Au Moyen-Âge, dans certaines communautés chrétiennes, il était d’usage, le jour des Pâques chrétiennes, d’appeler l’un des chefs de la communauté juive, et de lui donner en public une gifle sur la grande place de la ville – ou devant l’église, sous les rires et les quolibets de la populace. Cet usage a été répandu assez longtemps et, évidemment, symbolisait les rapports haineux des chrétiens vis-à-vis des Juifs.
Cette cérémonie publique n’a été abolie que vers la fin du Moyen-Âge. On aurait envie de dire qu’Israël a reçu, ces dernières semaines, une gifle à l’O.N.U., quand l’un des principaux dignitaires de l’O.N.U. s’est officiellement attaqué à Israël, en lui reprochant son attitude envers les Palestiniens, en dénonçant l’influence qu’Israël exerce sur les réseaux sociaux aux Etats-Unis, en disant qu’il faut chasser l’Etat d’Israël de l’O.N.U. Ces propos violents ont certes été condamnés par certains états, mais l’expression même est très significative d’une certaine atmosphère. Peut-on la comparer à la gifle que le Président de la communauté juive recevait au Moyen-Âge ?
La gifle n’est assurément pas justifiée, mais elle est significative, et souligne bien que 75 ans après la Shoah, on ne se gêne pas de demander l’exclusion d’Israël du giron des nations. Israël dérange, comme le Juif dérange dans la société. Ce refus de reconnaître l’existence même d’Israël, aujourd’hui encore, suscite, à nos yeux, une réflexion. Religieuse apparemment au Moyen-Âge, cette gifle est aujourd’hui économique, aux yeux du public. Les Juifs qui empoisonnaient les puits au Moyen-Âge dominent aujourd’hui les médias, par leur influence dans les réseaux sociaux – dont certains sont dirigés par des Juifs ! En parallèle, en Israël, on refuse de reconnaître le 9 Av comme un jour férié car on ne doit pas accepter la « domination religieuse » dans la société israélienne ! Ce n’est peut-être pas une gifle, mais un refus d’identification avec le passé du peuple juif. C’est une date qui n’appartient pas au patrimoine israélien ! La gifle, ici, est moins retentissante, mais pas moins chargée d’une portée négative. Nous ne sommes pas prophètes, mais peut-être la gifle intérieure (morale) explique-t-elle la gifle extérieure (sociale) ? Ce n’est pas de notre part une affirmation certaine, mais elle est vraisemblable. S’il se crée – ce qu’à D.ieu ne plaise – en Israël une société qui ne veut plus de lien avec l’histoire juive, alors le dignitaire de l’O.N.U. nous donne une gifle : “N’oubliez pas qui vous êtes !”
La spécificité d’Israël ne se situe pas dans les réseaux sociaux, ni dans les couloirs de l’université. C’est un professeur de l’Université de Jérusalem qui a protesté, avec véhémence, contre la décision de l’Université de reconnaître le 9 Av comme jour férié, car, selon lui, cette date n’apparaît pas au calendrier de l’Etat d’Israël ! Faire du 9 Av un jour férié est, selon ce professeur, une soumission au « lobby » religieux, et il ajoute – ce qu’à D.ieu ne plaise ! – que la reconstruction du Temple de Jérusalem n’est pas souhaitable. Alors le dignitaire de l’O.N.U. répond que c’est l’existence d’Israël qui dérange, et que l’humanité se soumet au lobby juif !! Gifle contre gifle !
Sachons lire : l’existence du peuple juif n’est pas une réalité nationale, laïque. Elle véhicule l’éternité de la parole divine, et cette vérité dérange ceux qui refusent de reconnaître ce rôle spirituel. La survie du peuple juif ne s’inscrit pas dans les données naturelles de l’Histoire de l’humanité. Il y a donc des coupables : le « lobby » juif, le « lobby » religieux sont les vecteurs de cette pérennité ! Ainsi, c’est à eux que s’adressent les critiques. C’est la gifle moderne ! Sachons que la vérité n’existe pas dans ces « lobbies », mais c’est par la permanence de l’observance et de la pratique que l’histoire juive continue, malgré toutes les gifles reçues à chaque époque. La gifle doit nous réveiller, nous éveiller à la bienveillance du Créateur, Qui protège ses fidèles. Ya'acov Avinou en bénissant ses fils a commenté « Lichou’atékha Kiviti » - En Ton aide salutaire, je me fie, ô Éternel » (Béréchit 49, 18).