Durant son histoire, le peuple hébreu a connu deux types de relations différentes avec D.ieu : la première claire et dévoilée et la seconde, opaque et cachée. C’est ainsi que dans les temps anciens, le Juif était encadré par des prophètes qui lui transmettaient la volonté d’Hachem, et le Cohen Gadol, vêtu du pectoral, répondait à ses questions capitales. À cette époque, des miracles ininterrompus avaient lieu dans l’enceinte du Temple et la nature constituait le baromètre de la conduite du Juif : s’il marchait selon les principes de la Torah, il recevait la bénédiction dans toutes ses œuvres ; et s’il s’en détournait, les pluies s’arrêtaient et la prospérité s’interrompait.
Après la destruction du Premier Temple, la prophétie tendra à disparaître, on n’assistera plus à des miracles évidents – et ce, même après la reconstruction du Second Temple –, on ne distinguera plus désormais de phénomènes de cause à effet dans la nature. En réalité, l’Éternel ne S’est pas retiré de ce monde ni n’a changé de peuple, mais Il Se cache. Nos Sages désignent cette époque comme celle du “visage voilé” de D.ieu.
La fête de Pourim marque la délivrance extraordinaire de tous les Juifs du monde avec l’abolition d’un décret d’extermination à leur encontre, comme cela est rapporté dans la Méguilat Esther. Pourtant, tout au long de ce texte biblique, le Nom de D.ieu n'apparaît pas. En effet, l’Éternel est bien caché et si on ne fait pas l’effort de Le chercher, on risque de ne pas déceler Son intervention dans les évènements relatés. Pourim vient justement nous rappeler que D.ieu, malgré les apparences, reste continuellement présent, tirant les ficelles de l’Histoire derrière un rideau opaque que l’on surnomme le hasard.
Mais nous pourrions nous interroger : de quelle manière pouvons-nous découvrir D.ieu s’Il Se cache ?
Avez-vous joué à cache-cache quand vous étiez enfant ? Ce jeu consiste à se cacher intelligemment afin qu’un autre joueur essaye de nous trouver. La cachette sélectionnée est fondamentale car si elle est trop étroite ou trop large, le jeu n’a pas d’intérêt car il s'avèrera soit trop facile ou soit trop compliqué. Le chercheur va alors utiliser toute son imagination et son raisonnement aiguisé afin de deviner où peuvent se cacher les autres, en éliminant une par une les différentes possibilités. De la même manière, D.ieu ne Se cache pas pour nous échapper, mais “Se tient” de telle manière qu’après des efforts, on parvienne à Le découvrir.
Une autre question, celle-là d’ordre théologique, peut nous interpeller : si lorsque la Présence de D.ieu était évidente, les Juifs se sont malgré tout éloignés de Lui, que peut-Il attendre de nous alors qu’aujourd’hui on ne Le perçoit que difficilement ? Le Rav Arié Kaplan, dans son livre “Si vous étiez D.ieu”, répond que lorsque l’Éternel est trop manifeste aux yeux de l’homme, ce dernier risque d’en être paralysé, car il se sent comme contraint d’agir comme D.ieu le voudrait. Cette situation peut déboucher sur des rébellions et des actes graves, tels que la faute du Veau d’or juste après la Révélation au mont Sinaï. Mais lorsque l’Éternel Se cache, l’homme se sent libre et ce sentiment lui permet justement de se rapprocher de Lui par une démarche personnelle. C’est pourquoi nos Sages nous enseignent qu'à l'époque de Mordékhaï et Esther, les Bné Israël acceptèrent une nouvelle fois la Torah, mais cette fois avec amour.
Depuis les événements du 7 octobre, nous nous trouvons “étrangement” face à une certaine similitude de situation par rapport à celle rapportée dans la Méguilat Esther : une menace dont la source provient d’Iran – l’ancienne Perse – pèse sur tous les Juifs du monde, particulièrement sur ceux d’Erets Israël. Mais nous devons prendre conscience que D.ieu est totalement présent derrière cette situation et que, comme à l’époque de Pourim, Il a déjà préparé le salut avant même le péril. Que par le mérite de la Émouna et de la Téchouva, nous assistions très bientôt à un renversement de situation similaire à celui de Pourim. Amen !