Une année, alors que la sécheresse s’était abattue sur le Tafilalet, Rabbi Ya’akov Abi'hssira fit appeler M. David Azéroual, qui comptait parmi les notables de la ville, afin de lui faire une proposition pour le moins étrange : s’il souhaitait se tenir à ses côtés au gan ‘éden, lui affirma-t-il, il devait faire don de toute sa fortune à la tsédaka, afin de sauver les pauvres de la ville menacés par la famine.
M. Azeroual, qui obéissait à chacune des paroles de son Rav, s’exécuta. Il amena à Rabbi Ya’akov une cruche remplie d’argent – toute sa fortune. Rabbi Ya’akov ne regarda pas le contenu ; chaque fois qu’un besoin quelconque se faisait jour, il plongeait simplement la main dans la cruche et en tirait la somme nécessaire.
Il sauva ainsi des centaines de personnes de la famine. Lorsque la sécheresse prit fin, Rabbi Ya’akov Abi'hssira fit de nouveau appeler M. Azeroual, afin de le remercier pour sa générosité au nom de toute la communauté. Vu que la situation s’était sensiblement améliorée au Tafilalet, Rabbi Ya’akov lui restitua la cruche. M. Azeroual fut stupéfait, en comptant l’argent, de constater qu’il ne manquait pas un centime de la somme qu’il avait donnée à Rabbi Ya’akov un an auparavant…
M. Azeroual eut également le mérite extraordinaire, grâce au ‘hessed qu’il avait accompli, d’annuler un décret d’extermination qui pesait sur le village. En effet, le jour où M. Azeroual avait donné la cruche à Rabbi Ya’akov était un vendredi ; lorsqu’arriva l’heure de min’ha, Rabbi Ya’akov constata que de nombreux fidèles n’étaient pas arrivés à la synagogue et interrogea son fils Rabbi Aharon Abi'hssira sur ce fait. Il se vit répondre que les gens étaient occupés à garder le village et à se protéger du fait de l’intention de bandits de s’en prendre aux habitants.
Rabbi Ya’akov sourit ; il expliqua qu’effectivement, il y avait bien eu au Ciel un décret de cet ordre mais que celui-ci avait été annulé suite au geste de tsédaka exceptionnel de M. Azeroual. Dès que la chose fut connue, les juifs reprirent espoir : une femme parmi les habitants du village monta sur les murailles et jeta sur l’un des assaillants une meule. Celle-ci tomba précisément sur leur chef. La horde prit alors peur et abandonna précipitamment les lieux. Les juifs purent ensuite rejoindre sereinement les lieux de prière et célébrer dignement le chabbat…
Cet épisode édifiant vient nous enseigner la force incroyable de la tsédaka et la nécessité d’ajouter foi aux paroles des ‘hakhamim, nos Sages, même au prix de grands sacrifices financiers ou autres.