar Kamtsa, et je ne voulais pas faire honte à un homme qui participait à ce repas. Et sa participation même à un repas de Baba Salé semblait indiquer qu’une étincelle de sainteté s’était éveillée en lui et qu’il était désormais un autre homme, bien meilleur.
Je fis comme si je n’avais pas compris la demande de ces « Tsadikim », et constatant qu’ils ne pouvaient compter sur moi, ils s’adressèrent directement à Baba Salé, mais lui aussi fit semblant de ne pas comprendre leur demande. Ils baissèrent aussi les bras et reprirent leur place, pensant à la profanation du Nom divin qui se tramait d’après eux.
Pendant ce temps, Baba Salé prit une bouteille d’Arak et demanda à l’assemblée : qui nous offre à boire pour cette occasion joyeuse ? Les personnes présentes lancèrent des regards tout autour, curieux de savoir qui remporterait ce mérite, Baba Salé choisirait certainement l’homme le plus vertueux ou un homme ayant accompli une Mitsva très importante.
Au bout de quelques minutes, Baba Salé demanda : « Y a-t-il ici un homme nommé Elbaz ? » On chercha et on ne trouva aucun Elbaz, à l’exception de celui qu’on avait demandé d’expulser, mais il avait honte de s’approcher du Tsaddik.
Alors que Baba Salé répétait sa demande plusieurs fois, d’autres personnes, qui avaient interprété les choses différemment de ces « Tsadikim », poussèrent ce membre du conseil municipal à se diriger vers Baba Salé. Honteux, il rejoignit le Rav, et déclara : « Je m’appelle Elbaz. »
Baba Salé pencha sa tête vers Elbaz et lui dit à voix basse : « Sais-tu que notre nom de famille était Elbaz avant d’être Abou’hatsira ? Tu es des nôtres ! »
L’homme fut très ému des paroles du Rav, reçut la bouteille d’Arak des mains saintes du Rav et, les mains tremblantes, servit toutes les personnes présentes, y compris les « Tsadikim », stupéfaits de la conduite de Baba Salé.
Le Chabbath suivant cet incident, tout le monde fut surpris de voir cet homme se rendre à la synagogue en tenant une pochette contenant son Talith. Tout le monde vit comment il était possible de rapprocher un Juif avec amour. (source : Ohavam Chel Israël).
L’évaluation de la Ahavat Israël, l’amour de chaque Juif, est la Ahavat Israël !
Non pas comme l’envisageaient certains des participants au repas, qui, par zèle, estimaient qu’il était permis de faire honte à un Juif non-respectueux de la Torah et des Mitsvot.
Baba Salé et Rav Mordékhaï Eliyahou nous apprennent par cette histoire la juste voie qu’il nous faut choisir. De plus, précisément parce que cet homme était défini comme un Juif éloigné de la pratique religieuse, il était possible de découvrir l’étendue de l’amour pour D.ieu, car aimer les Tsadikim, ce n’est pas très difficile… l’essentiel de l’épreuve se mesure en fonction de l’amour porté aux personnes éloignées, sachant que tout Juif, quel qu’il soit, est le fils bien-aimé de D.ieu, loué soit-Il.
Comme l’affirme Rabbi Méir : « Un Juif, quel qu’il soit, est appelé fils. » Qu’il fasse ou non la volonté de D.ieu.
En conséquence, non seulement Baba Salé et le Mordékhaï Eliyahou n’ont pas voulu lui faire honte et l’expulser de manière humiliante, mais au contraire ! Ils l’ont rapproché, avec beaucoup d’amour et de bienveillance.
Comme le rapporte le Ba’al Chem Tov : « Un Tsaddik parfait et dénué de tout mal ne voit pas le mal chez autrui, et, à ses yeux, tout le monde est vertueux et pieux, c’est pourquoi il aime beaucoup les Juifs, etc… » (Ba’al Chem Tov sur la Torah, Kédochim).
Comme l’affirme Rabbi Avraham ‘Haïm Zagdoun : « Celui qui veut aimer Hachem doit aimer le peuple juif. Sans cela, cet amour pour D.ieu ne vaut rien » (Béérot Avraham ‘Haïm).
C’est le merveilleux niveau des grands sages d’Israël, qui aiment chaque Juif d’un amour inconditionnel, et rapprochent ainsi le peuple juif de leur Père céleste.
« Les actes des pères sont un signe pour les fils », puissions-nous être guidés par la lumière de Baba Salé et du Rav Mordékhaï Eliyahou, et de tous les saints Tsadikim aimant sincèrement tous les membres du peuple juif, Amen.