Mardi 10 Sivan, 30 mai matin dernier, Rav Guerchon Edelstein, maître de notre génération, donnait un cours sur son lit d'hôpital, jusqu’à sa dernière seconde de vie sur Terre.
Quitter ce monde avec des paroles de Torah à la bouche. Passer d’un monde à l’autre avec le pilier du monde, la Torah d’Hachem, sur ses lèvres. C’est le doux trépas qu’a connu le Gaon, le génie Rav Guerchon Edelstein de mémoire sainte et bénie, mardi 10 Sivan, 30 mai dernier.
Rav Edelstein, l’un des Guedolé Hador, ces grands maîtres de la génération, avait dit un jour que lorsque Rav Yé’hiel Mikhel Epstein - auteur du ‘Aroukh Hachoul’han, livre monumental de Halakha composé au 19ème siècle - décéda, cela était semblable à un voyageur dans un train se rendant d’une gare à l’autre, passant d’un monde à l’autre dans le même esprit de Kédoucha extraordinaire.
Mardi dernier, l’état de santé de notre maître Rav Edelstein était certes grave, mais stable, ne laissant pas présager que le géant vivait ses derniers instants dans ce monde.
Et ce, au point que le Rav tint à donner son cours de Torah quotidien sur son lit d’hôpital, qui devint son lit de mort. Un engagement inébranlable en faveur du Limoud Hatorah, l’étude de la Torah. Ce cours quotidien était établi depuis des décennies, sans aucune interruption.
Mardi matin, le Roch Yéchiva a demandé à son petit-fils, Rabbi Morde’haï, un stylo et un papier afin de préparer le Chi’our du jour. Tous les mardis, le Rav avait l’habitude de délivrer un petit “Chmouz” pour les élèves (un mot Yiddish équivalent à un cours engageant et motivant sur un sujet de la vie quotidienne), mais cette fois-ci, le Rav se sentant faible, précisa qu’il n’y aurait pas ce petit cours additionnel du mardi ce jour-là.
Rav Edelstein commença à écrire son cours durant quelques minutes, jusqu’à ce que brutalement, alors qu’il était totalement immergé dans la Torah, son cœur s’arrête. Ce cours que les intempéries, les pandémies et les événements de la vie n’ont jamais interrompu, s’est soudainement terminé. Rav Edelstein a pleinement vécu la Torah jusqu'à son dernier souffle, à l'âge de 100 ans… Mais le cours continue dans l’enceinte divine, comme l’a rappelé justement Rav Eli’ezer Kahaneman, Nassi (président) de la Yéchiva de Poniovicz, dont Rav Edelstein était Roch Yéchiva, directeur spirituel.
Yéhi Zikhro Baroukh, que son souvenir saint et béni soit une bénédiction pour nous toutes et tous. Que ce départ soit une rémission de nos ‘Avérot et qu’il rapproche la venue du Machia’h Tsidkénou, Amen.