"N’accueille point un rapport mensonger. Ne sois pas complice d'un méchant, en servant de témoin à l'iniquité.
Tu ne recevras pas un faux bruit
Comme le rend le Targoum Onqelos : « Tu n’accueilleras pas une nouvelle mensongère ». Interdiction est faite ici d’accueillir la médisance, et défense est faite au juge d’écouter les arguments d’un plaideur hors la présence de son adversaire (Sanhèdrin 7b)
Ne pose pas ta main avec un méchant
Avec celui qui appuie par son témoignage une réclamation mensongère contre son prochain, et auquel tu auras promis de te joindre pour être à ses côtés un témoin inique
23,2
Ne suis point la multitude pour mal faire; et n'opine point, sur un litige, dans le sens de la majorité, pour faire fléchir le droit.
Tu ne seras pas derrière la multitude pour mal faire
Ce verset a été interprété par les Sages d’Israël, mais leurs explications ne correspondent pas exactement au sens littéral (Sanhèdrin 2a). Ils en ont dégagé la règle qu’une majorité d’une seule voix ne permet pas de condamner un accusé. Ils ont interprété la fin du verset, à savoir : « … derrière la multitude pour faire pencher », comme voulant dire qu’il y a condamnation si celle-ci recueille deux voix de plus que l’acquittement, le texte parlant ici de procès criminels. Quant au milieu du verset, ils l’ont interprété comme suit : Les mots : « Et tu ne répondras pas sur “le plus grand” »… » – le mot riv du verset (« litige ») étant lu rav – signifient que l’on ne doit pas contredire le plus éminent parmi les juges qui composent le tribunal. D’où la règle, dans les procès criminels, de recueillir en premier l’avis des juges les plus jeunes. Tel est le sens du verset selon l’interprétation donnée par nos maîtres (Sanhèdrin 36a)
Tu ne seras pas derrière la multitude pour mal faire
Pour condamner à mort par une seule voix de majorité
Et tu ne répondras pas sur un litige
« Sur un grand », en ne suivant pas son avis. L’absence de yod dans le mot riv (« litige ») permet cette interprétation
Derrière la multitude pour faire pencher
Il existe une majorité qui permet de faire pencher le jugement. Laquelle ? Celle de deux voix en faveur de la condamnation de plus que celles en faveur de l’innocence. Du moment qu’il est écrit : « Tu ne seras pas derrière la multitude pour mal faire », j’en déduis : « Sois avec elle pour le bien ! » D’où la règle, instituée par les Sages en matière criminelle, qui prévoit l’acquittement au bénéfice d’une seule voix de majorité, et la condamnation au vu de deux voix de majorité. Le Targoum Onqelos traduit : « Tu ne te retiendras pas d’enseigner quand on te demandera ton avis sur un litige », le texte voulant dire : « Tu ne te prononceras pas sur un litige en te penchant », c’est-à-dire : Si on t’interroge à propos d’un procès, ne te prononce pas simplement en faveur de l’une des parties en te distançant par rapport au litige, mais tranche selon la vérité. A mon avis, il y a lieu de rétablir comme suit le sens littéral du verset : « Tu ne seras pas derrière la multitude pour mal faire » – Si tu vois des méchants faire pencher la justice de manière injuste, ne te dis pas qu’étant donné qu’ils sont les plus nombreux il y a lieu d’opiner dans le même sens. « Et tu ne répondras pas sur un litige en penchant… » – Si l’accusé t’interroge sur son procès, ne lui réponds pas d’une manière qui aille d’après la majorité si elle n’est pas conforme à une justice de vérité, mais dis le droit tel qu’il est, et que la corde du supplice reste « pendue au cou » de cette majorité
23,3
Ne sois point partial pour le pauvre, dans son procès.
Tu ne le favoriseras pas
Ne lui accorde pas d’égards pour lui faire gagner son procès, en te disant que du moment qu’il est pauvre, il mérite d’être favorisé
23,4
"Si tu trouves le bœuf ou l'âne de ton ennemi, égaré, aie soin de le lui ramener.
23,5
"Si tu vois l'âne de ton ennemi succomber sous sa charge, garde toi de l'abandonner; aide-lui au contraire à le décharger.
Lorsque tu verras l’âne de qui tu hais…
Le mot ki (« lorsque ») exprime ici l’idée de : « peut-être », qui est l’une des quatre significations de ce mot (Roch hachana 3a). Il veut dire ici : « Peut-être verras-tu son âne accroupi sous son fardeau…
T’abstiendrais-tu de l’aider
C’est une question
Aider (‘azov)
Le mot ‘azov a ici le sens de : « venir en aide », comme dans : « soutenu et aidé (‘azouv) en Israël » (I Melakhim 14, 10), « ils ont aidé (waya‘azvou) Jérusalem jusqu’au large mur » (Nè‘hèmia 3, 8), où ils l’ont remplie de terre pour « aider » et soutenir la résistance de la muraille. De même dans : « Lorsque (ki) tu diras dans ton cœur : Ces nations sont plus nombreuses que moi… » (Devarim 7, 17), le mot ki signifie : « peut-être », sur un mode interrogatif. Réponse : « Ne les crains pas ! » (Devarim 7, 18). Voici l’interprétation qu’ont donnée nos maîtres de ce verset : « Lorsque tu verras… et que tu t’abstiennes… » Il est des cas où tu t’abstiendras, d’autres cas où tu aideras. Comment cela ? Dans le cas [où celui qui a vu est] un vieillard et eu égard à sa dignité, ou dans le cas de l’animal d’un païen et portant le fardeau d’un Israélite, « tu t’abstiendras »
Aider
A décharger le fardeau. « A enlever le fardeau qui est sur lui » (Baba Metsi‘a 32a et b)
23,6
"Ne fais pas fléchir le droit de ton prochain indigent, s'il a un procès.
Ton indigent (èvyonkha)
Le mot èvyon (« indigent ») vient de la racine ovè (« désirer »). Il est déchiré par la pauvreté et aspire à tout bienfait
23,7
Fuis la parole de mensonge et ne frappe point de mort celui qui est innocent et juste, car je n'absoudrais point le prévaricateur.
Et ne tue pas un innocent et un juste
D’où sait-on que, si l’accusé sort du tribunal après avoir été déclaré coupable et que quelqu’un veuille présenter des arguments en sa faveur, on est tenu de rouvrir les débats ? Des mots : « Et ne tue pas un innocent ». Il est vrai qu’il n’est pas « un juste », puisqu’il n’a pas été « justifié » par le tribunal. Il n’en reste pas moins « innocent » de la peine capitale étant donné que tu dois chercher à l’innocenter. Et d’où sait-on que, si l’accusé sort du tribunal après avoir été déclaré innocent et que quelqu’un veuille présenter des arguments en sa défaveur, on ne doit pas rouvrir les débats ? Des mots : « Et ne tue pas un juste ». Cet homme est « un juste », puisqu’il a été « justifié » par le tribunal
Car je ne justifierai pas un méchant
Tu ne dois pas rouvrir les débats, car moi « je ne le justifierai pas » dans mon jugement. S’il sort innocent de tes mains, je dispose de beaucoup de messagers pour lui faire subir la peine de mort dont il s’est rendu passible
23,8
N'accepte point de présents corrupteurs; car la corruption trouble la vue des clairvoyants et fausse la parole des justes.
Et tu ne prendras pas de corruption
Même pour juger selon la vérité, et à plus forte raison pour faire fléchir le droit. Car pour ce qui est de faire fléchir le droit, il est écrit ailleurs : « Tu ne feras pas pencher le jugement » (Devarim 16, 19)
Aveuglera les clairvoyants
Même un sage en Tora, s’il prend un présent corrupteur, son esprit finira pas sombrer dans la confusion, il oubliera ce qu’il a appris et la vivacité de ses yeux s’obscurcira (Ketouvoth 105a, Mekhilta)
Elle pervertira
Telle est la traduction du Targoum Onqelos : « Elle trouble »
Les paroles des justes
Les paroles qui forment le fondement d’une justice authentique. Traduction du Targoum Onqelos : des paroles droites
23,9
Tu ne vexeras point l'étranger. Vous connaissez, vous, le cœur de l'étranger, vous qui avez été étrangers dans le pays d'Égypte!
Et un étranger
La Tora nous incite dans beaucoup d’endroits à témoigner des égards envers l’étranger, car sa condition est pénible (Baba Metsi‘a 59b)
L’âme de l’étranger
Combien sa situation est dure quand on le persécute
23,10
Six années tu ensemenceras ta terre et en recueilleras le produit;
Tu recueilleras (weassafta) sa récolte
Le verbe assof signifie faire entrer chez soi, comme dans : « tu le recueilleras (weassafto) vers le milieu de ta maison » (Devarim 22, 2)
23,11
mais la septième, tu lui donneras du repos et en abandonneras les fruits, pour que les indigents de ton peuple en jouissent, le surplus pourra être consommé par les animaux des champs. Ainsi en useras-tu pour ta vigne et pour ton plant d'oliviers.
Tu la laisseras en relâche
Sans la faire travailler
Tu l’abandonneras inculte
Sans rien en manger à partir du moment de sa mise à la disposition du public. Autre explication : « Tu la laisseras en relâche », sans effectuer de travail complet, tel que le labour et les semailles (Mo‘éd qatan 3a). « Tu l’abandonneras inculte », sans la nourrir par des engrais et sans la biner
Et la bête du champ mangera le surplus
On assimile ici ce que mangent les pauvres et ce que mangent les bêtes : De même que les bêtes mangent sans prélèvement préalable de la dîme, de même les pauvres mangent-ils sans prélèvement préalable de la dîme. D’où la règle instituée par les Sages que l’obligation de la dîme cesse d’avoir cours pendant la septième année (Mekhilta)
Ainsi feras-tu pour ta vigne
Tandis que le début du verset parle des champs de culture, ainsi qu’il est écrit : « Tu ensemenceras ta terre » (verset 10)
23,12
Six jours durant tu t'occuperas de tes travaux, mais au septième jour tu chômeras; afin que ton bœuf et ton âne se reposent, que puissent respirer le fils de ton esclave et l'étranger.
Et au septième jour tu te reposeras
Même pendant la septième année, tu ne supprimeras pas le Chabath, en tant qu’il rappelle la création, et tu ne diras pas : Etant donné que c’est toute l’année qui est appelée « Chabath », il n’y a pas lieu de rappeler la création (Mekhilta)
Afin que ton bovin ait du répit
Le texte parle-t-il de leur donner un répit afin de leur permettre d’arracher et de manger l’herbe du sol, ou bien faut-il les confiner dans la maison ? Dans ce cas, ce ne serait pas un « répit », mais une souffrance
Le fils de ta servante
Le texte parle ici d’un esclave non-juif (Mekhilta)
Et l’étranger
Il s’agit de l’étranger admis à résidence
23,13
Attachez-vous scrupuleusement à tout ce que je vous ai prescrit. Ne mentionnez jamais le nom de divinités étrangères, qu'on ne l'entende point dans ta bouche!
Et de tout ce que je vous ai dit
Le texte fait ici de tous les commandements actifs des interdictions. Car toutes les fois que la Tora emploie le verbe : « garder », il s’agit d’un avertissement ayant valeur d’interdiction (Mekhilta)
Vous ne le rappellerez pas
On ne doit pas dire : « Attends-moi à côté de telle idole ! », ou bien : « Reste avec moi le jour de la fête de telle idole ! » (‘Avoda zara 63b). Autre explication : Les mots : « et tout ce que je vous ai dit, vous le garderez, et le nom d’autres dieux vous ne le rappellerez pas » sont là pour t’enseigner que l’interdiction de l’idolâtrie pèse du même poids que toutes les mitswoth réunies, et que celui en respecte la prohibition est comme s’il les avait observées toutes (Sanhèdrin 63b)
Il ne sera pas entendu
De la bouche d’un païen
Sur ta bouche
Ne t’associe pas avec un païen, car il se pourrait qu’il te prête serment au nom de son idole, de sorte que tu serais la cause qu’il la mentionne à cause de toi (Sanhèdrin 63b)
23,14
Trois fois l'an, tu célébreras des fêtes en mon honneur.
Circonstances (regalim)
Comme dans : « … que tu m’aies frappée en ces trois circonstances (regalim) » (Bamidbar 22, 28)
23,15
Et d'abord, tu observeras la fête des Azymes: durant sept jours tu mangeras des pains azymes, ainsi que je te l'ai ordonné, à l'époque du mois de la germination, car c'est alors que tu es sorti de l'Égypte et l'on ne paraîtra point devant ma face les mains vides.
Du mois du printemps
Celui où la récolte vient à maturité. Le mot aviv (« printemps ») est à rapprocher de av : l’aîné et le premier à mûrir
Et on ne paraîtra pas devant ma face à vide
Lorsque vous viendrez pour « contempler ma face » aux jours de fêtes, apportez-moi des holocaustes (‘Haguiga 7a)
23,16
Puis, la fête de la Moisson, fête des prémices de tes biens, que tu auras semés dans la terre; et la fête de l'Automne, au déclin de l'année, lorsque tu rentreras ta récolte des champs.
Et la fête de la moisson
C’est la fête de Chavou‘oth
Des prémices de tes activités
C’est l’époque de l’offrande des prémices. Les deux pains offerts lors de la fête de Chavou‘oth permettaient l’utilisation de la nouvelle récolte pour les oblations ainsi que la présentation des prémices au sanctuaire, comme il est écrit (Bamidbar 28, 26) : « Et au jour des prémices… » (Mena‘hoth 68b)
Et la fête de la récolte
C’est la fête de Soukoth
Quand tu récolteras tes activités
La récolte, tout au long de la saison chaude, reste à sécher dans les champs, et on la rentre au moment de la fête pour la protéger de la pluie
23,17
Trois fois par an, tous tes mâles paraîtront par-devant le Souverain, l'Éternel.
Trois fois…
Etant donné que notre contexte parle de la septième année, il fallait préciser que les trois fêtes y seront maintenues à leur place (Mekhilta)
Tout ton mâle
Tous les mâles qui seront parmi toi
23,18
Tu ne verseras point, en présence du pain levé, le sang de mon sacrifice; et la graisse de mes victimes ne séjournera pas jusqu'au matin sans être offerte.
Tu ne sacrifieras pas sur du ‘hamets…
Tu n’égorgeras pas le sacrifice pascal le quatorze nissan aussi longtemps que tu n’auras pas fait disparaître le ‘hamets (Pessa‘him 63b)
Et le suif de l’offrande de ma fête ne passera pas la nuit…
Hors de l’autel
Jusqu’au matin
J’aurais pu penser que l’offrande cessât d’être recevable pour avoir passé la nuit même si elle reste sur le bois entassé sur l’autel. Aussi est-il écrit : « sur le brasier sur l’autel toute la nuit » (Wayiqra 6, 2)
Ne passera pas la nuit
L’expression : « passer la nuit » s’applique jusqu’au lever du jour, comme il est écrit : « jusqu’au matin » (Meguila 21a). Mais on peut, pendant toute la nuit, l’enlever du sol pour la déposer sur l’autel
23,19
Les prémices nouvelles de ton sol, tu les apporteras dans la maison de l'Éternel ton Dieu. Tu ne feras point cuire un chevreau dans le lait de sa mère.
Le commencement des prémices de ton sol
On doit offrir les prémices même pendant la septième année. Aussi est-il écrit même ici : « les prémices de ton sol ». Comment procède-t-on ? Si l’on entre dans son champ et que l’on voit une figue qui a mûri, on y attache un brin d’herbe à titre de signe distinctif et on la consacre. Il n’est de prémices que des sept espèces énumérées par le texte (Devarim 8, 8) : « Un pays de froment et d’orge… » (V. Rachi sous Devarim 26, 2)
Tu ne feras pas cuire un chevreau (guedi)
Le mot guedi (« chevreau ») inclut le veau et l’agneau (‘Houlin 113b), comme désignant tout animal tendre. De fait, la Tora emploie à maintes reprises le mot guedi et le fait suivre d’un autre qui en précise la nature, comme dans : « J’enverrai un chevreau de chèvres (guedi ‘izim) » (Beréchith 38, 17), « le chevreau des chèvres (guedi ha‘izim) » (Beréchith 38, 20), « deux chevreaux de chèvres (guedayé ‘izim) » (Beréchith 27, 9), ce qui t’apprend que le mot guedi, toutes les fois qu’il est employé sans précision supplémentaire, peut désigner tout aussi bien un veau ou un agneau. Quant à l’interdiction de faire cuire un chevreau dans le lait de sa mère, elle est écrite à trois reprises dans la Tora : une première fois pour en prohiber la consommation, une deuxième fois pour défendre qu’on en tire profit, et une troisième fois pour en proscrire la cuisson (‘Houlin 115b)
23,20
"Or, j'enverrai devant toi un mandataire, chargé de veiller sur ta marche et de te conduire au lieu que je t'ai destiné.
Voici
Il leur est annoncé ici qu’ils pécheront un jour et que la chekhina leur dira : « car je ne monterai pas au milieu de toi » (infra 33, 3)
Que j’ai préparé
Que j’ai aménagé pour vous le donner – tel est le sens littéral. Quant à l’interprétation midrachique, elle est la suivante : « Vers l’endroit que j’ai préparé » – c’est l’endroit déjà connu pour accueillir ma présence. Ce verset constitue l’un de ceux dont il résulte qu’au sanctuaire d’en bas correspond le sanctuaire d’en haut
23,21
Sois circonspect à son égard et docile à sa voix; ne lui résiste point! Il ne pardonnerait pas votre rébellion, car ma divinité est en lui.
Ne l’irrite (tamèr) pas
Ce verbe exprime l’idée de rébellion, comme dans : « qui se rebellera (yamrè) contre ta parole » (Yehochou‘a 1, 18)
Car il ne pardonnera pas votre transgression
Il n’est pas formé à le faire, car il fait partie de ceux qui ne pèchent pas. De plus, il est un messager et ne fait que ce dont il a été chargé
Car mon Nom est en son milieu
Cette partie du verset complète son début : « Prends garde à lui car mon Nom lui est associé ! » Nos maîtres ont enseigné que c’est le mètatron, dont le nom est le même que celui de son Maître, et dont la guematria (valeur numérique des lettres qui composent son nom) est la même que celle du mot Chaqqaï (Sanhèdrin 38b)
23,22
Que si tu es toujours docile à sa voix, si tu accomplis toutes mes paroles, je serai l'ennemi de tes ennemis et je persécuterai tes persécuteurs.
Je serai le persécuteur
Comme le rend le Targoum Onqelos : « J’écraserai »
23,23
Lorsque mon mandataire, guidant tes pas, t'aura introduit chez l'Amorréen, le Héthéen, le Phérézéen, le Cananéen, le Hévéen, le Jébuséen et que je les aurai exterminés,
23,24
ne te prosterne point devant leurs dieux, ne les sers point et n'imite point leurs rites; au contraire, tu dois les, renverser, tu dois briser leurs monuments.
Détruire
Ces divinités
Leurs monuments
Des pierres qu’ils ont dressées pour se prosterner devant elles
23,25
Vous servirez uniquement l'Éternel votre Dieu; et il bénira ta nourriture et ta boisson et j'écarterai tout fléau du milieu de toi.
23,26
"Nulle femme n'avortera, nulle ne sera stérile dans ton pays; je comblerai la mesure de tes jours.
Il n’y aura pas de femme privée d’enfants
Si tu accomplis ma volonté
Privée d’enfants (mechakèla)
Le mot mechakèla désigne une femme qui avorte ou qui enterre ses enfants
23,27
J'enverrai ma terreur devant toi et je jetterai le trouble en toute population chez qui tu pénétreras et je mettrai tous tes ennemis en fuite devant toi.
Je troublerai (wehamothi)
Le mot wehamothi correspond à wehamamti, que le Targoum Onqelos traduit par : « Je plongerai dans la confusion ». Il en va ainsi de tous les verbes « géminés », dont la deuxième et la troisième partie du radical sont constituées de la même lettre, et dont il arrive, lorsqu’ils sont employés au passé, que l’une de ces lettres se volatilise et que celle qui reste soit ponctuée d’un daguéch et d’un ‘holem, comme ici dans wehamothi, de la même racine que : « la roue de son char passe dans la confusion (wehamam) » (Yecha’ya 28, 28) ; « je me suis tourné (wesabothi) » (Qohèleth 2, 20), de la même racine que : « il a fait le tour (wessavav) de Beith El » (I Chemouel 7, 16) ; « j’ai été dans la misère (dalothi) » (Tehilim 116, 9), de la même racine que : « les fleuves s’appauvriront (dalalou) et se dessécheront » (Yecha’ya 19, 6) ; « je t’ai gravée (‘haqotikh) sur les paumes » (Yecha’ya 49, 16), de la même racine que : « gravés (‘hiqeqei) dans le cœur » (Choftim 5, 15) ; « qui ai-je opprimé (ratsothi) » (I Chemouel 13, 3), de la même racine que : « il a opprimé (ritsats), abandonné les malheureux » (Iyov 20, 19). Celui qui traduit wehamothi par : « je ferai mourir » commet une erreur, car si tel était la signification de ce mot, la lettre hé ne serait pas ponctuée d’un pata‘h et la lettre mèm ne le serait pas d’un daguéch et d’un ‘holem. Le mot se dirait : wehémathi, avec un tséré, comme dans : « Et tu feras mourir (wehémata) ce peuple-ci » (Bamidbar 14, 15), avec un daguèch ponctuant la lettre taw comme tenant lieu de doublement de cette lettre, le premier taw faisant partie du radical du verbe : « mourir », et le second formant un suffixe comme dans amarti (« j’ai dit »), ‘hatathi (« j’ai péché »), ‘assithi (« j’ai fait »). De la même manière, le second taw du mot wenathati (« j’ai donné ») est ponctué d’un daguèch de redoublement car le mot exigerait trois taw : deux appartenant au radical, comme dans : « le jour où Hachem a donné (téth) » (Yehochou‘a 10, 12), ou dans : « un don (matath) de Eloqim » (Qohèleth 3, 13), et un troisième formant un suffixe
La nuque
Ils fuiront devant toi et te présenteront leur nuque
23,28
Je te ferai précéder par le frelon, qui chassera le Hévéen, le Cananéen et le Héthéen de devant toi.
Le frelon
Sorte d’insecte volant qui les frappait à l’œil et y injectait un venin mortel. Le frelon n’a pas traversé le Yardén (Jourdain
Et le ‘Hiti et le Kena‘ani
Le ‘Hiti et le Kena‘ani dont il est question dans notre verset désignent le pays de Si‘hon et de ‘Og. Aussi le texte ne mentionne-t-il ici que ces peuples parmi les sept nations. Quant au ‘Hiwi, il ne résidait pas, il est vrai, de l’autre côté du Yardén, mais nos maîtres ont enseigné dans le traité Sota (36a) que le frelon se tenait au bord du Yardén d’où il lui lançait son venin
23,29
Je ne l'expulserai pas de devant toi en une seule année , car le pays deviendrait un désert et les bêtes sauvages se multiplieraient à tes dépens:
Une désolation
Entièrement dépeuplé, car vous êtes peu nombreux et vous ne suffirez pas à le remplir
Et que se multiplie (weraba) sur toi
Le mot weraba est au passé qu’un waw conversif transforme en futur
23,30
je L'expulserai de devant toi successivement, jusqu'à ce que, devenu nombreux , tu puisses occuper tout le pays.
Jusqu’à ce que tu fructifies
Que tu te multiplies à la manière d’un fruit, comme dans : « Fructifiez (perou) et multipliez » (Beréchith 1, 28)
23,31
Je fixerai tes limites depuis la mer des Joncs jusqu'à la mer des Philistins et depuis le Désert jusqu'au Fleuve; car je livrerai en ta main les habitants de cette contrée et tu les chasseras de devant toi.
Je fixerai (wechati)
Le mot wechati vient de la racine chith. La lettre taw est ponctuée d’un daguèch car elle tient lieu de deux taw : le premier faisant partie de la racine, le second formant un suffixe
Jusqu’au fleuve
L’Euphrate
Tu les chasseras (weguérachtomo)
Le mot weguérachtomo est au passé qu’un waw conversif transforme en futur
23,32
Tu ne feras de pacte avec eux ni avec leurs divinités.
23,33
Qu'ils ne subsistent point sur ton territoire! Ils te feraient prévariquer contre moi; car tu adorerais leurs divinités et ce serait pour toi un écueil."
Car (ki) tu serviras… [car (ki) ce serait pour toi…]
Les deux conjonctions ki de ce verset tiennent lieu de achèr (« lorsque »). Cet emploi est fréquent et correspond à l’une des quatre significations de ce mot, tout comme im dans : « et si (weïm) tu approches à Hachem l’oblation des prémices… » (Wayiqra 2, 14), où il s’agit d’une obligation (Roch hachana 3a)
Comme le rend le Targoum Onqelos : « Tu n’accueilleras pas une nouvelle mensongère ». Interdiction est faite ici d’accueillir la médisance, et défense est faite au juge d’écouter les arguments d’un plaideur hors la présence de son adversaire (Sanhèdrin 7b)