Oui, vous avez bien lu ! Il y a des personnes pour qui cette période de confinement a constitué une période de bonheur, qui « malheureusement » touche à sa fin et réveille de la nostalgie. Mais qui sont donc ces drôles d’individus qui pensent ainsi ?
Ce sont ces femmes qui dans le passé ont dû très vite quitter la maison pour aller chaque jour travailler et aider leur mari dans la subsistance qui s’avérait insuffisante. Ce sont ces enfants qui ouvraient la porte de la maison avec la clé accrochée autour du cou, après l’école, et qui attendaient leurs parents revenir du travail, tout seuls. Ce sont ces couples qui ne trouvaient pas de temps pour converser, pour boire ensemble un café, décontractés, ces parents qui enfin ont trouvé dans leur emploi du temps des plages leur permettant de s’occuper de leurs enfants et jouer avec eux. Ce sont aussi ces hommes qui n’avaient jamais vraiment eu l’opportunité de se donner de longues heures consécutives à l’étude de la Torah, et qui commencent à goûter les félicités du Monde Futur, dans ce monde-ci. Leur point commun à tous : avoir connu pendant cette période de confinement des moments de répit et de bonheur.
En fait cette expérience ouvre un abcès qu’on essayait d’étouffer avec un pansement mais qui causait des douleurs : peut-être faudrait-il opérer des changements dans le quotidien, même si la subsistance en pâtirait car après tout, on peut aussi vivre avec moins d’argent. On ferait des vacances moins coûteuses, des Bar-Mitsvot en petit comité et, au fond, sommes-nous vraiment obligés de changer de salon ou de voiture comme l’ont fait les voisins ?
Au lieu d’attendre les vacances pour se payer des plaisirs, vivons notre quotidien au maximum. Il y a tellement de petits détails de la vie pouvant nous combler : s’émerveiller devant un coucher de soleil, accompagner son enfant à l’école main dans la main, lire une lecture intéressante, entendre une agréable musique, manger un repas en famille, faire du sport, etc.
On peut être très heureux sans rouler vite avec le dernier modèle de voiture X, sans s’acheter le parfum Y, sans boire de cola Z, sans voyager aux iles H, sans le dernier modèle de Smartphone O. Nous pouvons vivre sans regarder cette vidéo montrant une collision en chaîne de voitures, ni l’erreur grotesque d’un politicien lors de son discours, ni même cette bagarre entre des footballeurs lors d’un derby. Les déboires d’amour de telle star, les manigances du maire d’une ville, le sauvetage d’une baleine ou le renversement du pouvoir de l’autre côté du monde ne devraient pas être le centre de nos émotions.
En fait, avec toute l’horreur et les calamités que le coronavirus a provoquées, il a aussi été pour beaucoup d’entre nous l’occasion de faire un break dans la course astreignante de la vie moderne et de réfléchir à la direction à donner à notre vie. Les domaines concernés sont divers : couple, éducation, rapports humains, travail, épanouissement personnel et évidemment nos devoirs en tant que Juifs et serviteurs de D.ieu.
Il est intéressant de rapporter le témoignage du Rav Kaufman dans une vidéo sur le sujet du confinement (site Torah-Box), qui disait que selon la ‘Hévra Kadicha (les pompes funèbres) en Israël, on constate de façon incroyable une diminution très nette du nombre de décès depuis l’apparition du virus. Il y a bien évidemment dans ces données la marque de la bonté de D.ieu, mais on peut aussi relever le fait que le confinement engendre moins d’accidents de voiture, de crises cardiaques et d’attaques cérébrales dont la source est très souvent le stress, maladie des temps modernes, et dont on souffre tellement dans notre quotidien.
Alors, n’en restons pas seulement à la nostalgie, essayons de redresser ce qui peut être redressé, et d’opérer des changements là où cela est nécessaire, avec courage et détermination.