Il est écrit dans la Paracha Béhaalotékha : "וְהָאִישׁ מֹשֶׁה עָנָו מְאֹד מִכֹּל הָאָדָם אֲשֶׁר עַל פְּנֵי הָאֲדָמָה" (Et l’homme Moché était extrêmement modeste, plus qu’aucun homme sur la surface de la terre. (Bamidbar 12, 3).
Rabbi Yo'hanan a dit dans le Talmud : le Tout-Puissant ne confère le don de prophétie qu’à celui qui est fort, riche, sage et modeste, à l’instar de Moché qui était pourvu de l’ensemble de ces qualités. La Torah témoigne ainsi de sa modestie : « Et l’homme Moché était extrêmement modeste » (Nédarim 38a).
Le Ramban explique que la Torah nous enseigne ici la grandeur de Moché qui du fait de sa grande humilité ne répondait pas à ceux qui le vilipendaient. Et c’est pour cette raison que le Tout-Puissant se chargea lui-même de le défendre.
À ce propos, le ’Hafets ’Haïm écrit dans son livre Chémirat Halachon : « L’homme qui a été humilié et comprend que l’humiliation qu’il subit est l’effet de la volonté divine, qui accepte la sentence du Ciel et se tait en face de ceux qui le traînent dans la boue, sera élevé par son Créateur tant dans ce monde-ci que dans le monde futur. C’est ainsi que le Roi David mérita d’être « le quatrième pied » du trône céleste sur lequel repose la Présence divine du seul fait qu’il s’abstint de répondre aux imprécations de Chimi ben Guérah, quand celui-ci l’insulta et le maudit au vu de tous. »
Racontons une histoire. Rabbi Yéhouda Tsadka était un homme particulièrement modeste qui pardonnait toujours l’atteinte portée à son honneur. Un jour, on lui glissa à l’oreille : « Quelqu’un profère des paroles honteuses à votre sujet. »
Il s’écria immédiatement : « Je lui pardonne ! Je lui pardonne ! » Il ne voulut pas connaître l’identité du médisant ni encore moins, la teneur de ses paroles. Il ajouta même : « Quant à ce qu’il pourrait dire par la suite sur moi, je le lui pardonne d’emblée. »
On raconte qu’un jour, un père attendait son fils dans sa voiture. Comme celui-ci tardait à venir, l’homme passa sa tête par la fenêtre et l’appela à voix haute : « Moché ! » À cet instant, le grand décisionnaire, Rav Moché Feinstein passait dans la rue. Quand il entendit l’homme prononcer son nom, il s’approcha de la voiture et demanda ce qu’on lui voulait.
L’homme, tout décontenancé, essaya de se disculper : « Que le Rav me pardonne, j’étais en train d’appeler mon fils qui s’appelle Moché, il ne me serait jamais venu à l’esprit d’appeler le Rav par son prénom !
— N’aie crainte, lui répondit le Rav. Cela fait déjà bien des années que je n’accorde plus aucune importance à ce genre de détails. »