Dans la paracha de cette semaine, on nous énonce plusieurs mitsvot, et Hachem nous enjoint aussi de respecter la Thora dans son ensemble. « Vous obéirez à Mes règles, vous respecterez Mes lois pour aller [évoluer] en elles ; Je suis Hachem, votre D. »[1] Les mots « pour aller en elles » sont ambigus ; qu’ajoutent-ils à l’obligation d’observer les commandements de la Thora ? Le Ktav Sofer répond que dans le langage biblique, le contraire d’aller se dit « omed », qui signifie « se tenir debout ». Ce terme est employé à propos des Anges, dans Yechaya : « Les Serafim [une sorte d’anges] se tiennent près de lui »[2]. Les Malakhim se tiennent debout, c’est-à-dire qu’ils stagnent au niveau spirituel, ils ne connaissent pas d’évolution. La Thora nous demande, à l’inverse, d’être dans une dynamique, de toujours nous efforcer d’améliorer notre niveau spirituel et d’éviter de rester stagnants[3].
Le Ktav Sofer aborde le même point dans la paracha de Bé’houkotaï, sur le verset introducteur : « Si vous marchez selon Mes lois, que vous gardez Mes mitsvot et que vous les exécutez »[4]. Il écrit : « Il n’est pas suffisant que vous respectiez quotidiennement les mitsvot comme vous le faisiez la veille ; vous devez constamment vous élever et accomplir la mitsva de manière plus parfaite et louable. »[5]
Ainsi, en plus du respect des mitsvot, nous devons toujours chercher à avancer dans notre avodat Hachem (service Divin) et l’inertie, sur le plan spirituel, ne doit pas entrer en ligne de compte. D’ailleurs, chez les êtres humains, le fait de rester au même niveau n’existe pas ; soit on avance, soit on recule. Seuls les Malakhim (les anges) sont capables de rester sur place sans régresser. Cette idée est évoquée concernant le Mizbéa’h auquel le Cohen accédait par une pente et non par des escaliers. Pourquoi ? Lorsque l’on se trouve sur un sol incliné, on doit se pencher en avant pour garder l’équilibre. Si l’on veut rester vertical tout en demeurant immobile, la déclivité de la pente nous obligera à reculer. On ne peut rester sur place que si l’on s’incline vers avant et on ne parviendra à avancer que si l’on fait un mouvement encore plus énergique. En revanche, quand on monte des marches d’escalier, on est capable de rester droit et immobile sans craindre de tomber en arrière, puisque le terrain est plat. Cela nous apprend que quand il s’agit de la avodat Hachem, il faut fournir un effort pour rester stable et déployer une énergie d’autant plus grande pour évoluer[6]. Cela ressemble un peu à quelqu’un qui tente de monter sur un « escalator » qui descend.
Pourquoi l’absence d’efforts nous fait régresser et non rester au même point ? C’est parce que le yétser hara (le mauvais penchant) essaie constamment de nous faire rétrograder spirituellement. Donc, si l’individu n’est pas actif dans son ascension, il dégringolera inévitablement, puisque le yétser hara se chargera de le pousser en arrière et qu’il n’y aura pas de force opposée pour lui permettre de garder l’équilibre.
Ainsi, la progression est primordiale dans la Avodat Hachem et il n’est pas acceptable de stagner dans la spiritualité. Cette leçon est très pertinente alors que nous approchons de la fête de Pessa’h, qui est un moment propice au renouveau. Celui qui est déterminé à faire de gros efforts pour progresser dans la avodat Hachem bénéficiera d’une grande siyata diChemaya (aide Divine) durant Pessa’h. Et même après la fête, le Omer (période qui sépare Pessa’h de Chavouot) est un moment opportun pour raffiner son caractère en vue du Don de la Thora. Bien évidemment, il est important de ne pas prendre trop de choses sur soi ; il est peut-être plus recommandé de se concentrer sur un domaine dans lequel la routine s’est installée et de l’améliorer. Cela peut porter sur le respect du Chabbat, l’étude de la Thora, la prière, la chemirat halachon (s’abstenir de médire sur autrui), le mariage, l’éducation, etc. Si l’on souhaite véritablement s’élever et que l’on y déploie d’importants efforts, alors notre réussite est certaine.
[1] Vayikra, 18:4.
[2] Yéchaya, 6:2.
[3] Ktav Sofer al HaThora, Vayikra, 18:4 et Tallelé Oroth, au nom du Ktav Sofer, Vayikra, 18:4.
[4] Vayikra, 26:3.
[5] Ktav Sofer, Vayikra, 26:3.
[6] Entendu du rav Motty Berger chlita, maître de conférences à la Yéchiva Aish Hatorah.