Rav Sirat, décédé à Jérusalem à l’âge de 92 ans, fut le premier Grand-Rabbin de France séfarade, fonction qu’il occupa de 1981 à 1988 en participant à la refondation du judaïsme français.
Baroukh Dayan Haémet. Décédé vendredi 10 février à l’âge de 92 ans, Rav René-Samuel Sirat fut l’une des grandes figures du judaïsme français contemporain. Saviez-vous qu’avant son mandat, l’utilisation du micro et de l’orgue le Chabbath avait libre cours dans les synagogues consistoriales en France ?
Né en 1930 à Bône (actuelle Annaba) dans le nord-est de l’Algérie, il étudie la Torah auprès de Rav Ra’hamim Naouri, ancien Av Beth Din (président) du tribunal rabbinique de Paris.
À l’âge de 16 ans, il arrive en France et étudie à la Yéchiva d’Aix-les-Bains, avant de rejoindre le séminaire israélite de France (rue Vauquelin, Paris) où il obtient sa Sémikha de Rav à 21 ans, alors le plus jeune diplômé rabbinique de France. Il sera successivement le rabbin de la communauté de Clermont-Ferrand en Auvergne, puis de Toulouse.
À 26 ans, il devient également enseignant d’hébreu à Paris, à tel point qu’il sera en 1964 le traducteur officiel de la rencontre entre le président français Charles de Gaulle et le premier ministre israélien Lévi Eshkol. Tandis que ses enfants feront rapidement leur Alyia, Rav Sirat devient professeur des universités et est à l’origine de la création d’une chaire d’hébreu à l’Inalco, l’école des langues orientales. Il fonde également, des années plus tard, l'Institut universitaire européen Rachi de Troyes.
C’est à la retraite de Rav Ya’akov Kaplan que Rav René-Samuel Sirat est élu Grand-Rabbin de France, fonction qu’il exerce pendant un septennat de 1981 à 1988, avant les vingt ans de mandat de Rav Yossef ‘Haïm Sitruk. Pendant son mandat, les synagogues consistoriales bannissent l'usage du micro et de l'orgue pendant le Chabbath.
Partisan du dialogue interconfessionnel, Rav Sirat participe à la Conférence mondiale pour la paix. Il est aussi décoré en tant qu’officier de la légion d'honneur et de grand officier de l'ordre du mérite.
Il s’installe en 2013 à Jérusalem où il vécut dix ans. Que son souvenir soit une bénédiction.