Un livre écrit par un sociologue vient de paraître sur l’État d’Israël, en expliquant que « cet État ne sait pas qui il est ». N’ayant pas de Constitution, c’est-à-dire de carte d’identité, cet État est une réalité anonyme, selon ce sociologue. Ce qu’il veut montrer, c’est l’inexistence d’une idée centrale qui justifierait l’État d’Israël. Conflit entre droite et gauche, impossibilité de définir un État. Certains désirent une entité nationale, d’autres se trouvent perdus dans cette absence d’idéologie. Ce fut, une fois, le socialisme qui a échoué ici comme dans le monde entier, et l’État va un peu à l’aveuglette sans savoir exactement quelle identité revendiquer. Lecture laïque d’une réalité triste, et plutôt décadente. Où peut aller un tel État ? Quelles peuvent être les aspirations d’une population qui ne sait pas qui elle est ? L’émigration vers l’étranger caractérise souvent les descendants des fondateurs de l’État. Le nationalisme – sionisme laïque – ne remplace pas le socialisme des premiers pionniers. Alors, où se cache l’être du peuple juif ? Va-t-il ainsi disparaître de l’humanité ?
C’est ici que se situe NOTRE réponse, la seule qui assure le maintien de l’identité juive du peuple d’Israël. Il y a ici 3 réponses fondamentales qui assurent l’avenir, donnent un sens à l’activité de l’homme, et donc maintiennent une histoire qui a traversé les siècles et n’est jamais caduque. Ces raisons ne semblent pas avoir été une hypothèse éventuelle pour le sociologue mentionné plus haut. Elles échappent aussi à ceux pour qui le devenir de l’être juif est sans valeur. Tout d’abord, reconnaissons que la survie du peuple, dispersé de l’Est à l’Ouest, depuis plus de 2000 ans – du Yémen à la Pologne, de la Lituanie à l’Argentine – ne tient qu'au fait qu'il reste attaché aux mêmes traditions, même si elles ne sont fondées que sur des usages non inscrits dans la Loi écrite. Ainsi, les Juifs yéménites ont les mêmes papillotes bouclées que les 'Hassidim polonais, alors qu’il n’y avait aucun contact entre ces communautés, depuis plus de 1000 ans. Un deuxième argument, moins sympathique mais fortement authentique, est la haine que suscite le peuple juif, en quelque endroit qu’il soit, même s’il est assimilé. De l’Inquisition à la Shoah, des Cosaques russes à l’Affaire Dreyfus, le Juif gêne et dérange les autres. Herzl a espéré que la création d’un État, protecteur pour les Juifs, effacerait cette haine. Ce fut une belle erreur, et, aujourd’hui, c’est l'État que l’on honnit, parce qu’il est l’État des Juifs, même s’ils n’ont pas de Constitution ! N’y a-t-il pas des voix à l’O.N.U. pour chasser Israël ? Le Tribunal de La Haye, appelé à juger des « crimes » d’Israël, est une illustration de ce rejet permanent. Le troisième argument est, évidemment, l’apport spirituel dont ce peuple est le véhicule. N’est-ce pas le judaïsme, c’est-à-dire la Révélation du Sinaï, qui est à la source des autres religions, qui leur donne, volens nolens, leur assise, ou leur légitimité ? N’est-ce pas cette Révélation qui est revendiquée aussi bien par le christianisme que par l’Islam ? Le judaïsme est, ce n’est contesté par personne, à l’origine du monothéisme et de la spiritualité dans l’univers.
Ces trois arguments ne témoignent-ils pas d’une histoire divine qu’aucun peuple ne peut symboliser ? La foi en un D.ieu tutélaire est la seule explication de cette aventure unique d’une nation, différente des autres. Et l’on aurait la prétention d’affirmer qu’il manque une Constitution à un peuple chargé d’une telle tradition, qui peut soulever l’aversion (des non-juifs) mais ne saurait disparaître. S’il perdait cette spécificité, l’État n’aurait aucune assise, aucune idéologie. L’être juif, fondé sur ces bases, a traversé les siècles, et ne saurait être occulté par aucune autre idéologie. En 150 ans, la France a connu 5 Constitutions ; en 3000 ans, le peuple juif n’en a connu et n’en connaît qu’une : la Torah. Pourquoi en est-il ainsi : c’est qu’elle traduit la volonté du Maître du monde. L’article qui rapporte les propos de ce sociologue (L’Express n° 3737) sur l’inexistence identitaire d’Israël n’évoque, en aucune façon, une Présence divine qui expliquerait et permettrait de comprendre la survie de l’être juif. Seule une référence à une action providentielle justifie l’histoire d’Israël et lui donne sa constitution. Cette donnée répond aux inquiétudes actuelles. L’être juif n’existe qu’en référence à l’Éternel. Deux grandes lettres encadrent le premier verset du Chéma' : le ’Ayin – fin du mot Chéma’ – et le Dalet – dernière lettre du mot E’had, dernier mot du premier verset. Ces deux lettres expriment le témoignage (‘Ed) et la durée (‘Ad, du mot Va’ed, toujours). Le peuple juif est chargé de témoigner, dans la durée, au-delà de la dimension temporelle, de l’unité divine. Rôle d’Israël : témoin permanent et donc reflet de l’unité divine. Témoigner de l’unité de l’Éternel, en observant Sa Loi, tel est, à travers les âges, au-delà des obstacles, le sens de la permanence de l’être juif.