La Paracha de cette semaine, Emor, se termine par la terrible histoire du Mekalel – le fils d’un Égyptien marié à une juive, qui blasphéma le Nom de D.ieu. Les commentateurs affirment que cet homme était d’un niveau spirituel bas. Mais il leur est toutefois difficile d’expliquer que quelqu’un ayant vu le Don de la Torah et ayant souhaité appartenir au peuple juif, puisse tomber si bas en si peu de temps[1].

Les événements qui provoquèrent cette faute peuvent éclairer cette question. Cet individu se trouvait dans une situation particulière et triste, puisqu’il était le seul juif à avoir un père égyptien. De plus, chaque Juif était relié à une Tribu, et ce rattachement était déterminé en fonction du père ; or le sien était non-juif. Il revendiqua l’appartenance à la tribu de Dan, qui était celle de sa mère, mais on la lui refusa. Le Beth Din de Moché Rabbénou trancha en défaveur du Mekalel. Immédiatement après, celui-ci s’engagea dans une dispute et blasphéma le Nom de D.ieu.[2]

Il est évident que cet homme venait de vivre une expérience extrêmement désagréable – être rejeté de son propre peuple. Il fut apparemment la proie d’une colère terrible, qui l’incita à agir de manière tellement négative. Ceci nous rappelle que l’emportement peut être très nuisible, puisqu’il pousse la personne à se comporter de façon surprenante et inexplicable quand elle retrouve son calme.

Le fait qu’il en vint malgré tout à un manquement si grave indique un niveau spirituel bas ; la plupart des gens n’ont pas ce genre de réactions. Néanmoins, chacun à son niveau peut être sujet au feu de la colère qui peut causer tant de mal. Inutile de préciser que le travail sur ce trait de caractère est une tâche ardue qui peut durer toute une vie. L’histoire suivante propose une approche qui peut aider l’individu à réaliser à quel point il paraît stupide quand il se courrouce.

Un homme excellent dans tous les domaines n’avait qu’une faiblesse – son affreux caractère. Au point que toutes ses relations s’envenimaient et risquaient de prendre fin. Après plusieurs tentatives pour corriger ce défaut, il alla consulter le Steipeler zatsal. Ce dernier lui répondit qu’il pouvait résoudre son problème, à une condition – qu’il le regarde fixement pendant quelques minutes, sans tourner la tête. L’étrange requête fut acceptée, bien que son utilité reste énigmatique. Le rav se mit alors à faire des grimaces bizarres rappelant celles d’une personne furieuse, en pleine crise. L’homme comprit alors qu’il avait le même air ridicule durant ses réactions colériques.

Voici une stratégie efficace pour combattre nos défauts en général et celui de la colère en particulier. En voyant ce à quoi nous ressemblons quand nous nous emportons, nous parviendrons au moins à réaliser le non-sens de l’énervement. Cela n’empêchera peut-être pas la personne de se fâcher, mais elle saura qu’après une irritation, il est préférable d’éviter une dispute avec son conjoint, ses enfants, ou toute autre personne, parce qu’il est évident que rien de positif ne résultera d’une telle relation.

Puissions-nous mériter d’éteindre les flammes de la colère qui brûlent nos vies.


[1] Voir Si’hot Moussar, p. 235.

[2] Voir Rachi, Emor, 24:10 pour d’autres explications concernant les événements qui précédèrent ce blasphème.