L’un des sujets les plus difficiles à définir en psychiatrie, c’est, dans les cas limites entre la norme et la maladie, de discerner ce qui appartient au domaine du pathologique d’une part, de ce qui appartient au domaine du normal. Quelquefois, la frontière est très fine. Quand les différences sont évidentes, il n’y a aucune difficulté, mais quand les critères se ressemblent, alors vient le moment où la distinction n’est pas toujours facile à effectuer. Quand, en plus, l’analyse est subjective – donc guère objective – la mauvaise foi fausse le jugement, et alors la vérité est occultée. Si, de plus, on a intérêt à répondre des faits apparemment liés à l’observation – comme la consommation de stupéfiants, alors l’image est totalement brouillée ! Tel est le tableau de l’affaire qui occupe l’actualité ces derniers jours !
En présentant ainsi l’affaire Halimi, où l’on voit un jeune terroriste islamiste jeter par la fenêtre du 3ème étage, une femme juive de 65 ans, après l’avoir torturée, cela devrait suffire largement à condamner le terroriste. Mais non ! le Tribunal régional d’abord, la Cour de Cassation aujourd’hui décident qu’une action de ce genre ne peut être que le fait d’un dément, d’un malade mental qui a agi sous l’influence de stupéfiants qui l’ont poussé à agir ainsi !! Il n’était donc pas normal, et il n’est donc pas justiciable ! Peut-on imaginer un scénario de ce genre : les soldats nazis qui ont entassé femmes et enfants dans les chambres à gaz, pendant la Shoah, avaient-ils avalé des stupéfiants avant leurs actes criminels ? Y a-t-il un état « second » dans lequel se situerait le criminel qui a avalé des médicaments, et qui échapperait à la morale ? Où se situe la norme, la limite ?
C’est tout le problème éthique de la responsabilité qui risque d’être en jeu ici. Quoi qu’il en soit, dans le cas du meurtrier de Mme Halimi, trois questions fondamentales méritent d’être posées. La première question est factuelle : en réalité, a-t-il été sous l’influence des stupéfiants, quand il a fait son geste ? Supposons que cela soit vrai, que les juges aient raison de le dégager de toute responsabilité, cette situation est-elle une excuse pour éviter de juger un crime hors-normes ? Et enfin – 3ème question, n’y a-t-il pas ici un déni de justice, un désir d’occulter les faits, de refuser d’être confronté à une situation ultra-grave, car l’acte lui-même défie l’imagination. « Ce n’était pas un antisémite ! C’était SEULEMENT un malade mental ! » Voilà ce que veulent pouvoir dire les juges, représentants d’une société qui se « ferme les yeux » et qui ne fait que continuer l’antisémitisme des générations précédentes.
A la première question, nous ne pouvons pas répondre, car nous ne sommes pas dans le secret des sphères judiciaires. Est-ce vrai ? Est-ce faux ? Même si c’est vrai – qu’il était sous l’influence de médicaments, cela n’atténue pas sa responsabilité morale, car un tel acte barbare ne vient pas subitement. Il est la conséquence d’une influence sociale, de toute une éducation. Rappelons-nous qu’il a crié des slogans islamistes quand il a effectué son geste. Il ne s’agit en aucun cas – même s’il avait avalé auparavant des stupéfiants – de l’acte d’un fou, d’un homme qui n’est pas justiciable. Et c’est maintenant que l’absence de jugement peut marquer la gravité de cette situation.
Où peut mener l’antisémitisme ? A Cayenne, en Guyane, (où le capitaine Dreyfus fut enfermé 5 ans), aux camps de la mort des nazis, ou à la défenestration ? Certes, Jean Zay, Georges Mandel, Léon Blum ou Pierre Mendès France – pour ne parler que des morts – furent ministres, ou même chefs de Gouvernement, mais on ne cessa de leur rappeler leur origine juive, qu’ils payèrent cher ! Bon gré mal gré, le Juif est épinglé comme Juif, et, inconsciemment ou non, c’est ici l’explication du verdict de la Cour de Cassation. On peut protester, manifester (ce qui va se produire assurément), on ne peut guère changer les mentalités, d’autant plus que l’influence islamiste ajoute aujourd’hui un ingrédient supplémentaire à cette haine traditionnelle. L’épisode « Halimi » n’est qu’une illustration. Le rôle du fils d’Israël n’est pas de souffrir, mais de prouver que la pérennité d’Israël passe par la Révélation du Sinaï. Il importe d’affronter la haine des nations avec courage et résolution, afin de continuer à témoigner (« Ed », témoin – 2 lettres majuscules du 1er verset du Chema), dans l’univers, de l’unité du D. d’Israël.