Une récente circulaire de la Municipalité de Tel-Aviv interdit aux personnes qui désirent faire mettre les Téfilines dans la rue aux passants, de s’installer dans la proximité des écoles laïques. La circulaire a pour but d’empêcher une propagande religieuse parmi les adolescents non-religieux. La motivation est évidente, mais elle invite à la réflexion. Il y a, malheureusement, une intention idéologique, et nullement disciplinaire dans une telle circulaire. Il n’est pas dans notre intention de protester, ni même d’exprimer un sentiment de tristesse. Cela n’est pas notre propos dans cette chronique, qui tâche d’être éducatrice, pour énoncer et préciser les vraies valeurs de la Torah. Il s’agit, pour nous, de comprendre cette attitude défensive, qui veut se protéger de l’influence de la Torah, et prend même des armes pour repousser ce « danger » ! « Éloignons-nous de ces ‘missionnaires’, et évitons leurs manœuvres » : c’est là, assurément, la pensée secrète des auteurs de cette circulaire « officielle » ! On pourrait réagir, de façon presque ironique, en remarquant que la crainte de l’influence des Téfilines prouve combien on est conscient de la force spirituelle de cette minute « avec les Téfiliones et la lecture du Chema ». Cela signifie donc, d’abord, que l’on a conscience de l’influence profonde et mystérieuse de cette Mitsva, même involontairement.
Mais, plus profondément, dans une perspective positive, il est évident que les Téfilines ont un impact essentiel dans notre relation avec l'Éternel. On sait que dans le verset de la Méguilat Esther qui fait allusion aux Téfilines de la tête, c’est le mot Viykar que l’on peut traduire par « honneur », c’est ce mot qui introduit l’idée des Téfilines. Pourquoi est-ce précisément ce terme qui est employé, et comment les Sages ont-ils relié ce concept « d’honneur », de « majesté », aux Téfilines de la tête ? Le terme qui, généralement, fait allusion aux Téfilines est le vocable, « Oth », qui signifie « signe distinctif ». Un autre mot, en hébreu, fait allusion aux Téfilines, c’est le mot, « Peèr » – beauté spéciale – que l’on emploie aussi, assez souvent, pour indiquer les Téfilines. Trois mots de la langue hébraïque font ainsi allusion à cette Mitsva particulière, significative, majestueuse. Il est important de rappeler que les Téfilines contiennent 4 paragraphes de la Torah qui soulignent l’unité du Créateur, et Son action dans l’univers. C’est cette particularité qui incite certains groupes religieux à aider même ceux qui sont éloignés de la tradition à mettre – ne serait-ce qu’une fois – les Téfilines, mais c’est cette même particularité qui dérange ceux qui ne peuvent pas voir ce « missionarisme » dans leur proximité, parce que la beauté, la particularité de la spiritualité juive, leur échappe.
Or, cette particularité rejoint la singularité de l’existence du peuple d’Israël, singulier parmi tous les peuples. On sait combien de Juifs ont fait des efforts particuliers, même dans les camps de concentration, même avant d’entrer dans les chambres à gaz, pour avoir la possibilité de mettre les Téfilines. Alors, il nous importe de comprendre et de faire comprendre qu’un Israël, sans Téfilines, c’est-à-dire sans ce lien particulier avec le Maître du monde, ne serait pas Israël. On ne veut pas voir les Téfilines, on ne veut pas voir l’arrêt des transports publics le Chabbath, parce qu’on ne veut pas se rattacher à la tradition. Il nous revient d’expliquer, d’enseigner, que notre peuple ne saurait être semblable aux autres nations. Dépassons les rivalités, les oppositions mesquines, et découvrons le vrai message d’Israël. C’est le but des Téfilines, d’éclairer le peuple. Cela peut apparaître un acte de peu d’importance de faire mettre les Téfilines : des gens qui, peut-être, après l’avoir fait une fois ne le feront plus, mais ce sont ces actes, apparemment anodins, qui en réalité soulignent l’appartenance au peuple. C’est là ce qui gêne, mais peut-être au-delà de cette gêne, par-delà cette interdiction, la grandeur mystérieuse de la Torah apparaît bien plus clairement. Il nous reste à souhaiter que cette interdiction sera… interdite, que ceux qui mettent ne serait-ce qu’une fois les Téfilines continuent à les mettre, et ressentent ainsi leur lien avec le Créateur, en espérant que cela se réalisera de nos jours et que la beauté, la spécificité de l’observance de la Torah apparaisse bientôt aux yeux de l’humanité entière.