Tout occupés à visionner les matchs du moment, on risque de rater des items d’actualité importants qui passent sous le radar du Mondial 2022. 

Personnellement, les anecdotes qui ont lieu autour et hors du stade m’interpellent plus que le nombre de pénaltys que le Costa Rica a encaissés. 

À ce propos, nous avons relevé dans le petit - mais tellement révélateur - album de la Coupe du Monde, que…

Les supporters japonais, après que leur équipe ait battu l’Allemagne 2-1 (énorme surprise si j’en crois les commentaires) vont, avec leur self-control et leur autodiscipline légendaires, sortir des sacs poubelles et nettoyer le stade de fond en comble au lieu de se laisser aller à leur liesse ; il ne restera pas de confettis, canettes de bière et papiers gras derrière les fils du Soleil Levant. Like !

L’équipe perse ne va pas chanter son hymne national, manifestant ainsi sa solidarité avec les émeutes contre le régime qui se déroulent en ce moment en Iran. On n’ose pas imaginer ce qu’ils vont « se ramasser » à leur retour : ça, c’est plus que du sport, c’est carrément de l’héroïsme. 

Le joueur suisse Breel Embolo qui marque le but décisif pour son équipe helvétique devant le Cameroun, retient son enthousiasme et n’éclate pas de joie, car lui-même, ironie du sort, est d’origine camerounaise et a ainsi “marqué” contre son ancienne patrie. Respect pour la famille restée là-bas et les copains d’autrefois. Très beau. 

Comme en ce moment, le terrain est libre et que ces messieurs sont occupés aux pronostics de la demi-finale, nous devenons, mesdames et mesdemoiselles, les vestales de l’info, les gardiennes de but de l’actualité. Profitons en, et entrons dans les coulisses du Mondial et du sport en général, pour voir si ce qui s’y passe est vraiment de la Culture… physique.

Petite mise au point 

Le sport, qui dans l’antiquité glorifiait le corps, et qui spécialement chez les Grecs incarnait la philosophie du beau, de la perfection, de la ressemblance avec leurs divinités, a eu bien plus tard, et spécialement avec Coubertin, la vocation d’être un faiseur de paix, un rassembleur de nationalités, le dénominateur commun de l’humanité. Le Baron, fondateur des JO, qui fut, précisons-le quand même, fervent admirateur d’Hitler, prononça dans le discours de clôture des Jeux de 1936 à Berlin, cette phrase : « Que le peuple allemand et son chef soient remerciés pour ce qu’ils viennent d’accomplir... » Aïe. Alors que la politique d’Hitler sur la question juive était on ne peut plus claire, que les arrestations et pogroms battaient leur plein, les nations et M. Coubertin ont acheté la démoniaque mise en scène de Goebbels, génial ministre de la propagande du troisième Reich. Ce dernier saura utiliser l’événement pour exhiber à un monde qui ne demandait qu'à se laisser convaincre, une Allemagne de normalité et de tolérance ; ceci grâce, entre autres, à la réalisatrice Leni Riefenstahl, qui filmera les exploits de la “race des seigneurs ” dans son film Les Dieux du Stade

Adolf HilterCamera ancienne

L’idéal comme toujours tient mal le choc de la réalité, et il faut se rendre à l'évidence : la noble institution des compétitions sportives ne réussit pas à garder la tête au-dessus des gros billets et des sympathies politiques douteuses.

Mais revenons à 2022, où argent et pots-de-vin seront le fin mot d’un Mondial qui va avoir lieu au Qatar, malgré ses températures extrêmes ; l'événement sera d’ailleurs déplacé exceptionnellement en hiver (du jamais vu !) pour parer aux terribles chaleurs désertiques. Les milliers d’ouvriers (on parle de plus de 6000) qui ont payé de leur vie la construction des 8 stades titanesques n’ont pas vraiment ému qui que ce soit, et certainement pas la FIFA. Son patron Sepp Blatter, maître absolu des lieux jusqu’en 2015, Minotaure indiscuté, ressemble plus à un parrain à scandales, recevant des salaires annuels de 3.5 millions d’euros, qu’à l’honorable dirigeant d’une association sportive. 

Diaporama de stade de foot

Étonnamment, les sacrifiés du Qatar qui travaillaient depuis 2010 à la construction de cette monstrueuse infrastructure sportive (morts d’accidents, d'insuffisance rénale à cause de la soif, payés à 1 euro par jour, ou pas payés du tout) n’ont pas provoqué l’émotion que les boat people clandestins qui essayent désespérément d’accoster les côtes italiennes ont, eux, éveillée. Cela reste pour moi, la profane, un mystère. À moins que la finalité du foot, érigé en idole à qui on se doit d’immoler des victimes, justifierait tous les moyens… En tous les cas, aucun pays n'a boycotté la Coupe !

Israël, out ?

L’Etat hébreu, qui rêve d’être accepté à part entière dans la grande famille des nations, égale parmi les égaux, a depuis depuis sa création, mis la barre un peu plus bas : faute d’être aimé, il se serait suffi d’un « au moins qu’on ne nous déteste pas. » Mais ça non plus, ça ne « marche » pas ! En hébreu dans le texte : “Zé lo holekh !” 

Le Qatar, vitrine de fairplay sportif oblige, a laissé entrer des Israéliens sur son territoire, mais pas de gaieté de cœur. On leur a demandé de ne pas se faire remarquer, et ce, certainement pas par souci pour leur sécurité…

Deux journalistes sportifs israéliens, Raz Che’hnik et Oz Mouallem, envoyés spéciaux sur place, ont écrit, à l'étonnement des lecteurs, ces quelques lignes qui en disent long sur l’ambiance qui règne dans, et en dehors des faramineux stades du Qatar :

« Après 10 jours à Doha, chers lecteurs, alors que nous n’aurions pas voulu en parler, la réalité ici vous frappe en pleine figure : on ne veut pas de nous. Comme nous l’a dit un Qatarien plutôt sympathique avant que naïvement, nous ne lui révélions notre origine, et alors que son sourire s'effaçait : « J’aurais voulu vous dire Bienvenue, mais vous ne l’êtes vraiment pas. Débarrassez le plancher ! » 

Free palestine au stade de foot 

Penauds, déboussolés, honnêtes à l'extrême, ils continuent leur compte-rendu, qui devient plus une réflexion philosophique qu’un briefing sportif :

« Les seuls à nous sourire sont les Saoudiens. À part eux, chaque mention de notre véritable nationalité réveille chez nos interlocuteurs des réactions violentes, malédictions, disputes, et nous avons fini par nous présenter comme venant de l’Équateur. Innocemment, je pensais que je venais à un événement sportif mondial global, et pour la première fois de ma vie, l’amère vérité m’est apparue. Je suis un homme de centre, libéral, ouvert, qui désire faire la paix avec mes voisins : jusqu’ici, j’ai toujours cru que le problème venait des gouvernements, des dirigeants, de chez nous comme des autres. Mais ici, j’ai reçu une « claque ». La haine est dans la rue, ils veulent nous effacer de la planète, et tout ce qui est lié à Israël réveille chez eux une réaction terriblement haineuse. »  Et enfin, de conclure :

« Pardon pour le pathos, vous pouvez arrêter là la lecture. Mais ici, vues du Qatar, nos disputes en Israël, au pays, semblent tellement inutiles et stupides. Si nous n’arrivons pas à nous rassembler, à nous unir, à être un peuple UN - sorry pour le cliché -, si on continue à se disputer, que ce soit sur les routes, pendant les élections, à la Knesset, pour un oui, pour un non, alors notre situation devant cette vague déferlante d'excessif ressentiment contre nous, peut vraiment nous engloutir. » 

Leur compte-rendu ressemble à un Dvar Torah

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Le Juif, confronté à la réalité, se réveille. Les rêves du Mondial et de l’idéal sportif se dissipent au son des jurons de supporters échauffés à la vue d’un “occupant sioniste.” 

Tellement dommage que trop souvent, la haine des peuples soit le catalyseur de l’éveil de notre identité et de notre quête d’unité. 

Mais si tout ce Mondial 2022 peut avoir fait réfléchir ne serait-ce qu'un Juif, ne serait-ce que ces journalistes israéliens, ébahis et hébétés devant les évidences, cela en aura valu la peine.  

Et allez savoir si ce n’est pas pour eux, que tout cela a eu lieu…

Organisateur de la coupe du monde au Qatar