L'Éternel se révéla à lui dans les plaines de Mamré, tandis qu'il était assis à l'entrée de sa tente, pendant la chaleur du jour.
Hachem lui apparut
Pour rendre visite au malade (Sota 14a). Rabi ‘Hama bar ‘Hanina a enseigné : On était au troisième jour après la circoncision, et le Saint béni soit-Il lui est venu prendre de ses nouvelles (Baba Metsi‘a 86b)
Dans les plaines de Mamré
C’est Mamré qui l’avait conseillé à propos de la circoncision. Aussi est-ce sur ses terres que Dieu S’est révélé à Avraham (Beréchith raba 42, 8)
Et il était assis
Le mot yochév est écrit sans waw, et peut donc se lire yachav (« il s’est assis »). Avraham a voulu se lever, mais le Saint béni soit-Il lui a dit : « Assieds-toi, et moi, je resterai debout. Tu es la personnification de tes enfants : Je me tiendrai debout dans l’assemblée des juges, et eux resteront assis, ainsi qu’il est écrit (Tehilim 82, 1) : “Dieu se tient debout dans l’assemblée divine” » (Beréchith raba 48, 7, Chevou‘oth 30b)
A l’entrée de la tente
Pour voir s’il viendrait à passer des gens qu’il pourrait inviter à entrer chez lui
Pendant la chaleur du jour
Le Saint béni soit-Il avait dégagé le soleil de son écrin, afin de lui épargner la fatigue causée par la présence d’invités. Mais quand Il a vu que leur absence lui causait de la peine, Il lui a envoyé des anges à forme humaine (Baba Metsi‘a 86b)
18,2
Comme il levait les yeux et regardait, il vit trois personnages debout prés de lui. En les voyant, il courut à eux du seuil de la tente et se prosterna contre terre.
Et voici trois hommes
L’un pour annoncer la bonne nouvelle à Sara, un autre pour détruire Sedom, et un troisième pour guérir Avraham. Car le même messager n’est jamais chargé de deux missions différentes (Beréchith raba 50, 2). La preuve en est que, dans tout le présent chapitre, on parle d’eux au pluriel : « “ils” mangèrent » (verset 8), « “ils” lui dirent » (verset 9). Il est écrit, en revanche, à propos de la bonne nouvelle : « “je” reviendrai vers toi » (verset 10), et au sujet de la destruction de Sedom : « car “je” ne pourrai rien faire avant que tu n’y sois arrivé » (infra 19, 22). Quant à Rafael qui a guéri Avraham, il s’en est allé pour sauver Lot, ainsi qu’il est écrit : « lorsqu’ils les eurent conduits dehors, il lui dit : sauve ta vie ». D’où il résulte que c’est le même ange qui les a sauvés, [la mission de guérir et celle de sauver étant de même nature] (Beréchith raba 50)
Debout sur lui
Devant lui. Mais il est plus correct de s’exprimer ainsi, s’agissant d’anges
Il vit
Pourquoi deux fois le mot wayar (« il vit ») ? La première fois est à prendre au sens propre, la seconde dans le sens de « compréhension » : Il a vu qu’ils restaient debout à la même place, et il a compris qu’ils ne voulaient pas le fatiguer. Ils savaient, certes, qu’il allait venir à leur rencontre, mais ils sont restés à leur place en son honneur, pour lui montrer qu’ils ne voulaient pas le fatiguer. C’est alors qu’il a pris les devants et qu’il a couru à leur rencontre. La guemara (Baba Metsi‘a 86b) fait remarquer qu’il est d’abord écrit : « debout sur lui », et ensuite : « il courut à leur rencontre ». Lorsqu’ils l’ont vu en train de défaire et de refaire son pansement, ils se sont éloignés. C’est alors qu’il « a couru à leur rencontre »
18,3
Et il dit: "Seigneur, si j'ai trouvé grâce à tes yeux, ne passe pas ainsi devant ton serviteur!
Il dit : Seigneur (adonaï – littéralement : « mes seigneurs »)
C’est au plus grand d’entre eux qu’il s’est adressé. Il les a appelés tous « seigneurs », et au plus grand il dit : « ne passe pas ainsi ». Si celui-ci « ne passe pas », ses compagnons resteront avec lui. Le mot adonaï (« mes seigneurs ») a ici le sens profane de « messieurs » (Chevou‘oth 35b). Autre explication : Le mot a un sens sacré, et c’est à Dieu que s’adresse Avraham. Il demande au Saint béni soit-Il d’attendre qu’il ait fini de courir pour accueillir ces gens de passage. Il est vrai que cette demande figure après le « il courut à leur rencontre » du verset précédent, mais elle a eu lieu avant. Le texte s’exprime souvent de cette manière, ainsi que je l’ai expliqué à propos de : « mon esprit ne plaidera plus éternellement pour l’homme » (supra 6, 3), parole rapportée après le récit de la naissance des fils de Noa‘h (supra 5, 32). Or, la décision prise par Dieu de détruire le monde a précédé de vingt ans la naissance des fils de Noa‘h. Les deux explications du mot adonaï figurent dans Beréchith raba (Beréchith raba 48, 10)
18,4
Qu'on aille quérir un peu d'eau; lavez vos pieds et reposez-vous sous cet arbre.
Qu’on aille prendre
Le verbe est employé ici au passif, l’action étant faite par un messager. Le Saint béni soit-Il a rendu par la suite à Ses enfants, mesure pour mesure, cette fourniture d’eau par un messager, ainsi qu’il est écrit : « Mochè leva la main, et il frappa le rocher de sa verge par deux fois. Il en sortit de l’eau en abondance » (Bamidbar 20, 11), [Mochè ayant alors procuré de l’eau à tout Israël] (Baba Metsi‘a 86b)
Lavez-vous les pieds
Comme il pensait avoir affaire à des Arabes, adorateurs de la poussière de leurs pieds (Beréchith raba 50, 4), il a pris garde à ne pas introduire d’objet d’idolâtrie dans sa maison. Son neveu Lot, en revanche, qui n’était pas aussi attentif, leur a parlé d’abord de passer la nuit, puis de se laver, ainsi qu’il est écrit : « passez-y la nuit, et lavez vos pieds » (infra 19, 2)
Sous l’arbre
Le mot ‘ets est à traduire par « arbre », [et non par « bois »]
18,5
Je vais apporter une tranche de pain, vous réparerez vos forces, puis vous poursuivrez votre chemin, puisque aussi bien vous avez passé près de votre serviteur." Ils répondirent: "Fais ainsi que tu as dit".
Vous restaurerez votre cœur
Nous lisons tant dans la Tora que dans les Neviim (« Prophètes ») et les Kethouvim (« Hagiographes ») que le pain restaure le cœur. Il est écrit dans la Tora : « vous restaurerez votre cœur ». Dans les Neviim : « restaure ton cœur d’un morceau de pain » (Choftim 19, 5). Et dans les Kethouvim : « le pain restaure le cœur de l’homme » (Tehilim 104, 15). Rabi ‘Hama a enseigné : Il n’est pas écrit levavkhem, mais libekhem, pour t’apprendre que les anges ne sont pas dominés par le penchant au mal, [le double beith de levavkhem symbolisant le double penchant, au bien comme au mal] (Beréchith raba 48, 11)
Après quoi vous poursuivrez votre chemin
Ensuite vous partirez
Puisqu’aussi bien
C’est ce que je vous demande, du moment que vous êtes passés chez moi pour m’honorer. L’expression ki ‘al kén a la même signification que ‘al achèr (« à cause de »), comme chaque fois qu’elle est employée dans le texte : « puisque aussi bien ils sont venus à l’ombre de mon toit » (infra 19, 8), « car c’est pour cela que (ki ‘al kén) j’ai vu ta face comme on voit la face de Eloqim » (infra 33, 10), « puisque aussi bien (ki ‘al kén) je ne l’ai pas donnée à Chéla mon fils » (infra 38, 26), « puisqu’aussi bien (ki ‘al kén) Tu connais les lieux où nous campons » (Bamidbar 10, 31)
L’expression "ki ‘al kén"
L’expression ki ‘al kén a la même signification que ‘al achèr (« à cause de »), comme chaque fois qu’elle est employée dans le texte : « puisque aussi bien ils sont venus à l’ombre de mon toit » (infra 19, 8), « car c’est pour cela que (ki ‘al kén) j’ai vu ta face comme on voit la face de Eloqim » (infra 33, 10), « puisque aussi bien (ki ‘al kén) je ne l’ai pas donnée à Chéla mon fils » (infra 38, 26), « puisqu’aussi bien (ki ‘al kén) Tu connais les lieux où nous campons » (Bamidbar 10, 31)
18,6
Abraham rentra en hâte dans sa tente, vers Sara et dit: "Vite, prends trois mesures de farine de pur froment, pétris-la et fais-en des gâteaux."
De farine
La farine pour des gâteaux, et le pur froment pour en faire la pâte dont les cuisiniers couvraient les récipients afin de retenir l’écume [qui remonte à la surface] (Baba Metsi‘a 86b)
18,7
Puis, Abraham courut au troupeau, choisit un veau tendre et gras et le donna au serviteur, qui se hâta de l'accommoder.
Un jeune taureau tendre et bon
Ils étaient trois taureaux, afin qu’ils puissent manger trois langues assaisonnées à la moutarde (Baba Metsi‘a 86b)
Au jeune homme
C’était Yichma‘el, pour l’initier aux mitswoth, [en l’occurrence à celle de l’hospitalité] (Beréchith raba 48, 13)
18,8
Il prit de la crème et du lait, puis le veau qu'on avait préparé et le leur servit: il se tenait devant eux, sous l'arbre, tandis qu'ils mangeaient.
Il prit de la crème
Il n’a cependant pas apporté pas de pain, parce que la pâte était devenue impure, Sara ayant recommencé, ce jour-là, à avoir ses règles (Beréchith raba 48, 14, Baba Metsi‘a 87a)
De la crème
La crème du lait qu’on enlève à la surface
Et le jeune taureau qu’on avait préparé
Qu’il avait préparé. Au fur et à mesure qu’il avait préparé un plat, il le leur servait (Baba Metsi‘a 86b)
Ils mangèrent
Ils ont fait semblant de manger. D’où l’on déduit que l’on ne doit pas s’écarter de la coutume du lieu où l’on se trouve (ibid.)
18,9
Ils lui dirent: "Où est Sara, ta femme?" Il répondit: "Elle est dans la tente."
Ils lui dirent
Les lettres alef, yod et waw du mot élaw (« à lui ») sont surmontées d’un point. Rabi Chim‘on ben El‘azar a enseigné (Beréchith raba 48, 15) : Toutes les fois que, dans un mot, les lettres non pointées sont majoritaires, c’est elles qu’il faut interpréter. Ici, où ce sont les lettres pointées qui sont les plus nombreuses, c’est elles que tu devras interpréter, à savoir qu’à Sara aussi ils ont demandé où était (ayo) Avraham. Ce qui nous enseigne une règle de politesse : Lorsqu’on est reçu chez quelqu’un, on doit demander au mari des nouvelles de sa femme, et à la femme des nouvelles de son mari. La guemara (Baba Metsi‘a 87a) souligne que les anges savaient, certes, où était Sara, notre mère, mais qu’ils ont voulu mettre sa discrétion en évidence, afin de la rendre plus chère à son mari. Rabi Yossi bar ‘Hanina a enseigné : c’était pour lui envoyer la coupe de vin qui a accompagné la bénédiction après le repas
Elle est dans la tente
Elle est discrète
18,10
L'un d'eux reprit: "Certes, je reviendrai à toi à pareille époque et voici, un fils sera né à Sara, ton épouse." Or, Sara l'entendait à l'entrée de la tente qui se trouvait derrière lui.
Je reviendrai (chov achouv – littéralement : « revenir
L’ange ne lui annonce pas son propre retour, mais il se fait le porte-parole de Dieu. Autres exemples [de la même forme répétitive d’un verbe utilisée dans le même sens] : « l’ange de Hachem lui dit : je multiplierai beaucoup (harba arbè – littéralement : “multiplier, je multiplierai”) ta descendance » (supra 16, 10). Un ange n’a pas le pouvoir de multiplier une descendance, mais il le lui dit en tant que messager de Dieu. Il en est de même dans les propos tenus par Elicha à la Chounamite : « A pareille époque, au retour de cette saison, tu serreras un fils dans tes bras. Elle répondit : Ah ! mon seigneur, homme de Dieu, ne trompe pas ta servante ! » (II Melakhim 4, 16). Les anges qui avaient annoncé la nouvelle à Sara ont dit : « Je reviendrai ». Quant à Elicha, il a dit : « Les anges qui sont éternellement vivants ont dit : Je reviendrai ! Tandis que moi, qui suis un être de chair et de sang, aujourd’hui vivant, demain mort, que je sois vivant ou que je sois mort à pareille époque, tu serreras un fils dans tes bras... » (Beréchith raba 53, 20)
A pareille époque
A cette même époque, l’année prochaine. On était à Pessa‘h, et c’est à Pessa‘h qu’est né Yits‘haq (Séder ‘olam 5). Le texte ne porte pas ke‘éth (« à une époque »), mais ka‘éth (« à cette époque précise »)
A pareille époque (littéralement : « à cette époque vivante »)
A pareille époque où tu seras vivante, où vous serez tous vivants et en bonne santé
Qui était derrière lui
La porte était derrière l’ange
18,11
Abraham et Sara étaient vieux, avancés dans la vie; le tribut périodique des femmes avait cessé pour Sara.
Avait cessé
Avait cessé pour elle
Le cycle des femmes
Le cycle de l'impureté des femmes avait cessé pour elle
18,12
Sara rit en elle-même disant: "Flétrie par l'âge, ce bonheur me serait réservé! Et mon époux est un vieillard!"
En elle-même
Elle « regardait » ses entrailles et se disait : « Est-il possible que ces entrailles portent encore le fardeau d’un nourrisson ? Que ces seins desséchés donnent encore du lait ? » (Midrach tan‘houma Choftim 18)
Ce bonheur
Le mot ‘edna désigne l’éclat de la chair. Il est employé dans la michna (Mena‘hoth 86a) : « On enlève le poil pour rendre son lissé (me‘adén) à la chair ». Autre explication : le mot est apparenté à l’araméen ‘idan (« le temps »), c’est-à-dire l’époque des règles
18,13
Le Seigneur dit à Abraham: "Pourquoi Sara a-t-elle ri, disant: ’Eh quoi! en vérité, j'enfanterais, âgée que je suis!’
Est-ce que vraiment
Est-il vrai que je vais engendrer
Moi qui ai vieilli
Le texte a modifié les paroles de Sara pour préserver la paix du ménage, car elle avait dit, en fait : « et mon mari est vieux » (Baba Metsi‘a 87a, Beréchith raba 48, 18)
18,14
Est-il rien d'impossible au Seigneur? Au temps fixé, à pareille époque, je te visiterai et Sara sera mère".
Est-il rien qui soit difficile
D’après le Targoum : « est-il caché ? » Est-il quoi que ce soit de difficile, d’éloigné et de caché pour moi, que je ne puisse faire selon ma volonté
Au temps fixé
A cette même époque spécifique que je t’ai fixée hier, à cette même époque de l’année prochaine
18,15
Sara protesta, en disant: "Je n'ai point ri"; car elle avait peur. II répondit "Non pas, tu as ri."
Car elle avait peur... tu as ri
On trouve dans ce verset deux fois la conjonction ki. Le premier ki (« car elle avait peur ») a le sens de « car ». Il explique le pourquoi de la chose : Sara a protesté, parce qu’elle avait peur. Quant au second ki, il a le sens de « mais » : « Il répondit : Non ! Ce n’est pas comme tu le dis, mais (ki) tu as effectivement ri ! » Ainsi que l’ont enseigné les rabbins, le mot ki peut avoir quatre significations : « si », « peut-être », « mais » ou « car » (Roch haChana 3a)
18,16
Les hommes se levèrent et fixèrent leurs regards dans la direction de Sodome; Abraham les accompagna pour les reconduire.
Ils regardèrent
Le forme hiph’il du verbe chqf (hachqof) exprime toujours, dans la Tora, une idée péjorative, sauf dans : « jette un regard (hachqifa) du haut des cieux » (Devarim 26, 15), parce que les dons faits aux pauvres ont la propriété de transformer la colère divine en miséricorde
Les raccompagner (lechal‘ham – littéralement : « pour les renvoyer »)
Ce verbe a ici le sens de « raccompagner », Avraham pensant qu’ils étaient des gens de passage
18,17
Or, l'Éternel avait dit:"Tairai-je à Abraham ce que je veux faire?"
Cacherai-je
C’est une question
Ce que je vais faire
A Sedom. Il ne serait pas bien que je le fasse sans qu’il le sache (Midrach tan‘houma 5) : Je lui ai donné ce pays, et ces cinq villes lui appartiennent, ainsi qu’il est écrit : « la frontière du peuple kena‘ani allait depuis Tsidon... dans la direction de Sedom et ‘Amora et Adma et Tsevoyim » (supra 10, 19). Je l’ai appelé « Avraham », à savoir « le père d’une multitude de nations », et j’exterminerais ses enfants sans prévenir leur père qui est mon ami ?
18,18
Abraham ne doit-il pas devenir une nation grande et puissante et une cause de bonheur pour toutes les nations de la terre?
Et Avraham doit devenir
Le midrach applique ici le verset : « Le souvenir du juste est une bénédiction » (Michlei 10, 7). Etant donné qu’Il l’a mentionné, Il l’a béni (Yoma 38b). Et d’après le sens littéral : Le lui cacherais-je ? Il m’est cher au point que je ferai de lui un grand peuple et que tous les peuples de la terre seront bénis par lui
18,19
Si je l'ai distingué, c'est pour qu'il prescrive à ses fils et à sa maison après lui d'observer la voie de l'Éternel, en pratiquant la vertu et la justice; afin que l'Éternel accomplisse sur Abraham ce qu'il a déclaré à son égard."
Car je l’ai distingué (yeda’tiw)
Ce terme exprime l’idée d’affection, comme dans : « connue (moda’) de son mari » (Routh 2, 1), « Bo’az est connu de nous (moda’tanou) » (Routh 3, 2), « et que je t’ai spécialement distingué (waéda‘akha) » (Chemoth 33, 17). Toutefois, le sens premier de ce mot, dans tous ces cas, est « connaître ». Quand on a de l’affection pour quelqu’un, on le rapproche de soi pour mieux le connaître. Et pourquoi Dieu le « connaît »-Il ? C’est « afin qu’il prescrive à ses fils... », parce qu’il ordonnera à ses enfants d’observer ma voie. Et si tu l’expliques selon le Targoum, le texte voudra dire : « je sais qu’il prescrira à ses fils... ». Mais, dans ce cas, la conjonction lema’an (« afin que ») ne se justifie pas
Ordonne (yetsawè)
Le verbe est à la forme fréquentative, comme dans : « c’est ainsi qu’avait l’habitude d’agir (ya‘assè) Iyov » (Iyov 1, 5)
Afin que Hachem amène
C’est ce qu’il prescrira à ses enfants : « gardez la voie de Hachem, afin que Hachem amène sur Avraham... ». [Ce n’est donc plus Dieu qui parle, mais Avraham.] Il n’est pas dit : « sur la maison d’Avraham », mais « sur Avraham ». Cela nous enseigne que celui dont le fils devient un juste est comme s’il ne mourait jamais (Beréchith raba 49, 4)
18,20
L'Éternel dit: "Comme le décri de Sodome et de Gommorrhe est grand; comme leur perversité est excessive,
Hachem dit
A Avraham, faisant ainsi ce qu’Il avait annoncé : ne pas lui cacher ce qu’Il allait faire
Est grand
Chaque fois que l’on trouve dans la Tora le mot rava avec l’accent tonique mis sur la dernière syllabe (va), il veut dire « grand » ou « en train de grandir ». Ici, où l’accent est mis sur l’avant-dernière syllabe (ra), il veut dire : « déjà devenu grand », comme je l’ai expliqué à propos de : « ce fut, le soleil couché » (supra 15, 17), « vois, ta belle-sœur est retournée » (Routh 1, 15)
18,21
je veux y descendre; je veux voir si, comme la plainte en est venue jusqu'à moi, ils se sont livrés aux derniers excès; si cela n'est pas, j'aviserai."
Je vais descendre
C’est pour enseigner aux juges qu’ils ne doivent pas prononcer de peine capitale avant d’avoir « vu » [et approfondi l’objet du litige]. J’ai expliqué tout cela dans le chapitre de la tour de Bavel (supra 11, 5). Autre explication : « Je vais descendre » jusqu’au fond de leurs actes
Si
D’un pays [au féminin en hébreu]
S’ils ont fait entièrement comme le cri est venu jusqu’à moi
S’ils persistent dans leur rébellion, je les exterminerai. Et s’ils ne persistent pas dans leur rébellion, j’aviserai à les punir par des châtiments, mais je ne les anéantirai pas. On trouve dans le même style : « dépose tes ornements, et j’aviserai à ce que je dois te faire » (Chemoth 33, 5). C’est pourquoi les mots ‘assou (« ils ont fait ») et kala (« entièrement », mais aussi : « c’est l’extermination ») sont détachés l’un de l’autre par le signe d’interruption pessiq. Nos rabbins ont interprété l’expression « si comme le cri » comme s’appliquant à la plainte d’une jeune fille torturée et mise à mort pour avoir donné à manger à un pauvre, ainsi qu’il est expliqué au dernier chapitre du traité Sanhèdrin (109b)
18,22
Les hommes quittèrent ce lieu et s'acheminèrent vers Sodome; Abraham était encore en présence du Seigneur.
Les hommes se détournèrent de là
De l’endroit où Avraham les avait accompagnés
Et Avraham était encore debout devant Hachem
Ce n’est pas lui, pourtant, qui s’était levé pour se tenir debout devant Dieu, mais c’est le Saint béni soit-Il qui était venu chez lui pour lui dire : « comme le gémissement de Sedom et de ‘Amora est grand ». Le texte aurait dû donc dire : « et Hachem était encore debout devant Avraham », mais il s’agit là d’une correction des scribes, [destinée à prévenir une éventuelle interprétation irrévérencieuse] (Beréchith raba 49)
18,23
Abraham s'avança et dit: "Anéantirais-tu, d'un même coup, l'innocent avec le coupable?
Avraham s’avança
Nous trouvons trois sortes d’« avancées ». Pour la guerre : « Yoav s’avança » (II Chemouel 10, 13). Pour la réconciliation : « Yehouda s’avança » (infra 44, 18). Et pour la prière : « le prophète Eliyahou s’avança » (I Melakhim 18, 36). Avraham a utilisé tous ces trois moyens : il s’est exprimé avec dureté, il a cherché la conciliation, et il a eu recours à la prière (Beréchith raba 49, 7)
Anéantirais-tu aussi (haaf) le juste avec le scélérat
Af est une conjonction qui veut dire « aussi ». Le Targoum Onqelos le traduit par « colère ». Cela signifierait alors : « Ta colère t’entraînerait-elle à anéantir le juste avec le scélérat ?
18,24
Peut-être y a-t-il cinquante justes dans cette ville: les feras-tu périr aussi et ne pardonneras-tu pas à la contrée en faveur des cinquante justes qui s'y trouvent?
Cinquante justes
A raison de dix justes par ville, puisqu’il y en avait cinq (Targoum yonathan)
18,25
Loin de toi d'agir ainsi, de frapper l'innocent avec le coupable, les traitant tous deux de même façon! Loin de toi! Celui qui juge toute la terre serait-il un juge inique?"
Loin de toi (‘halila)
Et si tu devais m’objecter que les justes ne sauveront pas les scélérats, alors pourquoi ferais-tu mourir les justes
Loin de toi (‘halila)
Le mot ‘halila, comme ‘houlin, signifie : quelque chose de profane, d’indigne de toi (Targoum yonathan). Les gens diront : Et voilà comment Il agit ! Il emporte tout, justes et scélérats ! Ainsi as-tu agi envers la génération du déluge et la génération de la tour de Bavel ! (Midrach tan‘houma Wayéra 8)
De cette manière
Ni cela ni rien qui lui ressemble (Beréchith raba 49, 9)
Loin de toi
Dans le monde futur
Celui qui juge toute la terre
Le hé de hachofét (« celui qui juge ») est ponctué d’un ‘hataf patha‘h (« petit patha‘h »), parce qu’il n’est pas un article, mais un interrogatif : « Est-ce que Celui qui juge toute la terre ne rendrait pas une justice de vérité ? »
18,26
Le Seigneur répondit: "Si je trouve à Sodome au sein de la ville, cinquante justes, je pardonnerai à toute la contrée à cause d’eux"
Si je trouve à Sedom... je pardonnerai à tout l’endroit
A toutes les villes. Etant donné que Sedom était leur capitale et la plus importante de toutes, le texte fait tout dépendre d’elle
18,27
Abraham reprit en disant: "De grâce! j’ai entrepris de parler à mon souverain, moi poussière et cendre!
J’ai osé (hoalti)
J’ai voulu, comme dans : « Mochè consentit (wayoèl) » (Chemoth 2, 21)
Moi
J’aurais déjà dû être réduit en poussière par les rois, et en cendres par Nimrod, si ta miséricorde ne m’avait soutenu (Beréchith raba 49, 11)
18,28
Peut-être à ces cinquante justes, en manquera-t-il cinq: détruirais-tu, pour cinq, une ville entière?" Il répondit: "Je ne sévirai point, si j'en trouve quarante-cinq"
Détruirais-tu
Cela ferait neuf par ville, et toi, le juste du monde, tu te compterais avec eux pour compléter (Targoum yonathan)
18,29
Il insista encore, en lui disant: "Peut-être s'y en trouvera-t-il quarante?" II répondit: "Je m'abstiendrai à cause de ces quarante."
Peut-être se trouvera-t-il là-bas quarante
Qui sauveront quatre villes. De même, trente en sauveront trois, vingt en sauveront deux, et dix en sauveront une
18,30
Il dit: "De grâce, que mon Souverain ne s'irrite point de mes paroles! Peut-être s'en trouvera-t-il trente?" II répondit: "Je m'abstiendrai, si j'en trouve trente"
18,31
II reprit: "De grâce, puisque j'ai osé parler à mon Souverain, peut-être s'en trouvera-t-il vingt?" II répondit: "Je renoncerai à détruire, en faveur de ces vingt." II dit:
18,32
"De grâce, que mon Souverain ne s'irrite pas, je ne parlerai plus que cette fois. Peut-être s'en trouvera-t-il dix?" II répondit: "Je renoncerai à détruire, en faveur de ces dix."
Peut-être s’en trouvera-t-il là-bas dix
Il n’a pas demandé pour moins, car il s’est dit : La génération du déluge ne comptait que huit personnes : Noa‘h, ses fils et leurs femmes, et ils n’ont pas réussi à sauver leur génération (Beréchith raba 49, 13). Quant à neuf, il l’avait déjà demandé en leur associant Dieu, mais on ne les avait pas trouvés
18,33
Le Seigneur disparut, lorsqu'il eut achevé de parler à Abraham; et Abraham retourna à sa demeure.
Hachem s’en alla
Le défenseur ayant cessé de parler, le juge s’en va (Beréchith raba 49, 13)
Et Avraham retourna à son endroit
Le juge étant parti, le défenseur s’en va aussi (Beréchith raba 49, 14). Reste l’accusateur pour accuser. C’est pourquoi « les deux anges arrivèrent à Sedom » pour anéantir
Pour rendre visite au malade (Sota 14a). Rabi ‘Hama bar ‘Hanina a enseigné : On était au troisième jour après la circoncision, et le Saint béni soit-Il lui est venu prendre de ses nouvelles (Baba Metsi‘a 86b)