Le peuple d'Israël mène une longue guerre contre ses voisins, et pas seulement sur les champs de bataille. Cette guerre se joue aussi dans les luttes d'influence sur les nations, afin de les convaincre du bon droit de notre camp.
Les outils dont l'État d'Israël use contre ses ennemis dans cette guerre s'avèrent usés avec le temps. Peut-être ont-ils été persuasifs lors de la guerre d'Indépendance. Nos ennemis étaient alors lâches et peureux, pliant rapidement devant quiconque éprouvait leur sang-froid. Souvenons-nous que nos ennemis ont fui les champs de bataille par milliers, pieds nus, laissant derrière eux leurs chaussures dans le soleil du désert.
De même, leur crainte de la nuit faisait alors la risée. Ils ne se battaient jamais dans les ténèbres. La nuit était le meilleur ami des combattants juifs. Mais tout cela, c'était il y a longtemps…
Aujourd'hui, nos ennemis se battent au nom de leur religion. Il s'agit désormais pour eux d'une guerre sainte, et ils se battent dorénavant d'une toute autre façon que celle qu'on leur connaissait. Ils ne craignent plus ni la nuit, ni les durs combats. Au contraire, ils s'en réjouissent. La mort n'a plus sur eux d'effet dissuasif ; au contraire, cela attise leur désir de devenir des "Shahidim", des martyrs, qui ont donné leur vie pour leur foi. Dans cette lutte des croyances, les armes modernes ont perdu de leur efficacité. Avec de simples pierres dans leurs mains, ils arrivent à immobiliser des tanks.
Dans un tel conflit, il faut faire preuve d'une spiritualité engagée, d'une dévotion et une foi très fortes. Ce sont ces éléments qui décideront de l'issue des combats. Nos ennemis ne sont pas aveugles, ils voient bien l'attitude de l'État d'Israël face au judaïsme. Ils la voient et ils s'en réjouissent.
Autrefois, nos ennemis étaient morts de peur devant les Juifs. Ils savaient pertinemment que les Juifs sont les descendants d'une grande dame, et qu'eux sont issus de sa servante. Ils savaient que leur religion est composée de miettes tombées de la table du judaïsme. Ce n'est pas pour rien qu'ils appellent les Juifs le peuple "Al Kitav", le peuple du livre et des écrits. Ils savaient que notre Torah est vérité, et que le temps était venu pour "Ses enfants de rentrer chez eux".
En voyant le peuple d'Israël revenir à la maison, ils ont été saisis d'effroi. Ils se sont battus sans y croire, et ils ont lâché les armes dès qu'ils en ont eu l'opportunité. La guerre d'Indépendance a donné à nos ennemis le sentiment que le peuple juif reprenait possession de sa terre et de sa patrie, et qu'eux-mêmes n'en avaient aucune part.
Au fil des ans et du fait que l'establishment du pays a essayé de déconnecter l'État d'Israël de l'observance de sa Torah, surtout ces dernières années, en prenant comme ligne politique de reconnaître les droits de nos ennemis sur Israël et sur une partie des lieux saints, nos ennemis ont ouvert les yeux.
Si le peuple juif n'assume pas ses droits, s'il ne respecte pas sa religion et son héritage, et s'il ne sait pas revendiquer son droit à la terre, nos ennemis peuvent facilement se réclamer de leur religion pour annexer tous les lieux saints, puisque le gouvernement israélien lui-même ne les exige pas. Nos ennemis n'ont pas peur de se battre contre les Infidèles. Le paradis des Musulmans, « destiné » à ceux qui sont tombés dans la guerre contre les Infidèles, leur est ouvert. Face à ces combattants d'un genre nouveau, Israël n'a pas de réponse.
Les dirigeants sionistes étaient fiers de dire que le peuple juif allait retrouver dans son État la "voie normale", semblable à celle des autres nations. Des dizaines de peuples avaient commencé à obtenir leur indépendance après la Première Guerre mondiale. Ainsi était-il prévu que le monde reconnaisse aussi notre indépendance, que nous soyons libérés du poids de l'exil et que nous soyons acceptés dans le monde entier. Nous avons tendu la main au Tiers-Monde et aux pays en voie de développement, tout autant qu'à nos ennemis avec lesquels nous voulions établir une société humaine créative au Moyen-Orient.
Mais les faits sont venus gifler cette belle théorie. La grande erreur a été que la version politique du sionisme s'appuyait sur le concept d'une « nation en soi », lequel est un concept anormal pour le peuple juif. En fait, c'est un concept « naturel », d'où la regrettable confusion…
Nous n'avons pas de famille. Où que nous nous trouvions, nous sommes isolés. Partout dans le monde, nous sommes accueillis honorablement, mais nous ne faisons pas partie de la famille. La situation de notre État est comparable à celle des Juifs de diaspora. Parfois, la diaspora juive est estimée grâce à son argent et à sa réussite, mais elle n'est pas pour autant acceptée dans la famille locale. Notre État est dans la même position sur la scène internationale. Si par malheur l'État d'Israël disparaissait, à D.ieu ne plaise, aucun peuple n'aurait le sentiment d'avoir perdu un membre de sa famille.
Aucun autre peuple au monde n'a besoin de rester aussi vigilant en temps de paix qu'il l'est en temps de guerre. Comment se sentir en sécurité quand on est entouré de centaines de millions d'ennemis ?
Aucun autre peuple ne dépend autant de l'existence de ses membres hors de ses frontières, tandis qu'eux aussi dépendent de lui.
Nous n'avons aucunement l'intention de trouver une réponse qui satisfasse les descendants d'Ichmaël, qui d'ailleurs ne comprennent rien d'autre que le langage des armes. Mais nous prétendons à autre chose : répondre à nous-mêmes, remettre en perspective notre droit à cette terre.
Nous croyons d'une foi certaine que le Créateur s'est révélé à Avraham et a promis "à ta descendance cette terre" (Genèse 12, 7). Notre droit sur cette terre est donc directement issu de la Torah.
Sans cela, comment comprendre que le peuple hébreu se soit directement dirigé vers Israël en sortant d'Égypte ? D.ieu ne pouvait-Il pas trouver une parcelle de terrain sans ennemis ? Pourquoi ne pas les avoir guidés vers l'Europe, qui était largement sous-peuplée à cette époque ; n'était-ce pas adapté au peuple juif ?
Il convient de rappeler ici un épisode historique. Cela s'est produit après la publication de la Déclaration Balfour. Un membre du Parlement anglais a présenté à la Chambre une requête concernant l'argument moral et constitutionnel sur lequel Balfour s'était basé. Selon ce parlementaire, le gouvernement britannique avait agi sur cette question de façon contraire à sa politique habituelle. Traditionnellement, la Couronne britannique prenait soin de donner l'indépendance politique au groupe ethnique qui constituait la majorité des habitants d'une colonie. Alors que là, accusait ce parlementaire anglais, le gouvernement avait agi différemment : il avait donné préséance sur la terre d'Israël au peuple juif, qui au début du siècle dernier ne représentait qu'une minorité des habitants du pays.
Dans la réponse officielle à cette requête, Lord Balfour a précisé que la loi sur la terre d'Israël est différente de la règle mondiale qui établit que les territoires des pays appartiennent aux peuples qui y vivent. En réalité, elle est la Terre Sainte, et a déjà été offerte au peuple juif d'il y a des milliers d'années de cela, et ceci peu importe où ils se trouvent.
Et Lord Balfour d'approfondir sa déclaration : la situation juive est unique. Les questions de sa nation, de sa religion et de son pays sont liées les unes aux autres, ce qui est inédit chez tous les autres peuples. Des millions de Juifs peuvent légitimement prétendre à ce droit offert par D.ieu, et ils sont bien plus nombreux que les membres d'autres religions ayant vécu en Israël pendant toutes ces années !
Dans son ouvrage « Battalion Scroll », le colonel P. M. Scott écrit les phrases suivantes : « L'Angleterre a reçu dans son escarcelle un grand honneur : nous nous sommes appuyés sur une page de la Bible sur laquelle est gravée une prophétie des plus anciennes, et nous avons ajouté la garantie du peuple anglais à la promesse faite par D.ieu. Une "signature" de cette nature, aucune nation ne peut la nier. » Les bases constitutionnelle, idéologique et morale de l'État juif qui seront jetées des décennies plus tard feront très fermement référence à l'obligation divine unissant le peuple d'Israël sur la Terre d'Israël selon la Torah d'Israël.
Pour comprendre combien sont profondes les racines entre la Terre d'Israël et ses enfants, évoquons deux points qui n'en font qu'un : tous ces millions de Juifs, qui malgré leur éloignement prolongé de leur patrie depuis des milliers d'années, aspiraient à Sion à chaque jour et chaque heure de leur vie. Et a fortiori, ces milliers de Juifs qui ont risqué leur vie en traversant des fleuves et des mers à bord de navires délabrés, juste pour que leur âme puisse venir respirer l'air de cette Terre si Sainte. Ne sont-ce pas là des preuves de la dévotion juive suprême dans tous les sens du mot ?
Observons en parallèle les relations de la terre d'Israël envers ses enfants. Du moment qu'ils furent exilés loin d'elle, il y a des milliers d'années et jusqu'à leur retour, la Terre d'Israël est restée désolée. Il n'existe aucune preuve plus fiable, plus claire, de la loyauté de cette terre pour ses enfants exilés et dispersés aux quatre coins du monde.
Soyons conscients de ce phénomène historique, dépourvu de toute explication rationnelle ou logique. Tout au long de l'histoire humaine, cette terre était un important carrefour reliant trois continents. Ce fait aurait dû en faire une belle région habitée et développée.
Au cours de ces longues années d'exil ont été construites en Europe les métropoles de Paris, Londres, Amsterdam et Barcelone, et de nombreuses autres villes ont commencé à figurer en bonne place sur la carte du monde. Pourtant, la Terre d'Israël en général, et Jérusalem, la Cité de D.ieu en particulier, ont vu leur rayonnement faiblir de façon drastique et sont restées enfoncées dans la désolation près de 2000 ans.
Qui peut expliquer ce phénomène inédit sans recourir au lien particulier qui unit la Terre d'Israël à son peuple ? Aucune personne de bonne foi ne peut nier cette vérité éternelle. Le slogan « La Terre d'Israël au peuple d'Israël, selon la Torah d'Israël » est la colonne vertébrale, l'âme et l'enseignement de l'antique foi juive.