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Torah écrite (pentateuque) » Exode (Chemot)

Chapitre 28

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28,1
"De ton côté, fais venir à toi Aaron ton frère, avec ses fils, du milieu des enfants d'Israël, pour exercer le sacerdoce en mon honneur: Aaron, avec Nadab et Abihou, Éléazar et Ithamar, ses fils.
Et toi

Après que tu auras achevé les travaux de construction du tabernacle

28,2
Tu feras confectionner pour Aaron ton frère des vêtements sacrés, insignes d'honneur et de majesté.
28,3
Tu enjoindras donc à tous les artistes habiles, que j'ai doués du génie de l'art, qu'ils exécutent le costume d'Aaron, afin de le consacrer à mon sacerdoce.
Pour le consacrer

Pour le consacrer, pour le faire entrer dans le pontificat au moyen des vêtements ci-après, afin qu’il soit prêtre pour moi. Le mot kehouna (« pontificat ») correspond à l’idée de service, en français médiéval : « serjentrie »

28,4
Or, voici les vêtements qu'ils exécuteront: un pectoral, un éphod, une robe, une tunique à mailles, une tiare et une écharpe; ils composeront ainsi un saint costume à Aaron ton frère et à ses fils, comme exerçant mon ministère.
Un pectoral

Un ornement placé sur le cœur

Et un éfod

Je n’ai pas entendu que ce fût un habit, ni trouvé dans la barayetha la description de sa forme. Il me semble cependant qu’il était attaché par-derrière, sa largeur correspondant à celle du dos d’un homme, comme cette sorte de tablier appelé : « porceint » en français médiéval et que portent les femmes de la noblesse lorsqu’elles montent à cheval. Il était ainsi fait pour être porté au bas du corps, comme il est écrit : « Et David était “ceint” d’un éfod de lin » (II Chemouel 6, 14), d’où nous apprenons qu’il était attaché par une ceinture. Mais il est impossible de soutenir qu’il n’était constitué que d’une ceinture, étant donné qu’il est écrit : « il donna sur lui le éfod », suivi de : « il le ceignit du baudrier du éfod » (Wayiqra 8, 7). Et le Targoum Onqelos traduit cette dernière expression de la même manière, d’où nous apprenons que le « baudrier » est une chose, et le éfod un ornement distinct. On ne peut pas dire non plus que ce soit à cause de ses deux épaulières (kesséfoth) qu’il s’appelle éfod, puisqu’il est écrit : « les deux épaulières (kisfoth) du éfod » (verset 27), d’où nous apprenons que le éfod est une chose, les épaulières (kesséfoth) une autre, et le baudrier une troisième. C’est pourquoi je pense que c’est à cause du tablier du bas qu’il s’appelle éfod, ainsi nommé parce qu’on l’en couvrait (ofdo) et qu’on l’en ornait, comme il est écrit : « il le lia (wayèpod) par elle » (Wayiqra 8, 7). Quant au baudrier (‘hochév), il était attaché au-dessus, et c’est sur lui qu’étaient fixées les épaulières. Il existe à mon avis une autre preuve que c’est une sorte de vêtement, étant donné que le Targoum Yonathan traduit le mot éfod dans : « David était ceint d’un éfod de lin » (II Chemouel 6, 14) par kardot, et qu’il rend par le même vocable les « robes » dont il est question dans l’histoire de Tamar, la sœur de Avchalom : « Car c’est ainsi qu’étaient vêtues de “robes” les filles du roi, encore jeunes filles » (II Chemouel 13, 18)

Et une robe

C’était une sorte de tunique, sous cette réserve que la tunique (kethoneth) se portait à même le corps tandis que la robe (me‘il) est appelée « tunique de dessus »

Brodée

Elle comportait des motifs brodés (michbetsoth) pour la décoration, ces motifs brodés ressemblant aux cavités que l’on pratique dans les bijoux en or, destinées à accueillir le sertissage de pierres précieuses et de perles. C’est ainsi qu’il est écrit à propos des pierres du éfod : « enchâssées dans des chatons d’or » (verset 11). C’est ce qu’on appelle en français médiéval : « chastons »

Une tiare (mitsnèfèth)

Sorte de coiffure en forme de calotte, appelée en français : « coiffe ». On les appelle ailleurs migba‘oth (« turbans ») (verset 40), et le Targoum Onqelos rend ce mot par : « coiffes » (voir Yoma 25a)

Et une ceinture

Il s’agit de la ceinture portée sur la tunique (kethoneth), tandis que le éfod était comme une ceinture au-dessus de la robe (me‘il). Nous lisons en effet, à propos de la cérémonie de l’habillement des kohanim : « Il donna sur lui la tunique (hakoutneth), il le ceignit de la ceinture (baavnet), il le revêtit de la robe (me‘il), il donna sur lui le éfod » (Wayiqra 8, 7)

Des vêtements de sainteté

Ils les confectionneront en utilisant les offrandes prélevées pour être « consacrées » en mon Nom

28,5
Et ils emploieront l'or, l'azur, la pourpre, l'écarlate et le fin lin.
Et eux ils prendront

Ces mêmes hommes « intelligents de cœur » (verset 3) qui confectionneront les vêtements recevront des mains des donateurs « l’or et l’azur » pour en faire ces vêtements

28,6
"Ils confectionneront l'éphod en or, azur, pourpre, écarlate et lin retors, artistement brochés.
Ils feront le éfod

Si je devais expliquer en suivant l’ordre des versets la manière dont on a fabriqué le éfod et le pectoral, le commentaire se présenterait de manière décousue et le lecteur, en voulant procéder à une synthèse, commettrait des erreurs. Aussi vais-je décrire leur fabrication telle qu’elle a eu lieu, de manière que le lecteur puisse s’en faire une idée globale, et je suivrai ensuite l’ordre des versets. Le éfod était réalisé comme cette sorte de tablier que portent les écuyères et que l’on immobilise par-derrière, à hauteur du cœur, sous les aisselles. Sa largeur était supérieure à celle du dos d’un homme et il arrivait jusqu’aux talons. Son baudrier était fixé en haut sur sa largeur par un ouvrage de tisserand, et il se prolongeait de part et d’autre de manière à en faire le tour et à pouvoir s’y attacher. Quant aux épaulières, elles étaient fixées au baudrier, de part et d’autre de la largeur du tablier, l’une à droite et l’autre à gauche derrière le kohen, séparées l’une de l’autre par la largeur de ses épaules. Lorsqu’il les redressait, elles lui tenaient sur les deux épaules. Elles se présentaient comme deux lanières faites dans le même matériau que le éfod, aussi longues qu’il était nécessaire pour pouvoir se redresser à hauteur du cou d’un côté et de l’autre. Elles venaient se replier en avant, légèrement plus bas que ses épaules. Quant aux pierres du choham, elles y étaient fixées, l’une à l’épaule droite et l’autre à celle de gauche, et les chatons disposés à leurs sommets en avant de ses épaules. Les deux torsades d’or traversaient deux anneaux dans le pectoral, aux deux extrémités de sa largeur, en son sommet, l’une à droite et l’autre à gauche, et les deux extrémités de la chaînette étaient fixées dans des chatons situés à droite. De même les deux extrémités de la chaînette de gauche étaient-elles fixées dans des chatons à l’épaule gauche. C’est ainsi que le pectoral était accroché aux chatons du éfod, contre le cœur, à l’avant. Il y avait aussi deux anneaux aux deux extrémités inférieures du pectoral, et on fixait les deux anneaux des deux épaulières du bas du éfod au pourtour inférieur qui s’attachait au baudrier. Les anneaux du pectoral correspondant à ceux du éfod étaient posés l’un sur l’autre, et on les faisait tenir ensemble par un fil d’azur qui passait dans les anneaux du éfod et du pectoral. Cela avait pour effet de bien assujettir le bas du pectoral au baudrier du éfod et de l’empêcher de bouger et de s’en séparer par un mouvement de va-et-vient

D’or

Ces cinq variétés étaient torsadées dans chaque fil. On laminait l’or en minces plaquettes que l’on découpait en fils. On tissait un fil d’or avec six fils d’azur, un autre fil d’or avec six fils de pourpre, et ainsi de suite avec l’écarlate et le lin. Toutes ces variétés comportaient six fils torsadés ensemble, un fil d’or étant entrelacé avec chacune d’elles. On les retordait ensuite tous ensemble, ce qui fait que chaque fil en comportait vingt-huit. Ce c’est ce qu’on nous apprend dans le traité Yoma (72a), qui le déduit du verset : « Ils laminèrent les lingots d’or, et on coupa des cordons, pour faire au milieu de l’azur, et au milieu de la pourpre… » (infra 39, 3). D’où nous apprenons qu’un fil d’or était entrelacé avec chacune des autres variétés

Ouvrage réfléchi

J’ai déjà expliqué (supra 26, 1) que chacun des deux côtés du tissu portait une figure différente

28,7
Deux épaulières d'attache, placées à ses deux extrémités, serviront à le réunir.
Deux épaulières…

Le tablier était en bas, et le baudrier du éfod le rejoignait par le haut, à la manière des tabliers des femmes. A ce baudrier étaient attachées, sur le dos du kohen, deux rubans de tissu constitués comme deux larges lanières, une contre chaque épaule. Il les redressait sur ses deux épaules, de manière à les ramener par l’avant jusqu’à sa poitrine. Et comme elles étaient fixées aux anneaux du pectoral, elles tenaient en place par-devant, à la hauteur du cœur, sans tomber, comme expliqué sous le verset 28. On les redressait pour les amener aux épaules, et chacune des deux pierres du choham était fixée sur un de ces rubans

Vers ses deux extrémités

Sur la largeur du éfod, étant donné que sa largeur correspondait au dos du kohen, et qu’il arrivait en longueur au niveau des coudes, en français médiéval : « codes », comme il est écrit : « ils ne se ceintureront pas “à la sueur” » (Ye‘hezqel 44, 18), ce qui veut dire que l’on ne fixera pas la ceinture à un endroit où l’on transpire, ni plus haut que les aisselles et ni plus bas que les hanches, mais à hauteur des aisselles (Zeva‘him 18b)

Il sera assemblé

Le éfod sera rattaché à ces deux épaulières du éfod. On le fixera par le bas au baudrier par une couture, mais on ne tissera pas ces deux épaulières en même temps que lui. On les tissera à part, puis on les réunira

28,8
La ceinture qu'il porte, destinée à l'assujettir, sera du même travail, fera partie de son tissu or, azur, pourpre, écarlate et lin retors.
Et le baudrier de son éfod

Le baudrier avec lequel on le recouvre et on le met en place sur le kohen pour l’ornementer

Qui sera sur lui

En haut du bord du tablier. C’est la ceinture

Du même ouvrage

Comme le tissage du tablier, qui est un « ouvrage réfléchi » réalisé sur cinq variétés, de même le tissage du baudrier sera-t-il un « ouvrage réfléchi » réalisé sur cinq variétés

Il sera du même ouvrage

Il sera tissé en même temps que lui, et on ne devra pas le tisser à part et l’y attacher ensuite

28,9
Tu prendras deux pierres de choham, sur lesquelles tu graveras les noms des fils d'Israël:
28,10
six de leurs noms sur une pierre et les noms des six autres sur la seconde pierre, selon leur ordre de naissance.
Selon leur engendrement

Dans l’ordre de leur naissance : Reouven, Chim‘on, Léwi, Yehouda, Dan et Naftali sur l’une, Gad, Achér, Yissakhar, Zevouloun, Yossef et Binyamin sur l’autre. Le nom de Binyamin est écrit ici en entier [avec un yod dans la troisième syllabe], tout comme dans le récit de sa naissance (Beréchith 35, 18), soit vingt-cinq lettres sur chaque pierre (Sota 36a)

28,11
A l'instar du graveur sur pierre et comme la gravure d'un cachet, tu traceras sur ces deux pierres les noms des fils d'Israël et tu les enchâsseras dans des chatons d'or.
Un ouvrage d’artisan (‘harach)

Une œuvre d’artiste en pierres. Le mot ‘harach (« d’artisan ») est au cas construit et il se relie au mot qui le suit. C’est pourquoi sa dernière syllabe est ponctuée d’un pata‘h, comme dans : « Le charpentier (‘harach ‘étsim) a tendu une corde » (Yecha’ya 44, 13), c’est-à-dire « l’artisan du bois », ou dans : « le forgeron (‘harach barzèl – « l’artisan du fer ») manie la hache » (Yecha’ya 44, 12). Tous ces mots sont au cas construit et sont ponctués d’un pata‘h

Des gravures de cachet

Comme le rend le Targoum Onqelos : « une écriture claire comme la gravure d’un sceau ». Les lettres étaient ciselées en creux, de la manière dont procèdent ceux qui gravent les bagues dont on se sert pour sceller les lettres, d’une écriture distincte et précise

Aux noms (littéralement : « sur les noms »)

Comme s’il y avait : « Avec » les noms

Enchâssées dans des chatons

Les pierres étaient entourées de chatons d’or, un logement étant aménagé en creux dans l’or pour recevoir la pierre, de la dimension de la pierre à y enchâsser. C’est ainsi que les chatons entouraient le pourtour des pierres, et ils étaient fixés aux épaulières du éfod

28,12
Tu adapteras ces deux pierres aux épaulières de l'éphod, comme pierres commémoratives pour les enfants d'Israël, dont Aaron portera les noms, en présence de l'Éternel, sur ses deux épaules, comme souvenir.
Comme mémoire

Afin que le Saint béni soit-Il voie les noms des tribus inscrits devant Lui et qu’Il se souvienne de leurs mérites

28,13
"Tu prépareras aussi des chatons d'or
Tu feras des chatons

Le minimum du pluriel de : « chatons » est deux. On ne t’explique ici, dans ce paragraphe, qu’une partie de leur objet, le reste de l’explication figurant dans le passage relatif au pectoral

28,14
et deux chaînettes d'or pur, que tu feras en les cordonnant en forme de torsade; ces chaînettes-torsades, tu les fixeras sur les chatons.
Des chaînettes (charcheroth) d’or

Le mot charcheroth a le même sens que chalchelaoth (V. Chabath 119a)

A bouts

C’est à l’extrémité du bout du pectoral que tu les feras

Un ouvrage de torsade

Un ouvrage que l’on forme en tressant des fils. Ce n’est pas comme les objets faits d’anneaux et de mailles que l’on fabrique pour les puits [pour y puiser de l’eau], mais c’est comme [les objets percés de trous] que l’on fabrique pour les encensoirs, appelés : « encensiers » en français médiéval (Beitsa 22b)

Tu donneras les chaînettes

Des torsades, faites comme des cordes tressées, sur ces chatons. Ce n’est pas ici qu’est prescrite la fabrication des chaînettes ni la manière dont elles doivent être placées. Et le verbe : « tu feras » employé dans ce verset, de même que : « tu donneras », n’est pas à l’impératif, mais au futur. C’est plus loin, au verset 24, qu’il sera prescrit de les « faire » et de les « placer ». Il n’en est question dans le présent verset que pour faire connaître en partie l’emploi des chatons qu’il faut confectionner avec le éfod. Ce qui est écrit ici est destiné à te faire savoir que tu auras besoin de ces chatons, car lorsque « tu feras » des chaînettes à placer aux bouts du pectoral, tu devras « les placer » sur ces chatons

28,15
"Tu feras le pectoral de jugement, artistement ouvragé et que tu composeras à la façon de l'éphod: c'est d'or, d'azur, de pourpre, d'écarlate et de fin retors, que tu le composeras.
Un pectoral de jugement

Destiné à faire expiation pour les erreurs commises dans les jugements (Zeva‘him 88b). Autre explication : « De jugement », parce qu’il rend claires les paroles de la justice et que ce qu’il promet est vrai. En français médiéval : « dereisnement ». Le mot : « jugement » comporte en effet trois connotations : l’argumentation développée par les plaideurs, la sentence rendue par la justice et la condamnation prononcée par celle-ci, que ce soit une condamnation à mort, à la flagellation ou au payement d’une somme d’argent. Ici le mot veut dire : « rendre claires les paroles », car il explicite ses paroles et les rend intelligibles

Comme l’ouvrage du éfod

Un « ouvrage réfléchi » sur cinq variétés

28,16
Il sera carré, plié en deux; un empan sera sa longueur, un empan sa largeur.
Un empan sera sa longueur

Il était double (voir infra 39, 9) et placé par-devant sur son cœur, comme il est écrit : « Ils seront sur le cœur de Aharon » (verset 30). Il était suspendu aux épaulières du éfod qui venaient par-derrière jusque sur ses épaules et, en se repliant, retombaient légèrement par-devant. Le pectoral y était attaché par des chaînettes et des anneaux, comme expliqué dans notre contexte (versets 22 et suivants)

28,17
Tu le garniras de pierreries enchâssées, formant quatre rangées. Sur une rangée: un rubis, une topaze et une émeraude, première rangée;
Tu le rempliras

Etant donné que les pierres « remplissaient » les creux des chatons que l’on avait aménagés pour elles, on emploie ici le terme de « remplissage »

28,18
deuxième rangée: un nofek, un saphir et un diamant;
28,19
troisième, rangée: un léchem, un chebô et un ahlama;
28,20
quatrième rangée: une tartessienne, un choham et un jaspe. Ils seront enchâssés dans des chatons d'or.
Enchâssés dans de l’or

Les rangées de pierres seront, lors de leur « remplissage », entourés de chatons d’or d’une profondeur qui aura été calculée pour être remplie par l’épaisseur de la pierre. C’est ce que veut dire : « dans leur remplissage », à savoir que la profondeur des chatons correspondra à l’épaisseur des pierres, ni plus ni moins

28,21
Ces pierres, portant les noms des fils d'Israël, sont au nombre de douze selon ces mêmes noms; elles contiendront, gravé en manière de cachet, le nom de chacune des douze tribus.
Chaque homme à son nom

L’ordre des pierres correspondra à celui de leur naissance : le rubis pour Reouven, la topaze pour Chim‘on, et ainsi de suite pour tous

28,22
Ensuite, tu prépareras pour le pectoral des chaînettes cordonnées, forme de torsade, en or pur.
Sur le pectoral

C’est-à-dire : « pour » le pectoral, pour fixer les chaînettes à ses anneaux, comme expliqué plus loin dans notre contexte

Des chaînettes (charcheroth)

Le mot charcheroth évoque l’idée de « racines » (chorachim) d’un arbre, lesquelles ont pour fonction de le maintenir et de le garder fermement enfoncé dans le sol. Ces chaînettes elles aussi maintiennent le pectoral et l’assujettissent au éfod. Ce sont les deux chaînettes dont il a été question plus haut (verset 14) à propos des chatons. Le grammairien Mena‘hem ben Sarouq explique le mot charcheroth dans le sens de « racines », et il est de l’avis que le deuxième réch de ce mot constitue un ajout, tout comme le mèm de chilchom (« avant-hier ») ou celui de réqam (« vide »). Je ne partage pas son opinion, et je pense que le mot hébreu charcheroth correspond au terme : chalchèlèth de la michna (Kélim 14, 3)

A bouts (gavlouth)

Le mot gavlouth a le même sens que migbaloth tel qu’employé plus haut (verset 14) : Tu les fixeras par des anneaux qui seront au bout (guevoul) du pectoral. Le mot guevoul veut toujours dire : « extrémité », en français médiéval : « asomeil »

Un ouvrage de torsade

Que l’on fait en tressant

28,23
Tu feras encore, pour le pectoral, deux anneaux d'or, que tu mettras aux deux coins du pectoral.
Sur le pectoral

Pour les besoins du pectoral, pour les y fixer. Et il ne serait pas juste d’expliquer qu’ils devaient, dès le début, être faits « sur » le pectoral, car alors pourquoi le texte y reviendrait-il pour préciser : « tu donneras les deux anneaux », puisqu’ils s’y trouveraient déjà placés ? Il aurait dû dire d’emblée : « Tu feras sur les extrémités du pectoral deux anneaux d’or » ! Et il convient d’expliquer de la même manière la fabrication des chaînettes dont parle le verset précédent

Sur les deux extrémités du pectoral

Aux deux coins qui sont à hauteur du cou, à droite et à gauche, et qui se présentent face aux épaulières du éfod

28,24
Puis tu passeras les deux torsades d'or dans les deux anneaux placés aux coins du pectoral
Tu donneras les deux torsades d’or

Il s’agit des « chaînettes à bouts » dont il vient d’être question (verset 14), dont il n’est pas spécifié où elles devaient être attachées au pectoral. On explique maintenant qu’on les fait passer par des anneaux. Et la preuve que ce sont les mêmes, c’est qu’on n’en reparle pas deux fois dans la sidra Peqoudei (infra 39, 15)

28,25
et les deux bouts de chaque torsade, tu les fixeras sur les deux chatons, les appliquant aux épaulières de l'éphod du côté de la face.
Et les deux extrémités

Des deux torsades, les deux bouts de chacune d’elles

Tu donneras sur les deux chatons

Ceux dont il a été question ci-dessus entre le passage consacré au pectoral et celui consacré au éfod, et sur lesquels le texte est resté muet quant à leur objet et leur emplacement. Il est indiqué maintenant qu’il faut fixer dans ces chatons les extrémités des torsades que l’on aura fait passer par les anneaux du pectoral, à droite et à gauche, près du cou. Les deux extrémités de la chaînette droite seront fixées dans les chatons de droite, et de même à gauche pour les deux extrémités de la chaînette gauche

Tu donneras

Les chatons

Sur les épaulières du éfod

Un chaton sur chacune, de manière que les épaulières du éfod retiennent le pectoral de tomber. C’est sur les épaulières qu’est attaché le pectoral, mais le bord inférieur du pectoral reste encore libre de se mouvoir, il frappe le ventre et n’est pas bien fixé. D’où la nécessité de deux anneaux en bas, comme expliqué plus loin

En face de son devant (panaw)

Du éfod. Ce qui signifie qu’il ne faut pas mettre les chatons sur le côté des épaulières situé contre la robe, mais sur le côté supérieur qui est vers l’extérieur. C’est ce que veut dire : « en face de son devant » à propos du éfod. Car on ne peut appeler : panim (traduit ici par : « devant ») ce qui ne se voit pas

28,26
Tu feras encore deux anneaux d'or, que tu placeras aux deux coins du pectoral, sur le bord qui fait face à l'éphod intérieurement
Sur les deux extrémités du pectoral

Ce sont ses deux coins inférieurs, à droite et à gauche

Sur son bord qui est vers le côté du éfod vers l’intérieur

On trouve ici deux indications : La première est qu’il faut les placer aux deux extrémités du bas, face au éfod, car sa partie supérieure ne fait pas face au éfod, étant donné qu’il est près du cou, alors que le éfod se place au-dessus des hanches. La seconde indication est qu’il ne faut pas les placer sur le côté du pectoral qui est vers l’extérieur, mais sur celui tourné en dedans, puisqu’il est écrit : « vers l’intérieur ». Et ce côté-là donne vers le éfod, puisque le kohen se met le baudrier du éfod, et que le tablier est plié à l’avant du kohen, au-dessus de ses hanches et d’une partie de son ventre, de part et d’autre, jusqu’à atteindre les extrémités du pectoral, dont les bords reposent sur la ceinture

28,27
et tu feras deux autres anneaux d'or, que tu fixeras aux deux épaulières de l'éphod, par le bas, au côté extérieur, à l'endroit de l'attache, au-dessus de la ceinture de l'éphod.
Sur les deux épaulières du éfod par le bas

Car les chatons sont placés au sommet des épaulières du éfod, en haut, celles qui arrivent sur les épaules à hauteur du de la gorge. Et elles se replient pour descendre en avant. Quant aux anneaux, il est prescrit de les placer à l’autre pointe des épaulières qui font corps avec le éfod. C’est ce que veut dire : « vis-à-vis de son assemblage », c’est-à-dire tout près de l’endroit où elles s’attachent au éfod, légèrement au-dessus du baudrier, car le point d’assemblage est contre la ceinture. Et ces anneaux sont placés légèrement au-dessus de l’endroit où les épaulières commencent à monter. C’est ce que veulent dire les mots : « au-dessus du baudrier du éfod ». Ils font donc face à la limite du pectoral. On fait passer un fil d’azur dans ces anneaux, ainsi que dans ceux du pectoral, et on les tient attachés au moyen de ce fil à droite et à gauche, de manière que la partie inférieure du pectoral n’aille pas se balançant d’avant en arrière et ne le frappe au ventre. Le pectoral est donc bien posé sur la robe

En face de son devant

Du côté extérieur

28,28
On assujettira le pectoral en joignant ses anneaux à ceux de l'éphod par un cordon d'azur, de sorte qu'il reste fixé sur la ceinture de l'éphod; et ainsi le pectoral n'y vacillera point.
Ils assujettiront (weyirkessou) le pectoral

Dans le sens de : « fixation », comme dans : « contre les conjurations (méroukhsei) des hommes » (Tehilim 31, 21), c’est-à-dire des associations de méchants « liés » ensemble, ou dans : « et les collines resserrées (weharekhassim) seront changées en vallées » (Yecha’ya 40, 4), c’est-à-dire des collines trop proches les unes des autres pour que soit d’un accès aisé la vallée qui les sépare : leur proximité rend cette vallée abrupte et profonde. Ces collines-là seront un jour changées en une vallée bien aplanie dans laquelle il sera facile de marcher

Pour qu’il soit sur le baudrier du éfod

Pour que le pectoral soit bien fixé au baudrier du éfod

Et il ne bougera (yiza‘h) pas

C’est-à-dire : « se détachera ». Le mot yiza‘h, selon Dounach ben Labrat, a le même sens en arabe

28,29
Et Aaron portera sur son cœur, lorsqu'il entrera dans le sanctuaire, les noms des enfants d'Israël, inscrits sur le pectoral du jugement: commémoration perpétuelle devant le Seigneur.
28,30
Tu ajouteras au pectoral du jugement les ourîm et les toummîm, pour qu'ils soient sur la poitrine d'Aaron lorsqu'il se présentera devant l'Éternel. Aaron portera ainsi le destin des enfants d'Israël sur sa poitrine, devant le Seigneur, constamment.
Les ourim et les toummim

Constitués par le Nom divin écrit en toutes lettres, qu’il portait dans les replis du pectoral, grâce à quoi il rendait claires (méir) et vraies (metammém) ses paroles (Yoma 73b). A l’époque du deuxième Temple, le pectoral était présent, car il ne se pouvait pas que le kohen gadol pût officier sans porter l’ensemble des vêtements sacerdotaux, mais il ne contenait pas le Nom divin (Yoma 21b). Et c’est en raison de cette inscription qu’il s’appelle : « jugement », comme il est écrit : « il l’interrogera pour le jugement des ourim devant Hachem » (Bamidbar 27, 21)

Le jugement des fils d’Israël

Un objet au moyen duquel ils porteront « jugement » afin de décider s’il faut faire une chose ou non. Et selon le Midrach, le pectoral est appelé : « jugement » parce qu’il sert à faire expiation pour les erreurs dans les jugements, voulant dire par là qu’il y a « pardon pour les jugements »

28,31
"Tu feras la robe de l'éphod, uniquement d'azur.
La robe du éfod

Sur laquelle le éfod est placé pour servir de ceinture

Entièrement d’azur

Tout entière d’azur, sans qu’y soit mêlée aucune autre variété (Zeva‘him 88b)

28,32
L'ouverture supérieure sera infléchie; cette ouverture sera garnie, tout autour, d'un ourlet tissu et sera faite comme l'ouverture d'une cotte de mailles, pour qu'elle ne se déchire point.
L’ouverture pour sa tête sera

L’ouverture située dans le haut, destinée à permettre le passage du cou

Au milieu de lui

Comme le rend le Targoum Onqelos : « repliée en dedans ». Ce qui y est replié servira d’ourlet. Il s’agissait d’un travail de tissage, et non réalisé à l’aiguille

Comme l’ouverture d’une cotte de mailles

D’où nous apprenons que leurs cuirasses comportaient à leur ouverture un ourlet replié à l’intérieur

Elle ne se déchirera pas

Afin qu’elle ne se déchire pas. Celui qui la déchire transgresse une interdiction (Yoma 72a). Il s’agit ici de l’une des interdictions de la Tora, tout comme : « Et le pectoral ne bougera pas de sur le éfod » (verset 28) et : « Elles n’en seront pas retirées » (supra 25, 15), à propos des barres de l’arche

28,33
Tu adapteras au bord, tout autour du bord, des grenades d'azur, de pourpre et d'écarlate et des clochettes d'or entremêlées, tout à l'entour.
Des grenades

Elles étaient rondes et creuses, comme des grenades qui auraient eu la forme d’un œuf de poule

Et des clochettes d’or

Des clochettes, avec des battants à l’intérieur

Au milieu d’elles autour

Entre elles, tout autour. Une clochette est assujettie et suspendue entre deux grenades aux bords de la robe

28,34
Une clochette d'or, puis une grenade; une clochette d'or, puis une grenade, au bas de la robe, à l'entour.
Une clochette d’or et une grenade…

« Une clochette d’or et une grenade » à côté d’elle

28,35
Aaron doit la porter lorsqu'il fonctionnera, pour que le son s'entende quand il entrera dans le saint lieu devant le Seigneur et quand il en sortira et qu'il ne meure point.
Et il ne mourra pas

D’une négation tu peux déduire une affirmation : S’il porte ces ornements, il ne sera pas passible de la peine de mort. Si, en revanche, il entre dans le sanctuaire et qu’il lui manque un de ces vêtements, il est passible de la peine de mort par intervention du ciel (Sanhèdrin 83a)

28,36
"Tu feras une plaque d'or pur, sur laquelle tu graveras, comme sur un sceau: "Consacré au Seigneur".
Une plaque

Comme une sorte de lame en or, d’une largeur de deux doigts, qui entourait le front d’une oreille à l’autre (Souka 5a, Chabath 63b)

28,37
Tu la fixeras par un ruban d'azur, de manière à la placer sur la tiare; c'est en avant de la tiare qu'elle doit se trouver.
Sur un cordon d’azur

Alors qu’il est écrit plus loin : « Ils donnèrent “sur elle” un cordon d’azur » (infra 39, 31). De plus, il est écrit ici : « Elle sera “sur” la tiare », alors qu’il est indiqué plus bas : « Elle sera “sur le front” de Aharon » (verset 38). Il est enseigné, dans le traité relatif à l’égorgement des sacrifices (Zeva‘him 19a et b), que l’on voyait ses cheveux entre la plaque et la tiare, endroit où il mettait ses tefilin. D’où nous déduisons que la tiare se trouvait en haut, au sommet de la tête, sans qu’elle fût assez profonde pour que la tête y pénétrât entièrement jusqu’au front. La plaque était plus bas, et les fils passaient à travers des trous et s’y accrochaient aux deux bouts et au milieu, à raison de six fils pour ces trois emplacements. Il y avait un fil en haut, à raison d’un à l’extérieur et d’un à l’intérieur lui faisant face. On attachait les bouts des fils derrière la nuque, tous les trois. D’où il résulte que la longueur de la plaque, ajoutée aux fils qui étaient à ses extrémités, faisait le tour du front. Le fil du milieu, qui était sur la tête, attaché aux bouts de ces deux fils, allait sur toute la largeur par en haut, formant ainsi une sorte de casque. C’est à propos du fil du milieu qu’il est écrit : « sera “sur” la tiare ». La plaque était posée sur sa tête comme une sorte de casque surmontant la tiare, et le fil du milieu la retenait pour l’empêcher de tomber. La plaque lui pendait ainsi en avant, à la hauteur du front. Tous les versets finissent ainsi par s’harmoniser : le fil sur la plaque, la plaque sur le fil, et le fil sur la tiare par-dessus

28,38
Elle sera sur le front d'Aaron, qui se chargera ainsi des péchés relatifs aux consécrations des enfants d'Israël, à leurs diverses offrandes religieuses; et elle sera sur son front en permanence, pour leur obtenir la bienveillance de l'Éternel.
Aharon portera (wenassa)

Le verbe nasso, tel qu’il est employé ici, exprime l’idée de pardon, sans s’écarter pour autant de sa signification première : « Aharon “portera” la charge de la faute », d’où il résulte que toute faute se trouvera supprimée des offrandes saintes

Le crime relatif aux saintetés

Pour obtenir le pardon pour le sang et pour les graisses qui auront été offerts en état d’impureté, comme il est enseigné (Pessa‘him 16b) : « Quel crime porte-t-il ? Si c’est celui de pigoul (sacrifice « réprouvé »), il est déjà écrit : « Elle ne sera pas agréée » (Wayiqra 19, 7) ! Et si c’est celle de nothar (sacrifice « périmé »), il est écrit : « Il n’en sera pas tenu compte » (Wayiqra 7, 18) ! On ne peut pas dire non plus qu’il s’agit de la faute du kohen qui a offert en état d’impureté, étant donné qu’il est question ici des crimes relatifs aux « saintetés » et non à ceux qui les offrent. Il ne peut donc s’agir que d’une expiation destinée à rendre un sacrifice valable

Elle sera sur son front perpétuellement

Il n’est pas possible de soutenir qu’elle le sera « perpétuellement », étant donné qu’il ne la portera que pendant qu’il effectuera son service. Mais il faut comprendre ce : « perpétuellement » comme devant s’appliquer à : « pour l’agrément pour eux devant Hachem », y compris quand elle n’est pas sur son front, le kohen gadol n’effectue pas son service. Quant à l’opinion de celui qui dit : « Tant qu’elle est sur son front, elle opère expiation et procure l’agrément, à défaut de quoi elle ne procure pas l’agrément », il faut interpréter les mots : « sur son front perpétuellement » comme voulant dire qu’il est tenu de la toucher pendant tout le temps qu’elle est sur son front, afin de ne pas laisser s’en détourner sa pensée (Yoma 7b)

28,39
Tu feras la tunique à mailles de lin, de lin aussi la tiare et l'écharpe tu l'exécuteras en broderie.
Tu broderas

Fais-les « à mailles », et entièrement de lin

28,40
Pour les fils d'Aaron également tu feras des tuniques et pour eux aussi des écharpes; puis tu leur feras des turbans, signes d'honneur et de dignité.
Et pour les fils de Aharon tu feras des tuniques

Ces quatre vêtements-là, et pas davantage : une tunique, une ceinture, des turbans – le mot migba‘oth (« turbans ») étant synonyme de mitsnèfèth (« tiare ») – ainsi que les caleçons dont il sera question au verset 42

28,41
Tu feras revêtir ce costume à Aaron ton frère, de même à ses fils; tu les oindras, tu les installeras et tu les consacreras à mon sacerdoce.
Tu en revêtiras Aharon

Ceux dont il est question pour Aharon : le pectoral, le éfod, la robe, la tunique brodée, la tiare, la ceinture et la plaque, ainsi que les caleçons dont il sera question pour tous au verset 42

Et ses fils avec lui

Les vêtements dont il est question pour eux

Tu les oindras

Aharon et ses fils avec l’huile d’onction

Tu empliras leur main

L’expression : « remplissage des mains » marque l’investiture de quelqu’un dans une fonction lorsqu’il y entre pour l’occuper désormais. Lorsque l’on nomme quelqu’un à une charge, son chef lui met dans la main un objet en cuir appelé en français : « gant », au moyen duquel il l’investit dans ses fonctions. Cette remise s’appelle en français médiéval : « revestir », et elle correspond au « remplissage des mains »

28,42
Fais-leur aussi des caleçons de lin commun, pour couvrir la nudité de la chair, depuis les reins jusqu'aux cuisses.
Fais-leur

A Aharon et à ses fils

Des caleçons de lin

Ce qui fait huit vêtements pour le kohen gadol, et quatre pour le kohen ordinaire

28,43
Aaron et ses fils porteront ce costume lorsqu'ils entreront dans la Tente d'assignation, ou lorsqu'ils approcheront de l'autel pour le saint ministère, afin de ne pas se trouver en faute et encourir la mort: loi perpétuelle pour lui et pour sa postérité.
Ils seront sur Aharon

Tous ces vêtements-là qui lui sont destinés seront sur Aharon

Et sur ses fils

Ceux qui leur sont destinés

A leur venue vers la tente d’assignation

Tant dans le tabernacle que dans le Temple

Ni ne mourront

D’où nous apprenons que celui qui officie alors qu’il lui manque des vêtements sacerdotaux est passible de la peine de mort

Statut pour toujours pour lui

Toutes les fois qu’il est écrit : « statut pour toujours », cela signifie un ordre donné pour l’immédiat et pour les générations à venir, destiné à rendre l’acte sans valeur en cas d’inobservation de ces prescriptions (Mena‘hoth 19a)

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