On sait que trois éléments ont accompagné les enfants d’Israël, après la sortie d’Egypte, pendant les 40 années du désert : la manne, grâce au mérite de Moché Rabbénou, le puits d’eau, grâce à Myriam la Prophétesse, et les nuées de la gloire, grâce à Aharon Ha-Cohen. Quand Aharon est mort, ces nuées ont cessé de protéger Israël. Alors est apparu un groupe d’Amalécites – habillés comme Amalécites mais parlant la langue des Cananéens, pour troubler Israël dans leur prière à l’Eternel – et ils s’attaquèrent à Israël. Les nuées de la gloire s’étaient éloignées, après la mort d’Aharon, et cela donna du courage aux ennemis (Bamidbar 21, 3). Mais les enfants d’Israël ayant prié, leurs ennemis furent vaincus.
L’un des buts de la fête de Souccot est d’évoquer les « nuées de gloire » qui ont protégé les enfants d’Israël dans le désert, et c’est le sens, la portée de ces nuées qu’il nous importe d’apprécier et de comprendre. Deux sortes de nuées – en dehors de celles du désert – accompagnent l’histoire du peuple juif, selon la tradition. D’une part, le jour de Yom Kippour, le Grand-Prêtre entrait, une fois dans l’année, dans le Saint des Saints, mettait de l’encens sur les braises ardentes qui venaient de l’autel des sacrifices, et cette action emplissait le Saint des Saints – lieu entièrement fermé – d’une fumée ardente. Le texte de la Torah dit clairement : « Car c’est dans la nuée que J'apparaitrai au-dessus du Propitiatoire » (Vayikra 16, 2). Et Rachi commente : « Il s’agit du nuage créé par le Ketoret (le parfum, l’aromate) brûlé à Yom Kippour dans le Saint des Saints » (Rachi ad loc.). Dans un autre contexte, les sages rapportent que l’une des trois manifestations qui définissaient la tente de Sarah (disparue après sa mort, et réapparue après l’arrivée de Rivka) était le nuage qui protégeait la tente. Ce nuage, c’est la pureté, la sainteté du foyer juif qui se trouvait chez les femmes des Patriarches et qui doit continuer à parer les foyers purs du peuple juif, fidèle aux lois de la Torah.
Serait-il extrapolé de dire que la pérennité de l’histoire d’Israël, sa survie au milieu de tant de nations diverses depuis plus de 2000 ans, est due à ces « nuées de gloire », à ce « nuage attaché à la tente » dans les foyers d’Israël ? Souccot peut être ainsi le symbole de la permanence du peuple d’Israël. Quand Bilam a vu cette pureté, il n’a pu que dire : « Qu’elles sont belles tes tentes, Jacob, tes demeures, ô Israël » (Bamidbar 24, 5). Nous vivons, hélas ! une époque permissive, qui autorise tous les débordements ! Il est vivifiant de pouvoir voir les « Souccot » des juifs fidèles à la Tradition, et qui continuent ainsi le service du Grand Prêtre à Yom Kippour. Il s’agit de brûler les fausses idoles, les dangers de notre époque, grâce au « Ketoret » des Mitsvot et de l’étude de la Torah. C’est ardu, c’est un effort permanent – quand on est attaqué tous les jours par des photos, par des vidéos qui cherchent à attirer le plus de monde possible. Mais « en fonction de la difficulté, vient la récompense » (Texte du Traité Avot), et est-il une plus belle récompense que de se réfugier dans les tentes de pureté, de sainteté et de continuer à être protégé par les nuées de la gloire ?