Le Grand Sanhédrin était la juridiction capable, entre autres, de juger les grands dirigeants du peuple d’Israël (Rois, chefs des Tribus, Cohen Gadol), et, a contrario, les faux prophètes.
Le Grand Sanhédrin était l’autorité suprême du peuple. Il faisait partie intégrante de la gestion du pays. Les Rois qui régnaient à l’époque du premier Beth Hamikdach devaient obtenir l’accord préalable du Grand Sanhédrin avant toute décision importante. Ce tribunal pouvait statuer sur l’extension territoriale de Jérusalem ou encore de la citoyenneté du Mont du Temple. C’est avec l’autorisation du Grand Sanhédrin que l’on désignait les petits tribunaux.
Le Grand Sanhédrin dénombre 71 sages. Son origine prend sa source dans un verset de la Torah : « Rassemble-Moi 70 sages d’Israël que tu reconnais comme étant des sages du Peuple… Et Je placerais sur eux un esprit Divin comme Je l’ai fait pour toi » (Bamidbar 11, 16-17). C’est dans le désert que fut établi la direction spirituelle du peuple juif, Moché et 70 sages. La Torah nous raconte, dans la Paracha Yitro, que le premier à avoir conseillé d’instaurer des juges fut Yitro, le beau-père de Moché.
Le Grand Sanhédrin siégeait dans une chambre spéciale du Beth Hamikdach. Il est écrit : « Si tu es impuissant à te prononcer sur un cas judiciaire, sur une question de meurtre, de droit civil, ou de plaies [de lèpre], sur un litige publique porté devant tes tribunaux, tu te lèveras et monteras à l’endroit qu’aura choisi Hachem. Tu iras auprès des Cohanim et du juge qui siégeront à cette époque, tu les consulteras, ils t’éclaireront sur le jugement à prononcer, tu agiras selon leurs déclarations énoncées dans ce lieu choisi par Hachem, et tu auras soin de te conformer à toutes leurs instructions. Selon la doctrine qu’ils t’enseigneront, selon la règle qu’ils t’indiqueront, tu procéderas, ne t’écartes pas de ce qu’ils t’auront dit ni à droite ni à gauche. » (Dévarim 17).
« L’endroit qu’aura choisi Hachem » est le Beth Hamikdach à Jérusalem.
Si l’on trouvait un cadavre dans les champs, une partie des membres du Grand Sanhédrin allait sur place pour exprimer leur mécontentement sur le sang d’un innocent qui était versé, pour insister sur la grande valeur de la vie, et pour implorer le pardon pour les habitants de la ville.
Le petit Sanhédrin dénombre 23 juges, et a pour fonction de juger les différends liés à l’argent ou aux problèmes criminels. Chaque ville dispose d’un petit Sanhédrin : « Tu placeras des juges et des magistrats dans toutes les villes qu’Hachem te donnera dans chacune de tes tribus, et ils jugeront le peuple selon une justice équitable » (Dévarim 16, 18).
Le Rambam nous explique comment sont choisis les membres et leurs façons de siéger : « Nous établissons en premier lieu le Grand Beth-Din dans le Beth Hamikdach : c’est le Grand Sanhédrin qui dénombre 71 sages, comme il est écrit : "Rassemble-Moi 70 sages d’Israël", Moché les présidant, comme il est écrit : "Ils se tiendront là-bas avec toi". [Nous avons 70 sages et Moché, ce qui nous donne 71.] Le plus sage d’entre eux sera désigné comme Roch Yéchiva, ou encore "Nassi" et sera à place de Moché Rabbénou. Enfin, un autre sage sera nommé pour siéger aux côtés de Moché Rabbenou (ou du Nassi) ; c’est le Av Beth-Din. Le reste des sages siégera face à eux, chacun selon son âge et sa notoriété. Le plus sage étant assis aux côtés du Nassi, et ainsi de suite de manière à former un demi-cercle afin que le Nassi et le Av Beth-Din puissent observer l’ensemble des juges. On établira deux Beth-Din de 23 juges chacun. L’un siègera à l’entrée du Parvis et le second à l’entrée du Mont du Temple. Chaque ville disposera de son Beth-Din, comme il est écrit : "Ils représenteront le jugement dans la ville". Les membres du Beth-Din sont installés en demi-cercle, de manière à ce que le Av Beth-Din préside la séance du bout du demi-cercle afin de voir tout le monde. »
Seules les personnes les plus brillantes et les plus érudites en Torah feront partie du Grand ou petit Sanhédrin. Ils devront avoir une connaissance élargie dans plusieurs domaines, comme l’astronomie, la médecine, la science, les mathématiques, ou encore les cultures étrangères, afin de pouvoir juger au mieux.
C’est ainsi que se jugeaient toutes les lois et détails de la Torah, ainsi que tous les différends entre les particuliers. Le Sanhédrin était le garant du maintien des lois d’Hachem parmi le peuple.