Dans la paracha Béréchit, la thora nous parle de la création du premier couple, celui de Adam et ‘Hava. Cet épisode nous offre l’occasion de parler de l’un des sujets les plus délicats dans la vie matrimoniale : le chalom baït (l’harmonie dans le couple).
La triste réalité montre que de nombreux couples ne s’entendent pas, et ne vivent pas dans l’entente idéale que devrait caractériser la vie matrimoniale. Essayons de voir quelques conseils qui pourraient améliorer et affermir la bonne entente au cœur du foyer. Notons que ce cours est également destiné aux célibataires, puisqu’il les aidera dans leur comportement au sein de la collectivité et permettra aussi un apprentissage des conduites générales à adopter.
Voici quelques conseils "techniques" reçus de mes maîtres, mais il faut savoir que c’est l’accomplissement des mitsvot qui constitue avant tout la base du chalom baït. Ainsi, bien que les recommandations qui suivent sont adressées à tous les foyers, si l’on veut que l’impact dure longtemps et sérieusement, il est absolument nécessaire d’avoir une maison de thora, c’est-à-dire de respecter sérieusement la thora et les mitsvot. Le manque de thora constitue la principale raison des discordes dans le couple et les recommandations qui suivent ne seront sérieusement applicables si le couple ne respecte pas la thora.
[Le talmud rapporte qu’en Hébreu, l’homme est appelé "Ich" et la femme "Icha". Ces deux mots sont composés du mot "éch" (le feu) ainsi que de la lettre "youd" chez l’homme et de la lettre "hé" chez la femme. En plus du mot "éch" (le feu), le couple comporte les lettres "youd" et "hé" qui forme l’un des noms de D’. Ainsi, conclue le talmud, tant qu’Hachem est présent dans le foyer, tout va bien. Mais lorsque la thora n’est pas observée dans la maison, Hachem s’en va et il ne reste plus que "éch", le feu, qui consume la maison.]
Voici donc deux principes qui pourront, avec l’aide du Ciel, restaurer ou améliorer le chalom baït :
La compréhension de l’autre
L’incompréhension est à la base de nombreux problèmes. En effet, chaque personne a ses propres perceptions et pense que tout le monde vit avec les mêmes sentiments. Ainsi, il arrive qu’un sujet soit capital pour l’un des conjoints, tandis qu’il paraît banal pour l’autre. Cela mènera à une incompréhension qui risquerait d’être interprétée comme un mépris.
On peut imaginer qu’une femme soit angoissée de voir son petit enfant se tenir debout près d’un cours d’eau et que le mari n’est pas du tout inquiet de cette situation. L’épouse s’adresse donc à son mari et lui fait part de son anxiété, en attendant qu’il éloigne l’enfant du danger.
Mais voici que de son côté, le mari ne voit aucun risque et ne s’empresse pas du tout de "s’exécuter". Au contraire, il se moque presque de cette peur qu’il qualifie d’idiote… La femme interprète alors ce manque d’attention comme un mépris volontaire et on s’imagine déjà la suite de cette affaire si banale…
Si le mari avait compris que chacun réfléchit différemment, il aurait pris en considération les sentiments de son épouse et cette discorde aurait pu être évitée. Du côté de la femme aussi, elle s’est sentie agressée, du fait qu’elle pensait que son mari comprenait la même chose qu’elle. Elle a donc pris l’indifférence de son mari comme un mépris envers elle.
Cette configuration se retrouve sous différentes formes, comme par exemple : l’un des conjoints est triste et l’autre heureux, l’un se sent en pleine forme et l’autre se sent mal etc., chacune de ces situations pouvant causer des incompréhensions et des discordes ! Il est donc indispensable de s’habituer à ne pas juger l’autre comme nous réfléchissons nous-mêmes, mais de le savoir différent. (Les sensations d’autrui ne sont pas toujours absurdes, même si elles peuvent le paraître à nos yeux. Et même lorsqu’elles sont vraiment absurdes, qui dit que nous n’avons pas nous aussi des absurdités ?)
La modestie, s’annuler devant l’autre
La modestie est l’un des principes capitaux dans notre service divin, mais elle est aussi indispensable pour faire résider l’harmonie et la joie dans un couple. En effet, la majeure partie des disputes commence par des sujets tellement banaux. Une petite discussion peut se transformer en une "grande guerre" vu qu’aucun des deux conjoints n’a voulu admettre son erreur.
Lorsque la modestie est présente dans le couple, de nombreuses querelles sont évitées. Attention, ce n’est pas juste à celui ou à celle qui a fait l’erreur d’utiliser ce remède pour préserver (ou restaurer) le chalom. Même celui qui est sûr d’avoir raison doit être prêt à s’annuler pour préserver la paix au sein du couple. Dans les Yéchivotes, on prépare le hatane (le fiancé) au mariage. On lui apprend que s’il y a eu une dispute, il faut qu’il aille offre un bouquet de fleur ou une petite attention à son épouse en acceptant qu’il a fait une erreur (même si c’est la femme qui a fait l’erreur).
Certains ne comprennent pas ce message et prétendent qu’il ne faut pas s’annuler si c’est l’autre qui est en tort. Il faut juste savoir que nous ne sommes jamais perdants d’annuler notre volonté devant les autres (et qu’il vaut sûrement mieux abandonner nos beaux principes que d’abandonner le chalom baït !).
Il existe encore de nombreux conseils et précautions à avoir dans la vie familiale, mais je n’en ai pas parlé afin de ne pas charger de trop le lecteur. En associant les prières pour mériter de l’harmonie et en accomplissant les mitsvot, le couple retrouvera béézrate Hachem l’entente tant espérée !
Prions pour que tout notre peuple vive en paix et dans la joie, amen ! Qu’Hachem nous donne la volonté de Le servir constamment et que nous puissions voir prochainement la venue du machia’h, amen !