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Torah écrite (pentateuque) » Genèse (Berechit)

Chapitre 24

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24,1
Or Abraham était vieux, avancé dans la vie; et l'Éternel avait béni Abraham en toutes choses.
Et Hachem avait béni Avraham en tout

La guematria (valeur numérique des lettres) de bakol (« en tout ») est la même que celle du mot ben (« fils »). Etant donné que Dieu l’avait béni en lui donnant un fils, il fallait à présent qu’il lui fasse prendre femme

24,2
Abraham dit au serviteur le plus ancien de sa maison, qui avait le gouvernement de tous ses biens: "Mets, je te prie, ta main sous ma hanche,
Le plus ancien (zeqan) de sa maison

Le mot zaqen est ici à l’état construit. Aussi est-il ponctué zeqan, avec un pata‘h sous le qof

Sous ma hanche

Parce que celui qui prête serment doit tenir en main un objet servant à une mitswa, comme un rouleau de la Tora ou des tefilin (Chevou‘oth 38b, Beréchith raba 59, 8). Etant donné que la circoncision a été la première mitswa qu’a observée Avraham et qu’elle s’est accompagnée de souffrance, elle lui était d’autant plus chère. C’est donc elle qu’il a utilisée

24,3
pour que je t'adjure par l'Éternel, Dieu du ciel et de la terre, de ne pas choisir une épouse à mon fils parmi les filles des Cananéens avec lesquels je demeure,
24,4
mais bien d'aller dans mon pays et dans mon lieu natal chercher une épouse à mon fils, à Isaac."
24,5
Le serviteur lui dit: "peut-être cette femme ne voudra-t-elle pas me suivre dans ce pays-ci: devrai-je ramener ton fils dans le pays que tu as quitté?"
24,6
Abraham lui répondit: "Garde toi d’y ramener mon fils!
24,7
L’Éternel, le Dieu des cieux, qui m’a retiré de la maison de mon père et du pays de ma naissance; qui m’a promis, qui m’a juré en disant: "Je donnerai cette terre-ci à ta race", lui, il te fera précéder par son envoyé et tu prendras là-bas une femme pour mon fils.
Hachem

Il n’ajoute pas les mots : « et Eloqim de la terre », contrairement au verset 3 où il a dit : « et je te ferai jurer par Hachem, le Eloqim des cieux et Eloqim de la terre... ». Avraham a voulu ainsi signifier la chose suivante : « Maintenant, Il est le Eloqim du ciel et de la terre, car j’ai habitué les créatures à proclamer Son nom. En revanche, lorsqu’Il m’a fait quitter la maison de mon père, Il était bien le Dieu du ciel, mais pas celui de la terre. Car les hommes ne Le connaissaient pas et Son nom n’était pas couramment répandu sur la terre » (Beréchith raba 59)

De la maison de mon père

De ‘Haran

Et du pays de mon engendrement

De Our-Kasdim

Et qui m’a parlé

Le mot li (« à moi ») veut dire : « à mon sujet », tout comme le mot ‘alaï dans : « afin que Hachem accomplisse la parole qu’Il a dite “à mon sujet” (‘alaï) » (I Melakhim 2, 4). De même, toutes les fois que le verbe dabèr est suivi de li (« à moi »), lo (« à lui ») ou lahem (« à eux »), cela veut dire : « à mon sujet », « à son sujet » ou « à leur sujet », et c’est ainsi que traduit le Targoum. Pour dire : « parler à quelqu’un », on n’emploie pas li, lo, ou lahem, mais élaï, élaw ou aléhem. En revanche, le verbe amor (« dire ») est suivi de la préposition le lorsqu’il exprime l’idée de « dire à quelqu’un »

Et qui m’a juré

Lors de l’alliance entre les morceaux (Beréchith raba 59, 10)

24,8
Que si cette femme ne consent pas à te suivre, tu seras dégagé du serment que je t'impose. Mais en aucune façon n'y ramène mon fils."
Tu seras quitte de mon serment

Et tu lui prendras une femme parmi les filles de ‘Anér, Echkol et Mamré (Qiddouchin 51a)

Seulement n’y ramène pas mon fils

Le mot raq (« seulement ») comporte un sens restrictif. Mon fils ne retournera pas, mais Ya’aqov, mon petit-fils, finira par y retourner

24,9
Le serviteur posa sa main sous la hanche d'Abraham, son maître et lui prêta serment à ce sujet.
24,10
Le serviteur prit dix chameaux parmi les chameaux de son maître et partit, chargé de ce que son maître avait de meilleur. II s'achemina vers Aram Double Fleuve, du côté de la ville de Nahor.
Parmi les chameaux de son maître

Ils se distinguaient des autres chameaux en ce qu’ils sortaient muselés pour qu’ils ne puissent voler et qu’ils n’aillent pas brouter dans les champs d’autrui (Beréchith raba 59, 10, Pirqé deRabi Eli‘èzèr 16)

Tous les biens de son maître étant en sa main

Avraham avait rédigé au profit de Yits‘haq un acte de donation de tout ce qui lui appartenait, afin de les décider à lui envoyer leur fille (Beréchith raba 59)

Aram-Naharayim (littéralement : « Aram des deux fleuves »)

Elle était située entre deux fleuves, [l’Euphrate et le Tigre]

24,11
II fit reposer les chameaux hors de la ville, près de la fontaine; c'était vers le soir, au temps où les femmes viennent puiser de l'eau.
Il fit s’agenouiller les chameaux

Il les fit s’accroupir (Beréchith raba 59, 11)

24,12
Et il dit: "Seigneur, Dieu de mon maître Abraham! daigne me procurer aujourd'hui une rencontre et sois favorable à mon maître Abraham.
24,13
Voici, je me trouve au bord de la fontaine et les filles des habitants de la ville sortent pour puiser de l'eau.
24,14
Eh bien! la jeune fille à qui je dirai: ‘Veuille pencher ta cruche, que je boive’ et qui répondra: ‘Bois, puis je ferai boire aussi tes chameaux’, puisses-tu l'avoir destinée à ton serviteur Isaac et puissé-je reconnaître par elle que tu t'es montré favorable à mon maître!"
C’est elle que tu auras destinée

Elle sera digne de lui, car elle sera charitable, et elle méritera d’entrer dans la maison d’Avraham. Le sens du verbe est « prouver par un choix », en français médiéval : « aprover »

Et je saurai par elle

C’est une prière : « fais-moi savoir par elle »

Que tu as agi avec bonté

Si elle appartient à sa famille et si elle lui convient, « je saurai que tu as agi avec bonté »

24,15
II n'avait pas encore fini de parler, que voici venir Rébecca, la fille de Bathuel, fils de Milka, épouse de Nahor, frère d'Abraham, sa cruche sur l'épaule.
24,16
Cette jeune fille était extrêmement belle; vierge, nul homme n'avait encore approché d'elle. Elle descendit à la fontaine, emplit sa cruche et remonta.
Vierge

A l’endroit de l’hymen

Et nul homme ne l’avait connue

Par des rapports anormaux. Car les filles des peuples païens préservaient l’endroit de leur virginité et se prostituaient par un autre endroit. Le texte témoigne ici de sa parfaite pureté (Beréchith raba 60, 5)

24,17
Le serviteur courut au-devant d'elle et dit: "Laisse-moi boire, s'il te plaît, un peu d'eau à ta cruche."
Le serviteur courut à sa rencontre

Parce qu’il avait vu que l’eau montait vers elle (Beréchith raba)

Fais-moi boire

Ce mot désigne la gorgée que l’on avale. En français : « humer »

24,18
Elle répondit: "Bois, seigneur." Et vite elle fit glisser sa cruche jusqu'à sa main et elle lui donna à boire.
Elle fit abaissa sa cruche

De son épaule

24,19
Après lui avoir donné à boire, elle dit: "Pour tes chameaux aussi je veux puiser de l'eau, jusqu'à ce qu'ils aient tous bu."
Jusqu’à ce qu’ils aient fini de boire

La conjonction im (« si ») a ici le sens de achèr (« que »)

Jusqu’à ce qu’ils aient fini de boire

Le Targoum traduit par : « lorsqu’ils eurent assez », c’est-à-dire lorsqu’ils eurent bu à suffisance, ce qui est une manière de « finir de boire »

24,20
Et elle se hâta de vider sa cruche dans l'abreuvoir, courut de nouveau à la fontaine pour puiser et puisa ainsi pour tous les chameaux.
Elle vida

Dans le sens de « verser ». Ce mot est souvent employé dans le langage de la michna, comme dans : « celui qui vide d’un récipient dans un autre » (‘Avoda Zara 72a), ainsi que dans le texte biblique, comme dans : « ne vide pas mon âme » (Tehilim 141, 8), ou dans : « parce qu’il a vidé (dans le sens de : « abandonner ») son âme à la mort » (Yecha’ya 53, 12)

L’abreuvoir

Une pierre creuse dans laquelle boivent les chameaux

24,21
Et cet homme, émerveillé, la considérait en silence, désireux de savoir si l'Éternel avait béni son voyage ou non.
Etonné (michtaé)

Ce mot exprime la stupéfaction, comme dans : « dans les villes désolées... la terre sera stupéfaite (tichaè) de désolation » (Yecha’ya 6, 11)

Etonné (michtaé

Il était stupéfait et interdit de voir sa parole sur le point de se réaliser. Mais il ne savait pas si elle appartenait ou non à la famille d’Avraham. Le mot michtaé est la forme hithpa’él de la racine chao. Il n’y a donc pas lieu de s’étonner de la présence de la lettre taw. En effet, lorsque l’on conjugue au hithpa‘él un verbe dont la première lettre du radical est un chin, le taw caractéristique de ce mode vient s’insérer entre les deux premières lettres de ce radical. Exemples : michtolél, [de la racine chalol], hichtomém, [de la racine chamom], ou encore : « les lois de ‘Omri seront observées (wiyichtammér, de la racine chamor) » (Mikha 6, 16). Ici aussi, michtaé est de la même racine que tichaè. Et de même que l’on trouve le mot mechoumam (de la racine chamom) appliqué à un homme frappé d’étonnement, restant muet et plongé dans ses pensées, comme dans : « ceux qui viendront après lui seront frappés de stupeur (nachammou) » (Iyov 18, 20), ou dans : « cieux, soyez stupéfaits (chommou) » (Yirmeya 2, 12), ou dans : « il est resté pendant environ une heure plongé dans la stupeur (èchtomam) » (Daniel 4, 16), de même peut-on interpréter le mot michtaé comme s’appliquant à un homme frappé d’étonnement et plongé dans ses pensées. Et le Targoum Onqelos fait dériver ce mot de la racine chaho (« attendre ») : « il restait là sur place, attendant de voir si Hachem avait fait réussir son entreprise ». Il ne faut pas, en tous cas, le traduire par « boire » (chato), car ce serait un contresens, et la présence du alèf ne s’expliquerait pas

Etonné à son sujet

Comme dans : « dis de moi : il est mon frère » (supra 20, 13). De même : « les hommes de l’endroit demandèrent au sujet de sa femme » (infra 26, 7), [où la préposition constituée par la lettre lamèd a le sens de « au sujet de »]

24,22
Lorsque les chameaux eurent fini de boire, cet homme prit une boucle en or, du poids d'un béka et deux bracelets pour ses bras, du poids de dix sicles d'or;
Bèqa’

Allusion aux chèqel d’Israël, qui seront versés à raison d’un bèqa’ par tête (Chemoth 28, 26)

Et deux bracelets (tsemidim)

Allusion aux deux tables de la loi, qui étaient jumelées (metsoumadoth)

Du poids de dix pièces d’or

Allusion aux dix commandements qui y seront inscrits (Beréchith raba 60, 6)

24,23
et il dit: "De qui es-tu fille? daigne me l'apprendre. Y a-t-il dans la maison de ton père de la place pour nous loger?"
Il dit : De qui es-tu la fille ?

C’est après lui avoir offert ces cadeaux qu’il lui pose la question. Il était sûr que, par le mérite d’Avraham, le Saint béni soit-Il allait faire réussir son entreprise

Pour passer la nuit (lalin)

Pour passer une seule nuit. Le mot lin est un substantif, et elle répondra : laloun (verset 25) : « pour y passer plusieurs nuits »

24,24
Elle lui répondit: "Je suis la fille de Bathuel, fils de Milka, qui l'a enfanté à Nahor;"
La fille de Bethouel

Elle commence par répondre à la première question, puis à la seconde

24,25
Elle lui dit encore: "II y a chez nous de la paille et du fourrage en abondance et de la place pour loger."
Et du fourrage

Tout ce qui sert à la nourriture des chameaux est appelée mispo, comme la paille et l’orge

24,26
L'homme s'inclina et se prosterna devant l'Éternel
24,27
et iI dit: "Beni soit l’Éternel, Dieu de mon maître Abraham, qui n’a pas retiré sa faveur et sa fidélité à mon maître!"
En chemin

Le chemin qui est le bon, le chemin droit, le chemin dont j’avais besoin. Toutes les fois que l’on trouve en tête d’un nom les lettres beith, lamèd ou hé ponctuées d’un pata‘h, cela indique que l’on parle d’une chose déjà mentionnée ailleurs, ou dont l’identification ne fait pas de doute

24,28
La jeune fille courut dans la chambre de sa mère et raconta ces choses.
Dans la maison de sa mère

Les femmes avaient l’habitude de disposer d’une maison où elles se tenaient pour faire leur travail, et une fille ne se confie qu’à sa mère (Beréchith raba 60, 7)

24,29
Or, Rébecca avait un frère nommé Laban. Laban accourut auprès de l'homme qui se tenait dehors, près de la fontaine.
Lavan courut

Pourquoi a-t-il couru et en vue de quoi ? « Lorsqu’il vit l’anneau... », il s’est dit que c’était un homme riche et il a été attiré par son argent

24,30
Lorsqu'il vit la boucle et les bracelets aux bras de sa sœur; lorsqu'il entendit sa sœur Rébecca dire: "Ainsi m'a parlé cet homme", il était allé vers lui. Celui-ci attendait près des chameaux, au bord de la fontaine.
Près des chameaux

Pour les garder. Comme dans : « il se tenait auprès d’eux » (supra 18, 8), pour les servir, [la préposition ‘al soulignant un acte de service]

24,31
Laban lui dit: "Viens, bien-aimé du Seigneur! pourquoi restes-tu dehors, lorsque j'ai préparé la maison et qu'il y a place pour les chameaux?"
J’ai nettoyé la maison

De toute idole (Beréchith raba 60, 8)

24,32
L'homme entra dans la maison et déchargea les chameaux; on apporta de la paille et du fourrage pour les chameaux et de l'eau pour laver ses pieds et les pieds des hommes qui l'accompagnaient.
Il déchargea les chameaux

Il a détaché leurs muselières, qu’il avait fixées pour qu’ils n’aillent pas brouter dans les champs d’autrui

24,33
On lui servit à manger; mais il dit: "Je ne mangerai point, que je n'aie dit ce que j'ai à dire." On lui répondit: "Parle."
Jusqu’à ce que j’aie dit

La conjonction im équivaut ici à achèr ou à ki, comme dans : « jusqu’à (‘ad ki) ce que vienne Chilo » (infra 49, 10). Et c’est ce qu’ont dit nos Sages, de mémoire bénie : ki peut avoir quatre sens : l’un d’eux équivaut au mot araméen i qui correspond à l’hébreu im (Roch haChana 3a. Voir Rachi sous supra 18, 15)

24,34
Et il dit: "Je suis le serviteur d'Abraham.
24,35
L'Éternel a béni grandement mon maître, de sorte qu'il est devenu puissant: il lui a accordé menu et gros bétail, argent et or, esclaves mâles et femelles, chameaux et ânes.
24,36
Sara, l'épouse de mon maître, a enfanté, vieille déjà, un fils à mon maître; celui-ci lui a fait don de tous ses biens.
Il lui a donné tout ce qu’il a

Il leur a montré l’acte de donation (Pirqé deRabi Eli‘èzèr 16)

24,37
Or, mon maître m'a adjuré en disant: ‘Tu ne prendras point une épouse à mon fils parmi les filles des Cananéens, dans le pays desquels je réside.
Tu ne prendras pas une femme à mon fils parmi les filles kena‘anies

A moins que tu ne sois allé au préalable dans la maison de mon père et que la jeune fille n’accepte pas de te suivre

24,38
Non; mais tu iras dans la maison de mon père, dans ma famille et là tu choisiras une épouse à mon fils.’
24,39
Et je dis à mon maître ‘Peut-être cette femme ne me suivra-t-elle pas?’
Peut-être la femme ne viendra-t-elle pas après moi

Le mot oulaï (« peut-être ») est écrit ici sans waw, de sorte qu’on peut le lire : élaï (« vers moi »). Eli‘èzèr avait une fille, et il cherchait à préparer Avraham à se tourner vers lui pour la faire épouser par Yits‘haq. Avraham lui a dit : « Mon fils est béni et toi, tu es maudit. Or, le maudit ne peut s’unir au béni ! » (Beréchith raba 59)

24,40
Il me répondit: ‘L'Éternel, dont j'ai toujours suivi les voies, placera son envoyé à tes côtés et il fera prospérer ton voyage et tu prendras une femme pour mon fils dans ma famille, au foyer de mon père.
24,41
Alors tu seras libéré de mon serment, puisque tu seras allé dans ma famille; pareillement, s'ils te refusent, tu. seras libéré de ce serment.’
24,42
Or, aujourd'hui, je suis arrivé près de la fontaine et j'ai dit: ‘Éternel, Dieu de mon maître Abraham! veux-tu, de grâce, faire réussir la voie où je marche?
Je suis venu aujourd’hui

Aujourd’hui je suis parti, et aujourd’hui je suis arrivé. De là nous apprenons que la route s’est « rétrécie » (Sanhèdrin 95a). Rabi A‘ha dit : la conversation des serviteurs des patriarches est plus chère à Dieu que la Tora de leurs enfants. En effet, le récit de Eli‘èzèr est répété deux fois, tandis que de nombreuses prescriptions essentielles de la Tora ne sont signalées que par allusion

24,43
Eh bien! je suis arrêté au bord de cette fontaine: s'il arrive qu'une jeune fille vienne pour puiser, que je lui dise: ‘Donne moi, je te prie, à boire un peu d'eau de ta cruche’
24,44
et qu'elle me réponde: ‘Non seulement bois toi-même, mais pour tes chameaux aussi je veux puiser’, que ce soit là la femme que l'Éternel agrée pour le fils de mon maître.
Toi aussi

Y compris les hommes qui étaient avec lui

Destine

Il a choisi et fait connaître Son choix. Cette forme verbale (hiph‘il de yokha‘h) signifie toujours « établir clairement par un choix »

24,45
Je n'avais pas encore achevé de parler en moi-même, voici que Rébecca s'est approchée, sa cruche sur l'épaule; elle est descendue à la fontaine et a puisé et je lui ai dit: ‘Donne-moi, s'il te plait à boire.’
Je n’avais pas encore achevé

Le verbe est au futur, et veut dire : « avant que j’aie achevé », alors que l’action est au présent. Il arrive qu’une action au présent s’exprime par un temps passé, et le texte aurait pu dire : « je n’avais pas encore achevé », avec le verbe au passé. Il arrive aussi qu’elle s’exprime par un temps futur, comme dans : « Car Iyov se disait (le verbe amar étant au passé)... c’est ainsi qu’agissait Iyov » (alors que le verbe ya’assè est au futur) (Iyov 1, 5), les deux verbes, selon le contexte, exprimant une action au présent puisque Iyov se disait : « peut-être mes enfants ont-ils commis quelque péché », et c’est pourquoi il agissait ainsi [en offrant des sacrifices]

24,46
Aussitôt elle a oté sa cruche de dessus son épaule, en disant: ‘Bois et puis j’abreuverai tes chameaux.’
24,47
Je l’ai interrogée, disant: ‘De qui es-tu fille?’ Elle a répondu: ‘De Bathuel, fils de Nahor, que Milka a enfanté à celui-ci.’ Alors j'ai passé la boucle à ses narines et les bracelets à ses bras.
Je l’ai interrogée... j’ai mis

Il inverse l’ordre des faits, puisqu’il avait d’abord donné et ensuite interrogé. C’est pour qu’ils ne le prennent pas au mot et ne lui disent : « Comment as-tu pu lui donner, alors que tu ne savais pas encore qui elle était ? 

24,48
Et je me suis incliné et prosterné devant l'Éternel; et j'ai béni l'Éternel, Dieu de mon maître Abraham, qui m'a dirigé dans la vraie voie, en me faisant choisir la parente de mon maître pour son fils.
24,49
Et maintenant, si vous voulez agir avec affection et justice envers mon maître, dites-le moi; sinon, dites-le moi, afin que je me dirige à droite ou à gauche."
Vers la droite

Chez les filles de Yichma‘el

Vers la gauche

Chez les filles de Lot, qui demeurait à la gauche d’Avraham (Beréchith raba 60, 9)

24,50
Pour réponse, Laban et Bathuel dirent: "La chose émane de Dieu même! nous ne pouvons te répondre ni en mal ni en bien.
Répondit Lavan

Lavan, qui était un impie, s’est dépêché de répondre avant son père

Nous ne pouvons te parler

Nous ne pouvons te refuser cette chose, ni en t’opposant de mauvaises raison, ni en en faisant valoir de bonnes. Il est en effet, selon tes propres paroles, que « la chose émane de Eloqim », et que c’est Lui qui l’a mise sur ton chemin

24,51
Voici Rébecca à ta disposition, prends-la et pars; et qu'elle soit l'épouse du fils de ton maître, comme l'a décidé l'Éternel."
24,52
Le serviteur d'Abraham, ayant entendu leurs paroles, se prosterna à terre en l'honneur de l'Éternel;
Il se prosterna à terre

D’où l’on apprend qu’il faut remercier Dieu pour une bonne nouvelle

24,53
puis il étala des bijoux d'argent, des bijoux d'or et des parures, les donna à Rébecca et donna des objets de prix à son frère et à sa mère.
Des objets précieux (miguedanoth)

Ce mot désigne, comme megadim dans Chir hachirim (7, 14), des fruits délicats qu’il avait emportés d’Erets Israël (Beréchith raba 60, 11)

24,54
Ils mangèrent et burent, lui et les gens qui l'accompagnaient et passèrent la nuit en ce lieu; quand ils furent levés le lendemain, il dit "Laissez-moi retourner chez mon maître."
Ils passèrent la nuit

Toute lina (« nuitée ») indiquée dans le texte désigne une seule nuit

24,55
Le frère et la mère de Rébecca répondirent: "Que la jeune fille reste avec nous quelque temps, au moins une dizaine de jours, ensuite elle partira."
Son frère dit

Et Bethouel, où était-il ? Il voulait empêcher le départ de sa fille. Aussi un ange est-il venu le faire mourir (Beréchith raba 60, 12)

Quelques jours (yamim)

Une année, comme dans : « pendant une année pleine (yamim) cette faculté subsistera » (Wayiqra 25, 29), parce qu’on donnait aux jeunes filles un délai de douze mois pour préparer leur trousseau (Ketouvoth 57b)

Ou une dizaine

Dix mois. Et si tu soutiens qu’il s’agit vraiment de « jours », je te répondrai qu’il n’est pas d’usage, quand on demande quelque chose, de commencer par modérer ses exigences pour les augmenter ensuite en cas de refus

24,56
II leur répliqua: "Ne me retenez point, puisque Dieu a fait réussir mon voyage; laissez-moi partir, que je retourne chez mon maître."
24,57
Ils dirent: "Appelons la jeune fille et demandons son avis."
Et interrogeons sa bouche

D’où nous apprenons que l’on ne marie une femme qu’avec son consentement

24,58
ils appelèrent Rébecca et lui dirent "Pars-tu avec cet homme?" Elle répondit: "Je pars"
Elle dit : J’irai

De mon propre chef, et même si vous ne le voulez pas

24,59
ils laissèrent partir Rébecca leur sœur et sa nourrice, le serviteur d'Abraham et ses gens.
24,60
Et ils bénirent Rébecca en lui disant "Notre sœur! puisses-tu devenir des milliers de myriades! et puisse ta postérité conquérir la porte de ses ennemis!" . .
Puisses-tu devenir des milliers de myriades

Puisses-tu, avec ta descendance, recevoir la même bénédiction que celle donnée à Avraham au Mont Moria : « je multiplierai à profusion ta descendance » (supra 22, 17). Dieu veuille que cette descendance soit de toi et pas d’une autre femme

24,61
Rébecca et ses suivantes se levèrent, se placèrent sur les chameaux et suivirent cet homme; le serviteur emmena Rébecca et partit.
24,62
Or, Isaac revenait de visiter la source du Vivant qui me voit; il habitait la contrée du Midi.
Venait d’arriver au puits du « vivant de ma vision »

Il était allé ramener Hagar chez Avraham, son père, pour qu’il l’épouse (Beréchith raba 60, 14)

Et il habitait dans le pays du sud

Près de ce puits, ainsi qu’il est écrit : « Avraham partit de là pour la contrée du sud. Il s’installa entre Qadéch et entre Chour » (supra 20, 1). Et c’est là que se trouvait le puits, ainsi qu’il est écrit : « il se trouve entre Qadéch et entre Bèrèd » (supra 16, 14)

24,63
Isaac était sorti dans les champs pour se livrer à la méditation, à l'approche du soir. En levant les yeux, il vit que des chameaux s'avançaient.
Pour prier (lassoua‘h)

Ce mot a le sens de « prier » (Berakhoth 26b, Beréchith raba 60, 14), comme dans : « il épanche sa prière (si‘ho) » (Tehilim 102, 1)

24,64
Rébecca, levant les yeux, aperçut Isaac et se jeta à bas du chameau;
Elle vit Yits‘haq

Elle l’a trouvé si beau qu’elle en est restée saisie

Elle se jeta

Elle s’est laissée glisser à terre (Beréchith raba 60, 15), comme le traduit le Targoum. Elle s’est penchée vers le sol, mais elle n’est pas arrivée jusqu’à terre. De même : « veuille pencher ta cruche » (verset 14), ou : « Il incline les cieux » (Tehilim 18, 10), pareillement traduits dans le Targoum. On retrouve la même idée dans : « s’il tombe, il ne reste pas terrassé » (Tehilim 37, 24), c’est-à-dire que l’homme intègre trébuche vers la terre, mais sans y tomber

24,65
et elle dit au serviteur: "Quel est cet homme, qui marche dans la campagne à notre rencontre?" Le serviteur répondit: "C'est mon maître." Elle prit son voile et s'en couvrit.
Elle se couvrit

Le verbe est au hithpa’él, avec un sens passif, comme dans : « elle fut enterrée (watiqavér) » (infra 35, 8), « elle se brisa (watichavér) » (I Chemouel 4, 18)

24,66
Le serviteur rendit compte à Isaac de tout ce qu'il avait fait.
Le serviteur raconta

Il lui a rapporté les miracles dont il avait bénéficié, à savoir le « rétrécissement » de la route (Beréchith raba 60, 15) et l’apparition de Rivqa suite à sa prière

24,67
lsaac la conduisit dans la tente de Sara sa mère; il prit Rébecca pour femme et il l'aima et il se consola d’avoir perdu sa mère.
Dans la tente de Sara sa mère

Il l’a conduite dans la tente, et elle a pris la ressemblance de Sara, sa mère, c’est-à-dire qu’elle est devenue aussitôt comme Sara, sa mère. Aussi longtemps que Sara était en vie, une lumière était allumée de chaque veille de chabath à la suivante, la pâte qu’elle pétrissait était bénie, et une nuée était fixée au-dessus de la tente. Tout cela a cessé à sa mort, pour reprendre à l’arrivée de Rivqa (Beréchith raba 60, 16)

De sa mère

Il est naturel que tant qu’un homme a sa mère, elle soit tout pour lui, et qu’à sa mort sa femme soit sa consolation (Pirqé deRabi Eli‘èzèr 32)

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