Dans la parchat Noa'h (6, 19), il est dit : "וּמִכָּל הָחַי מִכָּל בָּשָׂר שְׁנַיִם מִכֹּל תָּבִיא אֶל הַתֵּבָה לְהַחֲיֹת אִתָּךְ" (et de tous les êtres vivants, de chaque espèce, tu en recueilleras deux dans l’arche pour les conserver avec toi).
Rabbi Lévi a enseigné : lorsque le Saint béni soit-Il dit à Noa’h de faire entrer dans l’arche deux spécimens de chaque espèce, chacune entra avec son compagnon. Le Mensonge vint et demanda à entrer dans l’arche. Noa’h lui dit : « Tu ne peux entrer dans l’arche que si tu amènes un compagnon. » Le Mensonge repartit pour se mettre en quête d’un compagnon. Il rencontra ‘Mara’ (la force du mal préposée à soustraire l’argent des êtres humains). « D’où viens-tu ? » demanda-t-elle. Le Mensonge répondit : « De chez Noa’h qui ne m’a pas laissé entrer dans l’arche car je n’avais pas de conjointe. Voudrais-tu le devenir ? » « Que me donneras-tu en échange ? » demanda-t-elle. Il lui dit : « Je te promets que tous mes gains, c’est toi qui en bénéficiera. » Le marché fut conclu, et tous deux entrèrent dans l’arche. A leur sortie, le Mensonge allait et ramassait et Mara prenait son dû en premier. Le Mensonge alla se plaindre chez Mara: « Où sont tous les gains que j’ai faits ? » Celle-ci lui répondit : « N’était-ce pas là notre accord ? Tous tes gains, c’est moi qui en bénéficierai. » Le Mensonge resta sans voix face à cet argument ; c’est pourquoi il est dit : « Il conçoit le mal, et enfante le mensonge. » De même, le proverbe dit : « Le mensonge enfante, et la Mara prend » (Midrach Cho’her Tov, psaume 7).
Nous apprenons du passage ci-dessus qu’un devoir sacré incombe à l’homme de se conduire avec droiture dans ses affaires et de s’éloigner du mensonge et de la ruse. Et s’il s’attache à la qualité du émet, tous ses biens seront bénis et la Mara n’aura guère d’emprise sur eux.
Rabbi Chimon ben Chéta’h demanda un jour à ses disciples de lui acheter un âne dans le but de transporter des charges d’un endroit à l’autre. Ses disciples se mirent en route et trouvèrent un âne en vente appartenant à un Ismaélite. Ils l’achetèrent auprès de ce dernier et le rapportèrent chez Rabbi Chimon ben Chéta’h. Quand ce dernier vit la bête, il remarqua qu’une pierre précieuse était suspendue à son cou. Ses disciples déclarèrent : « "C’est la bénédiction de l’Eternel qui enrichit" (Michlé 10, 22). D.ieu t’aime, et par le biais de cet âne que tu as acquis, tu as gagné une pierre précieuse d’une valeur inestimable. »
Rabbi Chimon ben Chéta’h leur répondit : « Allez, je vous prie, rendre cette pierre précieuse à l’Ismaélite. J’avais l’intention d’acheter uniquement un âne, et non pas une pierre précieuse en plus. Je ne cherche pas à faire fortune, je préfère que le nom de D.ieu soit sanctifié par mon intermédiaire. » Les disciples reprirent la route, et restituèrent la pierre précieuse à son propriétaire. Celui-ci déambula en criant à tue-tête : « Béni soit le D.ieu de Chimon ben Chéta’h ! », et le nom de D.ieu fut ainsi sanctifié en public (Yérouchalmi, Baba Metsia 2, 5).