La Paracha de cette semaine nous invite à réfléchir au lien fondamental qui unit des parents, et plus particulièrement, une mère, à son enfant. La Torah nous indique notamment que la mère doit apporter un sacrifice suite à la naissance d’un enfant et attendre une période de purification.
Ces prescriptions ont suscité de nombreux commentaires dans la tradition juive. Pourquoi la mère doit-elle apporter des sacrifices ? Pourquoi est-elle impure ?
De nombreuses réponses ont été apportées à ces questions profondes : la sacrifice pourrait être apportée en signe d’expiation pour la faute originelle d’Eve qui fut à l’origine des souffrances de l’accouchement (Rabbénou Bahya, Kli Yakar), ou bien pour expier les mauvaises pensées qui ont pu traverser l’esprit de la mère durant le travail - elle aurait pu jurer ne plus avoir d’enfant (Rav Ibn Ezra), ou encore pour remercier l’Eternel de l’avoir laisser en vie (Na'hmanide)…
Toutefois le Rav Jonathan Sacks rapporte une belle explication complémentaire de celles évoquées précédemment. Il fait ainsi remarquer que bien souvent les notions de pureté et d’impureté sont des révélateurs de la finitude de l’homme. En effet, une des conséquences principales de l’impureté consistait à éloigner l’homme ou la femme impure du sanctuaire, et plus du Temple. L’accès à la sainteté est donc impossible dans la mesure où l’homme a été confronté à sa matérialité, sa finitude, sa corporéité. Non pas que le corps soit réprouvé par la Torah et qu’il soit incompatible avec la sainteté, mais l’impureté nait d’une situation où le corps a pris le pas sur le spirituel, et a éloigné l’homme de son lien avec le Créateur.
C’est ainsi que la mort ou le contact avec un mort est la situation d’impureté par excellence, et, de fait, elle signe la fin de la vie humaine, elle met un terme à la capacité de l’homme à donner un sens spirituel à sa dimension matérielle.
De même, les manifestations atypiques du corps qui ramènent l’homme à dimension physique, attirent l’attention sur sa dimension matérielle au détriment de sa spiritualité peuvent créer des situations d’impureté ou encore éloigner l’homme du Temple : c’est le cas des flux menstruels, d’autres sécrétions anormales, de la lèpre, ou encore de certains défauts physiques qui empêchent le Prêtre d’exercer ses fonctions.
Voilà pourquoi la naissance crée également une situation d’impureté : elle témoigne de la finitude de l’homme, du caractère matériel de la nature humaine. A cet égard, la mère qui donne naissance et sort d’un processus où le corps a été à l’œuvre de manière intense doit se soumettre à une période de purification.
Par ailleurs, elle est invitée à apporter des sacrifices suite à cette naissance afin d’éviter un écueil corollaire à la mise au monde d’un enfant : être enclin à considérer son enfant comme sa possession. En apportant une offrande à l’Eternel, la mère reconnait que cet enfant est un don de D.ieu, elle a la responsabilité de l’élever, d’essayer de révéler et de préserver la beauté de son âme, mais elle ne doit pas aller au-delà et penser que son enfant lui appartient. Là encore, cette erreur pourrait être commise si la mère réduisait son enfant au corps qu’elle a mis au monde, oubliant ainsi la dimension spirituelle, et l’âme logée dans chaque être humain et qui le don de l’Eternel.
C’est ainsi que le message porté par ce rituel étonnant pour le lecteur moderne conserve toute sa pertinence et une actualité éternelle : elle rappelle aux parents leur vocation spirituelle au-delà des douleurs de l’enfantement, mais aussi leur responsabilité éminente à l’égard des enfants qu’ils ont mis au monde.