On se souvient qu’à l’époque de la guerre froide entre les deux Super-puissances, les Etats-Unis et l’Union Soviétique – entre les années 1957 (date du premier Spoutnik) et 1972 (date de la fin du projet Apollo), la rivalité était grande.
Secoués par le premier satellite soviétique dans l’Espace, et puis par le premier homme à voyager dans l’espace, Gagarine, en 1959, secoués par ce succès qui pouvait marquer un triomphe de l’idéologie marxiste-communiste, les Américains firent de grands efforts pour rattraper leur retard, et ils furent les premiers à envoyer un homme sur la lune – avec le projet Apollo 11 en 1969.
Il s’agissait, pour chaque puissance, de démontrer la supériorité de son mode de vie. Comme l’écrit un journaliste : « Moscou comprend que le ciel au-dessus de nos têtes s’avère le lieu rêvé pour la propagande du système communiste. Les succès des cosmonautes seront ceux de l’homme nouveau, émancipateur. L’espace ne sera pas seulement un affrontement de deux puissances, mais aussi un affrontement de deux modèles, de deux sociétés. La question qui se pose alors aux Etats-Unis est : notre modèle de société permet-il de faire cela ? » (Le Monde – Jeudi 18 Juillet 2019).
Il est banal, aujourd’hui, de répondre à cette question : les faits ont parlé, depuis 1989, avec l’implosion du système communiste en Russie. Un commentaire, très subsidiaire, pourrait nous inviter à une réflexion sur l’inutilité d’une concurrence, dans un tel domaine, en remarquant que l’humanité n’a pas besoin d’une rivalité, mais une globalisation, une convergence des intérêts de l’humanité devrait être atteinte, mais l’orgueil national joue aussi un rôle dans cette compétition. Mais arrêtons-nous là, car, ainsi qu’on l’a dit, c’est un commentaire inutile et désabusé.
Ce qui nous invite, maintenant, à la réflexion dans ce domaine, c’est le dernier brillant succès israélien, en Alaska, de la fusée « Hèts », anti-missile, qui doit, en théorie, protéger le territoire contre d’éventuels tirs de missiles ennemis. Il s’agit, incontestablement, d’un progrès technologique important, très utile sûrement, et prestigieux dans ce domaine. Comment situer cet événement dans notre perspective historique : succès nationaliste ? Triomphe du sionisme ? Orgueil de l’intelligence juive ? Soyons prudents, sans tomber dans un nombrilisme béat ; mais il importe de réfléchir sainement en tant que fidèles du peuple juif, en tant que croyants.
Tout événement – positif ou négatif, heureux ou décevant, provient de la Hachga’ha, de la providence divine. S’Il estime nécessaire qu’il y ait un succès, il en sera ainsi ! S’Il juge que les efforts de l’homme doivent échouer, ce sera un échec. Sachons reconnaître l’existence d’une Providence. C’est aussi le rôle des étudiants de la Torah, car ce sont eux qui maintiennent le devenir juif du peuple. Imaginons – ce qu’à D.ieu ne plaise – que les Yéchivot n’existent plus, qu’il n’y ait plus de synagogues, le succès d’Alaska serait-il possible ? Et s’il l’était, serait-il signifiant pour l’avenir du peuple juif ? Cela signifie que l’on ne peut pas séparer les avancées technologiques des progrès de l’étude des Richonim (sages de l’époque médiévale) et des A’haronim (sages de la génération suivante, y compris les Rabbanim contemporains) dans les Yéchivot. C’est là le caractère indélébile de l’existence d’un peuple, lié à l’Alliance du Sinaï. Refuser cette dimension, c’est s’exclure du devenir historique d’Israël. Il faut reconnaître qu’Israël est devenu une puissance mondiale dans le domaine des High-Tech (le Waze – réalisation israélienne – n’est-il pas utilisé dans le monde entier, par exemple ?), mais sachons que si de tels succès sont obtenus, c’est qu’il y a un Tout-Puissant, omniscient, Qui dirige l’Histoire. Sachons « ouvrir les yeux », « voir plus clair » dans l’Histoire, et reconnaissons l’intervention de la Providence. Soyez assurés que nous sommes inscrits dans une spirale qui nous mènera à la réalisation du Royaume Divin. Cette lecture idéologique est la seule qui puisse nous guider dans les avancées remarquables, dans le domaine éthique, dans le domaine social, et dans l’assurance du bonheur pour l’humanité.