Un livre de prières de Roch Hachana et Yom Kippour datant de l'époque médiévale a été vendu aux enchères chez Sotheby’s, à New York, pour 8,3 millions de dollars, le 19 octobre dernier.
Un trésor du Moyen Âge vendu une petite fortune aux enchères. Le mardi 19 octobre, le Ma’hzor Luzzatto, du nom de son dernier propriétaire Samuel David Luzzatto, un livre contenant les prières des fêtes de Roch Hachana et de Yom Kippour daté de la fin du 13e siècle, a été vendu aux enchères chez Sotheby’s, la multinationale de vente aux enchères d'œuvres d’art et d’objets de collection basée à New York, pour la somme de 8,307 millions de dollars, soit plus de 7 millions d’euros.
Ce Ma’hzor très décoré constitue l’un des plus anciens livres enluminés, copié par un Sofer du nom d’Avraham vers 1270 de l’ère commune. Rédigé dans le sud de l’Allemagne et utilisé par la suite en Alsace et en Italie, il est le témoin de l’histoire des juifs de France, ainsi que des différentes coutumes achkénazes en Europe de l'ouest.
La vente, estimée initialement par Sotheby’s entre 4 et 6 millions de dollars, a dépassé les attentes en raison de la concurrence entre quatre enchérisseurs, qui a duré quelques minutes. L’acquéreur, dont l’identité n’a pas été dévoilée, est un “collectionneur américain renommé, propriétaire de l’une des plus grandes bibliothèques d’ouvrages et de manuscrits hébraïques médiévaux du monde”, a fait savoir la maison de vente aux enchères new-yorkaise. En outre, l’acquéreur organise souvent des expositions publiques, ce qui fait que l’ouvrage ne sera pas tenu à l'écart dans bibliothèque privée.
Malgré ce prix de vente impressionnant, l'ouvrage ne devient pas le livre hébraïque le plus cher au monde. Il y a 6 ans, une édition du Talmud avait été vendue pour un peu plus de 9 millions de dollars.
Outre le témoignage historique vivant que représente ce Ma’hzor, son originalité vient de ses magnifiques illustrations réalisées par un Sofer juif, ce qui est rare au Moyen Age où les ouvrages de la tradition juive étaient la plupart du temps illustrés par des enlumineurs chrétiens. Ces iconographies donnent des idées de certains Minhaguim tels qu’ils étaient pratiqués par certaines communautés achkénazes du Moyen Age.
Cette vente rééquilibrera les comptes de l’Alliance israélite universelle, propriétaire d’une bibliothèque renommée riche d’un très grand nombre d’ouvrages, de manuscrits et de documents très anciens, au rang desquels 15 incunables - des ouvrages antérieurs à l’année 1500 de l’ère commune de très faible tirage - et 6000 fragments de la Guéniza du Caire datant du Moyen Age.