."La Parachat Emor (22,32) nous dit : "Et je serai sanctifié au milieu des enfants d’Israël
On raconte sur M. Graf Pototsky, le fils d’un noble polonais, que ses parents l’avaient envoyé à Paris étudier dans l’Université des Sciences pour se parfaire dans les sciences de la connaissance. Mais comme il avait découvert l’existence de son Créateur, il se rendit à Amsterdam où il se convertit avant de s’installer à Vilna. Il élut domicile dans l’une des maisons d’études locales où il put se détacher complètement des frivolités de ce monde. Les femmes vertueuses se soucièrent de ce jeune homme qui s’était joint aux habitués des lieux d’étude et l’inclurent dans le groupe des « Perouchim » qui ne quittaient jamais la tente de la Torah et à qui elles apportaient des repas.
Après son arrestation par les autorités suite à une délation, le jeune homme resta ferme dans ses convictions sur l’authenticité du judaïsme et il affirma qu’il était prêt à subir les conséquences de ses positions. S’ensuivirent de longues discussions entre lui, ses parents et le reste de la famille. Mais quand ces derniers virent que le jeune homme ne cédait pas et restait ferme dans ses croyances, il fut remis aux bons soins des inquisiteurs de l’église catholique.
Les efforts de séduction et de persuasion n’ayant pas porté leurs fruits, ils furent remplacés par des tortures cruelles. Mais le jeune Pototsky ne montra aucun regret et il fut donc condamné à mort. L’exécution publique fut prévue sur la place publique de Vilna. Durant toute la période le séparant de l’exécution, les inquisiteurs ne cessèrent pas de le faire souffrir pour le ramener « à la raison » mais le jeune homme resta campé sur ses positions.
Les rumeurs sur le courage manifesté par le jeune Graf Pototsky traversèrent les murs de la prison et parvinrent jusqu’aux maisons d’étude. Le Gaon de Vilna qui fut impressionné par l’abnégation du guèr tsedek (converti) lui transmit ses encouragements pour qu’il puisse endurer les tortures qui l’attendaient. Il lui proposa même de mettre à profit sa connaissance kabbalistique des noms saints pour le sauver des mains de ses tortionnaires.
Mais quand il en eut vent de cette offre, le courageux jeune homme repoussa cette proposition en expliquant : « Depuis que j’ai découvert l’existence du D.ieu de vérité, je prie d’avoir la chance d’accomplir le commandement de sanctifier le Nom Divin et je ne veux pas m’en priver pour sauver mon corps et lui accorder quelques années supplémentaires de vie sur terre. »
D’après une certaine tradition, le Gaon lui aurait rendu visite en prison et l’aurait trouvé inquiet.
« Pourquoi es-tu soucieux ? lui demanda-t-il. Dans quelques jours, tu atteindras le plus haut niveau spirituel, auquel Rabbi Akiva aspirait. Tu vas arriver dans un monde entièrement bon et ta place est réservée dans le palais de ceux qui sanctifient le nom divin en public.
— J’ai de la peine car je ne suis pas d’ascendance illustre, lui répondit Pototsky. Mes parents non-Juifs s’obstinent dans leur refus de reconnaître leur Créateur.
— "Je suis le premier et Je suis le dernier a dit l’Eternel" cita le Gaon. Le Tout Puissant est le Père de ceux qui n’ont pas d’ascendance illustre. »
Ces paroles réconfortèrent le jeune homme qui poursuivit de plus belle sa préparation spirituelle à la sanctification du nom divin.
(D’après une biographie du Gaon de Vilna).