Âgé de 86 ans, Sami Rohr avait consacré une partie de son immense fortune à soutenir les activités du mouvement Loubavitch.
Avec la disparition de Sami Rohr zal, le monde juif perd l’un de ses plus généreux donateurs. On estime ainsi que ce milliardaire américain d’origine allemande qui s’est éteint à l’âge de 86 ans la semaine dernière en Floride, avait fait don de 250 millions de dollars à des œuvres juives diverses à travers sa fondation, la Rohr Family Fondation.
Né en 1926 à Berlin au sein d’une famille aisée et investie dans la vie communautaire, Sami Rohr avait fui l’Allemagne en 1938 après la Nuit de Cristal. Réfugiés en France, les Rohr avaient réussi à rejoindre la Suisse au début de l’Occupation. De retour en France après la Libération, Sami Rohr part s’installer en Colombie en 1950, suivant les conseils de son père qui craint un conflit entre les deux blocs.
Doué pour les affaires, Sami Rohr qui a entre-temps épousé Charlotte, dont la famille appartient à la ‘hassidout de Belz, bâtit rapidement une immense fortune sur le continent sud-américain.
Mais c’est grâce à son action philanthropique qu’il va se faire connaître. À Bogota d’abord, où il finance l’installation du premier Beth ‘Habad de Colombie, puis dans l’ancienne Union Soviétique où ses affaires le conduisent à la chute du Rideau de fer. Il y découvre les dégâts causés par 70 ans de communisme sur la vie juive. Ses dons, déjà très importants, prennent alors une dimension tout à fait exceptionnelle et il investit d’énormes moyens pour permettre aux envoyés du mouvement Loubavitch d’agir dans l’ancien empire rouge.
Selon une information jamais démentie par Crown Heights, Sami Rohr prenait ainsi en charge le salaire de 500 chlou’him ‘habad à travers le monde. S’il se considérait lui-même comme un « modern orthodox », fidèle au Torah im dere’h Eretz développé au sein du judaïsme de son Allemagne natale, il ne cachait pas son admiration pour l’immense contribution du mouvement Loubavitch au développement du judaïsme de Diaspora. Une admiration qui se traduisait par des chèques à plusieurs zéros.
« Un peu avant ma Bar Mitsva, mon père m’a fait asseoir dans son bureau et m’a expliqué que D.ieu accordait la richesse matérielle à certains pour qu’ils aident les autres et que la seule manière pour une famille juive de conserver sa fortune consistait à respecter la mitsva du maasser en donnant un dixième de ses revenus à la Tsédaka », avait une fois raconté Sami Rohr pour expliquer sa philanthropie.
Une leçon que le milliardaire, qui s’était installé avec sa famille en Floride en 1981, s’est efforcé de transmettre à ses deux filles, Evelyn et Lillian et à son fils Georges. Très actifs au sein de la fondation caritative familiale, ils lui avaient réservé une surprise pour ses 80 ans en 2006, en créant un prix littéraire à son nom doté de 100 000 dollars récompensant chaque année un ouvrage de littérature juive.
« Lorsqu’on écrira l’histoire du judaïsme aux 20e et 21e siècles, Sami et Charlotte Rohr et leur famille seront reconnus comme une force centrale dans la renaissance de la vie juive dans de très nombreux pays du monde. Leur générosité sans borne a permis à un nombre immense d’individus et de communautés de renouer avec leur identité juive », a expliqué le rav Moché Kotlarsky, l’un des principaux responsables du mouvement Loubavitch. « Sa disparition est une perte pour ses proches et sa famille, mais également pour l’ensemble du monde juif ».
Sami Rohr zal a été enterré jeudi dernier au cimetière du Mont des Oliviers de Jérusalem.