Nous sommes 1 an après la « méga tempête » appelée « l’ouragan Sandy » qui s'est abattu sur la côte-Est des Etats-Unis, ravageant New York et le New Jersey, emportant des milliers de maisons. Les eaux sont montées jusqu'à 4,15 m dans le quartier de Battery Park et ont provoqué 210 morts. Sans éléctricité ou eau courante, les américains ont vécu un véritable cauchemar.
À mon avis, cela ne nous rappelle pas seulement à quel point D.ieu est grand, mais combien l’homme est petit.
Même le plus fort d’entre nous n’a pas réussi à éviter la fermeture… de la ville de New York. Aucune somme d’argent n’a réussi à transporter de l’eau vers les maisons enflammées à Queens. Aucun dispositif ne fut suffisant pour garder les aéroports ouverts. Même les non croyants durent faire face à la nature et avouer leur impuissance, ne serait-ce que pour une fois.
Nous vivons notre routine, chaque jour, sans réaliser à quel point nous dépendons de choses qui sont complètement au-delà de notre contrôle. Quand le courant fut coupé, la plupart des gens devaient tout simplement se débrouiller. Au Passaic, la rue principale fut complètement paralysée, y compris les magasins cacher ; nombreux sont ceux qui durent se suffire des aliments de base, jusqu’à ce que les épiceries ouvrent à nouveau. Que ce serait-il passé si cela n’avait pas été possible ? Que ce serait-il produit si cela avait été un véritable ouragan, de forces 2, 3 ou 4 ? Nous serions restés sans nourriture.
Pour les gens riches, cela est inimaginable. Une famine en période d’abondance ? Mais si les routes sont bloquées, si l’essence est indisponible, si les magasins n’ont plus d’électricité — c’est une possibilité réelle.
Il ne faudrait pas grand-chose pour faire d’un tel scénario une réalité : une sécheresse, un sérieux embargo pétrolier, une épidémie contagieuse – chacune de ces éventualités peut paralyser une ville, un état ou une nation bien plus sérieusement que ce qui nous est arrivé cette semaine. Nous avons tendance à oublier que nous vivons encore dans un monde géré par des facteurs environnementaux.
De nos jours, nous sommes tellement détachés du monde de la nature que nous avons du mal à réaliser qu’il nous faut encore de la pluie pour que la nourriture pousse ! Il n’existe pas encore de laboratoire dans le monde qui sache synthétiser le blé, la graine de soja, ou l’eau (et il y a des chances que nous ne survivrions pas longtemps en ne mangeant que des bonbons à la gelée ou au caramel).
Notre faiblesse humaine est mise en avant dans un désastre pareil. C’est également une occasion de renforcer les liens communautaires. Nous avons vraiment besoin des autres, ce que nous oublions souvent de nos jours. Nous oublions qu’à travers la longue histoire de l’humanité, pratiquement aucune société ne souhaita que les parents éduquent leurs enfants sans un quelconque réseau d’aide. Nous oublions que le fait de prendre du temps pour nos amis et nos voisins n’est pas un luxe, mais une nécessité permettant d’affronter les défis de la vie (et que nos ancêtres, depuis l’époque de la Bible jusqu’à celle de nos Sages, le savaient parfaitement bien).
Le lendemain de la « catastrophe Sandy », je regardais mes voisins qui se relayaient pour scier des branches et qui cherchaient un moyen de trouver une rallonge pour faire le lien entre une maison sans courant au bout de la rue et une autre maison alimentée en électricité. Nous apprécions tous la solidarité qui s’exprime dans ces moments ; est-ce que l’on se souvient à quel point nous en avons besoin ?
L’être humain est fragile et instable. Il paraît improbable que nous puissions un jour défier la nature – contrôler le climat, produire de la nourriture à partir de matériaux non organiques, créer la vie à partir de rien, dans un laboratoire. Il nous faut tout simplement vivre avec l’admissibilité constante de l’impuissance.
Mais le fait de le savoir et de partager notre destin avec notre entourage – se souvenir, même en temps de prospérité et de contrôle apparent, que nous ne pouvons rester seuls – c’est le message qui nous élève au-dessus des créatures et des forces de la nature. Parce que la nature est aveugle et un animal ne peut pas en aider un autre si cela n’est pas commandé par son instinct ; mais nous pouvons offrir à l’autre une tasse de café quand il n’y a plus de courant, un abri quand il pleut, ou simplement le serrer dans ses bras dans un moment tragique. Et c’est ce qui fait de nous de réels humains face à un ouragan.
Rav Raphy Bilek