Ça y est, l’heure des vacances est arrivée pour les plus chanceux d’entre vous ! Torah-Box est heureux de vous présenter sa Saga pour un été juif, un article hebdomadaire qui vous aidera et vous donnera des pistes, avec l’aide de D.ieu, pour que cette période soit la plus bénéfique et authentique possible pour votre judaïsme !
Après une année bien remplie, on est enfin ravis d’arriver sur son lieu de villégiature. Mer, montagne, campagne, chacun selon ses goûts peut profiter d’un repos bien mérité. Mais c’est sans compter sur notre compagnon de route indésirable, le Yétser Hara', qui s’est faufilé dans nos valises. En fait, il n’a pas attendu les vacances pour s’attaquer à nous. Dès qu’on les préparait, ces valises, il nous proposait déjà une alternative peu amicale : « Prends pas tes livres d’étude, ça y est, c’est les vacances, quand est-ce que tu vas enfin profiter un peu ? Et puis, ça va charger tes bagages inutilement, tu sais très bien dans le fond que tu vas lire 10 minutes de toutes tes vacances à tout casser, t’es sûr que ça vaut le coup de prendre 3 kilos de livres ? Prends juste ton Sidour, c’est amplement suffisant ! Et encore, tu as une appli sur ton téléphone… » Le Yétser Hara' sait bien que notre temps libre utilisé à bon escient peut être dangereux pour lui ; aussi s’efforce-t-il de nous écarter de l’idée d’en prendre un peu pour le consacrer à l’étude de la Torah.
Et pourtant, c’est précisément pendant les vacances qu’on pourrait prendre notre mauvais penchant à rebours. En effet, si toute l’année, entre nos obligations professionnelles et familiales, les créneaux d’étude de Torah valent cher, pendant les vacances, il est souvent beaucoup plus facile de prendre de larges plages d’heures quotidiennes pour se plonger dans son étude.
Et, le plus fort dans tout cela, c’est que la période des vacances d’été coïncide avec des échéances majeures de notre calendrier : Ben Hamétsarim, la période des trois semaines de deuil de la destruction du Beth Hamikdach, Eloul et les Séli’hot pour le monde Séfarade, et peu après, les fêtes de Tichri. Ces moments forts requièrent une préparation mentale et une révision des Halakhot extrêmement importantes, pour une belle Téchouva avec l’aide de D.ieu.
Alors, comment étudier ?
Tout est une question de préparation : des vacances juives se planifient rigoureusement, qu’on parte à Jérusalem ou à Ibiza (j’aurais tendance quand même à vous conseiller la première destination) !
La première chose, c’est de prévoir une synagogue, ou a minima un point d’ancrage juif à proximité de sa location ou de son hôtel. C’est de plus en plus facile, quelle que soit la destination, avec les centres ‘Habad dans le monde qui assurent les bases du judaïsme dans une centaine de pays. Mais il faut bien y penser avant, et non pas après avoir réservé son nid douillet. Car, éloigné d’une synagogue, les vacances peuvent prendre une tournure spirituelle dramatique : pas de prière en communauté, Téfila seul le Chabbath, pas d’étude dans un lieu approprié, sans compter tous les problèmes de Cacheroute, de pureté familiale… Le retour à la maison sera bien compliqué, si l’on pense, par exemple, à se motiver de nouveau à aller à la synagogue trois fois par jour. Quand on a pris l’habitude de ne pas y aller, pas si simple d’y retourner comme si de rien n’était.
La seconde chose, là-aussi avant le séjour, c’est de prévoir un programme d’étude. Exactement comme on a planifié l’organisation de ses vacances, ou toute autre activité de la vie quotidienne en général (payer ses impôts, préparer une présentation orale pour ses cours ou son travail…), l’étude de la Torah requiert un programme rigoureux, pas seulement pendant les vacances d’ailleurs. Sans Séder d’étude, on prend le risque de s’éparpiller, on peut avoir l’impression d’étudier un peu de tout sans véritablement progresser. Aussi, il peut être une excellente idée d’aérer son programme d’études de vacances. En fonction bien sûr de sa destination, on pourrait par exemple réduire un peu l’étude du Talmud – dans le cas où on étudie seul en vacances, et sans ‘Havrouta, son partenaire d’étude, la Guémara n’est pas recommandée – et ajouter beaucoup de lecture de pensée / d’éthique juive, de Moussar, ou de livres sur l’éducation, le respect des parents... Ces lectures nous permettront d’aborder les échéances précitées avec les pensées adéquates et nous renforceront afin de ne pas commettre d’impair pendant nos vacances !
La troisième chose est de maintenir ou fixer un temps d’étude quotidien. Ce temps pourra être après la prière du matin, le soir après le coucher des enfants, ou avant d’aller manger le soir. Il faudra en déterminer la durée selon nos objectifs, tout en étant réaliste. Mieux vaut une demi-heure quotidienne que 4 heures un beau jour et rien après. S’y tenir fermement permettra de ne pas y déroger, quel que soit le programme des vacances.
La quatrième chose est de penser à dynamiser son étude, ce qui n’est pas toujours facile pendant les vacances. Une brillante idée consisterait à étudier en binôme avec son épouse ou son meilleur ami, afin de rester motivé et de compter sur son partenaire pour nous rappeler à nos bonnes résolutions. De mon expérience personnelle, étudier avec son épouse certains thèmes de Halakha ou de Moussar est une excellente façon de réviser et de progresser en couple. Les domaines halakhiques à étudier ensemble ne manquent pas : Chabbath, Chémirat Halachon, ‘Haguim etc.
Je n’ai jamais étudié la Torah : est-ce que les vacances seraient franchement le moment idéal pour s’y mettre ?
Il est vrai que certains d’entre nous n’ont jamais eu la chance d’étudier, ou en tout cas, de s’y adonner de façon vraiment régulière. Les vacances ne sont manifestement pas le meilleur moment pour démarrer cette résolution. Cela dit, posons plutôt la question dans l’autre sens : je n’ai jamais étudié, est-ce que les vacances ne seraient pas franchement le idéal pour s’y mettre ? Réponse : peut-être bien que si ! Il est certes vrai que des vacances à Jérusalem seraient plus propices qu’un séjour à Marbella pour s’attacher à l’étude. Mais même dans ce second cas, absolument rien, si ce n’est notre Yétser Hara', ne nous empêche de prendre dans nos bagages des ouvrages pédagogiques et motivants pour mieux se connaître, comprendre l’importance de la plus grande Mitsva de la Torah qu’est l’étude et se renforcer ! Les vacances, qui offrent un cadre différent et du temps devant soi, sont vraiment idéales pour penser à soi, réfléchir à sa vie, méditer à propos des directions que l’on souhaite se donner dans l’avenir et changer.
Encore une fois, tout est une question de volonté.
Conclusion : les vacances, c’est précisément le moment rêvé pour une étude inspirante !
Comme l'explique le Rav Ben Tsion Abba Chaoul, les vacances sont nécessaires pour l'homme, et donc voulues par la Torah. Le Gaon de notre génération, Rav Yossef Chalom Elyashiv zatsal, avait lui-même l’habitude de se rendre en famille à Netanya pendant les vacances, sans rien changer à ses habitudes d’étude intensive. Le Rav appréciait particulièrement cette période car il pouvait étudier des journées et des nuits entières sans être dérangé, contrairement à son quotidien dans le quartier de Méa Chéarim de Jérusalem en raison de ses obligations quotidiennes vis-à-vis de son public.
Sans avoir évidemment la prétention de l’imiter, nous pouvons toutefois nous en inspirer grandement : dans le fond, qu’est-ce qui nous empêche d’étudier comme il faut en vacances ? En se posant très sérieusement et sereinement la question, et en s’y préparant, on pourra faire de ses vacances un moment de repos bien sûr, mais aussi un moment de spiritualité rafraîchissant, et ressourçant afin de se préparer à la rentrée, pétris de bonnes résolutions !
Côté Halakha : le regard du Rav Gabriel Dayan
« As-tu fixé des temps d’étude pour la Torah ? » Telle sera l’une des questions à laquelle il faudra répondre lors de notre arrivée au Tribunal Céleste, après 120 ans. Une question essentielle et fondamentale, dont la réponse aura probablement une influence décisive sur la nature de notre jugement.
Nos Sages enseignent en effet que l’étude de la Torah est comparable à l’accomplissement de l’intégralité des 613 Mitsvot présentes dans la Torah. Dans l’absolu, il s’agit de la plus grande Mitsva que nous puissions réaliser, sans aucune contestation possible.
Il est impossible d’être exhaustif sur les innombrables références faisant l’apologie de celui qui s’adonne à l’étude de la Torah, sans parler des bienfaits illimités qu’elle procure.
Cette Mitsva a une valeur toute particulière dans un contexte difficile, comme pourrait l’être les vacances, car nos Sages nous enseignent que « la récompense dépend de l’effort ».
Retrouvez nos cours dédiés aux vacances :
> Rav Yossef ‘Haïm Sitruk : « Vacances : c’est quoi une vraie détente ?
> Rav Nataniel Wertenschlag : « Les vacances, il faut profiter ! »