Quand Ya'akov a refusé à ses fils d’envoyer avec eux Binyamin rencontrer le « gouverneur » d’Égypte, il dit à ses fils qu’il a déjà eu toutes sortes de difficultés, d’antagonismes, dans son existence, et il dit : ‘Alaï Hayou Koulana (Beréchit 42, 36). ‘Alaï (sur moi sont arrivés ces trois obstacles dans mon existence), et les Sages expliquent les trois lettres ע ,ל ,י (initiales des trois oppositions à Ya'akov : le Ayin, 1ère lettre d'Essav, le Lamed, 1ère lettre de Lavan et le Youd, première lettre de Yossef). Opposition d'Essav, qui avait l’intention de me tuer, de Lavan qui m’a exploité et a voulu me voler et retenir ma famille, et Yossef, qui a disparu (et s’est assurément assimilé !). Remarquons que ce sont là clairement les trois éléments ayant pour but l’élimination du peuple juif de l’Histoire : les assassinats, les pogroms qui signifiaient la mort pour les Juifs ; en deuxième temps, l’expulsion des Juifs de divers pays (Angleterre, France, Espagne bien sûr) pour voler leurs biens, et enfin assimilation des Juifs à la civilisation non-juive, en particulier depuis la Haskala, qui refuse les traditions d’Israël avec les mariages mixtes, avec la Réforme, et l’interdiction d’observer la Ché'hita (Abattage rituel), par exemple, à notre époque.
Comprenons bien, si nous désirons « voir plus clair », qu’il s’agit ici des trois axes de la Torah par lesquels Israël doit affirmer son être : le corps (que les adversaires veulent supprimer), les biens (qu’ils veulent s’approprier) et l’esprit (en adorant les idoles, en acceptant les civilisations extérieures). Ya'akov a dû affronter des obstacles qui continueront à se poser devant les Juifs durant l’exil : les tuer, les chasser ou les assimiler (par la conversion, ou par leur assimilation à la civilisation des pays où ils se trouvent. Ces trois éléments représentent aussi les trois fautes à propos desquelles il est nécessaire de se laisser tuer plutôt que de les transgresser : assassinat, débauche sexuelle, ou conversion. Quand les fils de Ya'acov reviennent dire à leur père : « Yossef vit et il est le gouverneur de l’Égypte », leur père, loin de se réjouir, refuse de les croire. « Il s’est sûrement assimilé, semble-t-il penser. J’ai échappé à Essav qui voulait me tuer, à Lavan qui voulait détruire ma famille, et mon fils Yossef, gouverneur en Égypte, s’est assimilé ». Il refuse de croire ses fils. Quand il voit les voitures (les génisses qui doivent l’amener) envoyées par Yossef (pas par Pharaon) qui évoquent les études de Torah (sur la génisse sacrifiée après un meurtre anonyme), il comprend que Yossef continue à vivre dans la spiritualité, et il s’écrie : « Il suffit ! Mon fils Yossef vit encore… J’irai le voir » (Beréchit 45, 28). C’est cela qui est important : il est mon fils (pas le gouverneur d’Égypte) et continue l’esprit de la famille !
Les trois éléments essentiels de la vie du Juif : l’élément physique, l’élément social, et l’élément spirituel maintiennent le peuple d’Israël, et c’est à ces éléments que les ennemis d’Israël se sont attaqués. Nous retrouvons ici, bien évidemment, les trois points de la foi d’Israël : Création du monde (aspect physique), Révélation (aspect spirituel) et Rédemption (réalisation de l’existence historique, sociale, du judaïsme par l’organisation de la famille juive, qui a permis la survie d’Israël depuis trois millénaires). Soyons conscients et assurés que le maintien de ces trois éléments garantit l’avenir. Vécus par le patriarche Ya'akov, ils ne cessent de nous accompagner, garantissent la survie et permettent à l’humanité de rapprocher la venue de la Délivrance.