La première des trois plaies décrites dans la Parachat Bo de cette semaine est celle des sauterelles. Hachem enjoignit à Moché Rabbénou d’avertir Pharaon que s’il refusait de renvoyer le peuple juif, Il enverrait des sauterelles sur le territoire égyptien. [1]Le Midrach souligne l’emploi des mots « dans tes frontières » et précise « et non dans les frontières des enfants de ’Ham … car lors de la plaie des sauterelles, on sut où les frontières d’Égypte se situaient. »[2] Ainsi, les terrains limitrophes étaient disputés et ils furent bien définis lors de la plaie des sauterelles.
Précédemment déjà, la Torah parle de cette idée de délimitation des frontières, lors de la plaie des grenouilles qui mit fin au désaccord entre le peuple de Kouch et l’Égypte. Les grenouilles n’aidèrent manifestement pas à régler les différends concernant les frontières entre l’Égypte et les terres de Bné ’Ham[3]. Le Maharzav[4] note que lors de la plaie des sauterelles, le terme « frontière » est écrit « Guévoulékha », ponctué avec un Ségol et impliquant la pluralité (comme s’il y avait un Youd dans le mot). Il y eut donc plus d’une dispute réglée lors de cette plaie, ce qui laisse sous-entendre que plusieurs nations étaient opposées. À l’inverse, pour les grenouilles, le mot utilisé est au singulier, « Guévoulkha », indiquant une friction avec un seul peuple – Kouch.
Qui plus est, les plaies précédentes ne touchèrent que la terre d’Égypte, et non les endroits habités par les Juifs. Donc si des Bné Israël résidaient dans ces territoires, la délimitation de la frontière n’était pas claire. Par contre, les sauterelles pénétrèrent aussi dans les territoires habités par les Juifs – mais ne les endommagèrent pas – afin que ceux-ci puissent les consommer (une fois mortes). C’est en cela qu’elles fixèrent les terres égyptiennes et celles appartenant aux Bné ’Ham.
Le fait que les sauterelles entrèrent également chez les Juifs sans leur causer de tort nous rappelle que les concepts de « bien » et de « mal » sont subjectifs, dans ce monde. On a souvent tendance à penser que la maladie, les souffrances et la douleur sont « mauvaises » tandis que la richesse, le mariage, etc., sont « positifs ». Mais parfois, les « mauvaises » choses peuvent s’avérer bénéfiques chez certaines personnes et inversement. La façon de réagir à la situation détermine davantage s’il s’agit d’une bonne chose que la situation elle-même.
Rav Rosenblatt explique que le « bien » nous permet de devenir plus divins, plus proches de D.ieu. La Torah, les Mitsvot, les bonnes actions… sont « bien ». Hachem Lui-même est bon. Et inversement, le mal est ce qui nous éloigne de D.ieu – source, origine de toute bonté.[5] Donc si une personne se rapproche d’Hachem aux suites d’une maladie, cette dernière aura été « bonne » et si un homme s’éloigne de son Créateur après avoir gagné au loto, son gain sera « négatif ».
La plupart du temps, c’est la réaction des gens et leur conception des choses qui seront déterminantes quant aux conséquences des événements qui surviennent – s’ils seront négatifs ou positifs.
[1] Chémot, 10:4.
[2] Chémot Raba, 10:4.
[3] Il s’agit de plusieurs nations issues du fils de Noa’h, ’Ham. Les Égyptiens faisaient également partie des descendants de ’Ham.
[4] L’un des commentateurs du Midrach, écrit par Rav Zéev Wold Einhorn.
[5] Why bad Things don’t happen to Good People, p.27.