« Alors que je m'intéressais au judaïsme, je me rendis dans une Yéchiva. Avant de quitter l'endroit, le Rav P., un des dirigeants, m'invita à passer un Chabbath chez lui. Combien ai-je hésité à répondre à l'invitation ! Il ne faut pas oublier que je n'avais jamais vu de bougies de Chabbath chez mes parents, ni mis les pieds dans une synagogue. Je n'avais pas non plus grandi avec une attitude négative envers la religion, mais simplement avec un désintérêt total par rapport à tout ce qui était lié au judaïsme. Depuis mon enfance, je m'étais abstenu de passer par les quartiers orthodoxes de Jérusalem, ayant entendu qu'on y lançait des pierres.
Maintenant, alors que j'étais invitée dans une des maisons de ces quartiers, considérée comme religieuse extrémiste, il n'est guère difficile de comprendre mes craintes : comment serais-je reçue ? Réussirai-je à m'arranger avec la nourriture des religieux ? Et qui sait s'ils n'exploiteraient pas mon séjour chez eux pour me faire un lavage de cerveau ? De manière générale, je craignais ce sujet qui s'appelait « Chabbath ». Chez les religieux, nul doute que c'est une journée « noire ». Qu’allais-je faire durant cette journée où tout est interdit ? N'y a-t-il rien de permis ? Je me suis imaginée qu'en dehors de la marche pour se rendre à la synagogue, ils demeuraient assis, tristes, toute la journée à la maison. Et moi, comment pourrais-je supporter cela ?
Malgré tout, je montai à Jérusalem. Je me retrouvai là, confuse, à tourner dans un des quartiers orthodoxes. Un petit enfant, aux grands yeux noirs et aux longues Péot ondulées sur ses joues, vint m'aider à localiser la maison de mes hôtes. Je tremblai de peur lorsque je sonnai à la porte de la maison, ornée d'une grande Mézouza. J'eus de la chance, la porte s'ouvrit de suite. La maîtresse de maison me reçut avec un sourire aimable. A cet accueil chaleureux, se joignirent également le Rav P. et leurs six enfants et en quelques minutes, je me sentais comme un membre de la famille à part entière.
J'assistai au moment où la maîtresse de maison alluma les bougies, et pour la première fois de ma vie, je ressentis ce qu'était une atmosphère de Chabbath. Là où je me tournai, je sentais une grâce particulière, qui était répandue partout. L'harmonie régnait dans cette maison assez petite, mais pourtant remplie de joie. Les enfants étaient éduqués à merveille. Le Rav fit une analyse extraordinaire de plusieurs points de la section de la semaine tout en discutant. La femme débordait de sagesse de vie. Ils ouvrirent devant moi un nouveau monde. Pendant le Chabbath, j'eus beaucoup de temps pour aborder avec eux différents sujets : je me trouvais face à des gens qui réfléchissaient et approfondissaient.
Le Chabbath est passé plus vite que ce que j'avais imaginé, et lorsque je suis rentré chez moi à Guivataïm, j'étais remplie d'expériences, comme si j'étais revenu d'une autre planète pleine de richesse et de beauté ».