La Paracha de cette semaine parle de la Mitsva de Chémita (ne pas travailler la terre pendant un an). Aujourd’hui, la plupart des gens ne sont pas agriculteurs et cette Mitsva ne semble pas nous concerner personnellement.[1] Pourtant, elle reste pertinente même de nos jours et concerne tous les Juifs. En effet, il existe plusieurs Halakhot quant aux fruits ayant poussé en Erets Israël pendant l’année de Chémita ; ils sont imprégnés de sainteté et doivent être traités avec un respect particulier. Par exemple, il est interdit de jeter des fruits et légumes de la Chémita s’ils n’ont pas encore pourri, il est interdit de les utiliser de manière inhabituelle et de les faire sortir de Terre Sainte. Cette Mitsva nous apprend une leçon fondamentale, celle du Bita’hon (foi absolue) qu’il faut avoir quant aux pertes de récolte que l’on pourrait subir en évitant de travailler la terre, mais qui ne sont en réalité que des bénéfices pour ceux qui respectent la Chémita. L’histoire suivante, racontée par Rav Issakhar Frand, montre que tous les détails de cette Mitsva, s’ils sont respectés, protègent l’individu d’une éventuelle perte, comme l’affirme le verset : « Celui qui garde une Mitsva ne connaîtra rien de mauvais ».[2]

Une résidente de Jérusalem avait une femme de ménage thaïlandaise non juive qui la prévint, un jour, qu’elle comptait retourner dans son pays. L’employeuse juive voulut offrir à sa femme de ménage un cadeau de départ, pour lui montrer son appréciation pour les nombreuses années de bons et loyaux services.

Elle chercha dans toute la maison un cadeau approprié, mais ne trouva rien. Finalement, elle décida de lui donner un sac de pommes à emporter avec elle dans son pays natal. Quand le maître de maison rentra chez lui un peu plus tard et que sa femme lui raconta que la femme de ménage repartait en Thaïlande et qu’elle lui avait offert des pommes pour son départ, il en fut horrifié : « Tu lui as donné des pommes ?! Mais c’est la Chémita ! Ces pommes sont saintes, comment pouvons-nous les lui donner ? Elle ne saura pas les traiter comme il le faut et en plus, il est interdit de faire sortir ces fruits d’Erets Israël ! Ils doivent rester en Terre sainte ! »

La femme ne se laissa pas décourager ; elle sortit immédiatement à la recherche de la femme de ménage, car elle savait quel bus celle-ci prendrait. Elle espérait pouvoir la rattraper. Elle sortit de chez elle et courut jusqu’à l’arrêt de bus, mais arriva juste au moment où celui-ci fermait ses portes et s’éloignait de l’arrêt. Les gens qui attendaient à la station lui dirent que cet autobus prenait un itinéraire sinueux et que si elle courait vers un certain autre arrêt, non loin de là, elle pouvait l’y retrouver dix minutes plus tard.

Elle courut à en perdre haleine, jusqu’au prochain arrêt de bus, mais là aussi, dès qu’elle arriva, elle vit le bus s’éloigner. Elle se mit à faire des signes au chauffeur et les passagers l’aidèrent en demandant au chauffeur de patienter. Finalement, celui-ci freina et notre héroïne put monter, à bout de souffle. Elle regarda autour d’elle et finit par repérer, au fond du véhicule, sa femme de ménage thaïlandaise. Elle courut en sa direction et la femme de ménage se mit à pleurer et lui dit : « Je suis désolée ! Je suis désolée ! Les voici ! » Apparemment, elle avait choisi, elle-même, son cadeau de départ... Elle s’était servie dans la boîte à bijoux de la propriétaire et avait pris ses bijoux les plus précieux. Elle supposait à présent que son employeuse courait derrière elle pour récupérer ses biens. « Voici les bijoux ! Voici les pommes ! Prenez tout, mais ne dites rien à la police ! » La femme juive se contenta de répondre : « D’accord. Je ne préviendrai pas la police. »

Elle fit tout son possible pour respecter le caractère sacré des fruits de Chémita, et Hachem récompensa cette femme en lui permettant de récupérer ses bijoux, alors qu’elle ne savait même pas qu’ils lui avaient été volés.

Cette histoire nous montre bien qu’une personne ne perd jamais à respecter les Mitsvot, même s’il est parfois difficile de comprendre certains événements.

Puissions-nous tous mériter d’observer toutes les Mitsvot, et celle de Chémita en particulier, et de pouvoir en tirer les bénéfices dans ce monde et dans le monde à venir.

 

[1] En dehors des personnes qui possèdent des jardins ou cultivent des plantes.

[2] Kohelet 8,5.