Le soir de Sim’hat Torah, le groupe de terroristes du ‘Hamas qui s’est introduit en Israël a effectué un véritable pogrom, en tuant à bout portant hommes, femmes, enfants, bébés et vieillards, sans distinction. S’introduisant dans une réunion familiale, ils ont semé la terreur, et ont profané les corps tués. Ce fut l’un des succès du 'Hamas, organisation terroriste, qui a aussi tiré à droite, à gauche sur tous les passants dans de nombreux Yichouvim (villages). On a alors assisté à des scènes qui rappelaient les pogroms de Russie, les Croisades, scènes que l’on espérait ne plus voir, depuis la Shoah ! Cela a éveillé de nombreuses personnes, et cela nous interroge.
On sait que le Netsiv de Volozhin, dans son commentaire sur la Torah « Haamek Davar », écrit que les 3 fils d’Adam Harichon (ainsi que les 3 fils de Noa’h, d’ailleurs) représentent 3 éléments, ou plutôt 3 étages de la personnalité de l’homme : l’aspect animal (Caïn), l’aspect intellectuel (Abel) et l’aspect spirituel (Seth). Ces trois étages se traduisent par les 3 dimensions de l’âme : la dimension animale (Néfech), humaine (Roua’h) et divine (Néchama), qui s’expriment par 3 niveaux de l’être humain : le niveau animal, avec les exigences physiques du corps, le niveau créatif, avec l’expression de la pensée par la parole, et le niveau religieux, par la rencontre avec le surnaturel, c’est-à-dire le divin. L’existence de l’homme est un équilibre entre ces 3 pulsions : bestiale, humaine et divine.
À partir de ce partage et de cette distribution de l’humanité, l’Histoire universelle s’éclaire : la créativité d’Abel aurait pu être à la source de l’Histoire, mais comme la bestialité l’a emporté, Abel n’a pas réussi – car il n’est que vanité (son nom Hével en hébreu signifie « vain », « souffle » sans consistance) – et Caïn (la bestialité) a donc tué Abel, c’est-à-dire que la bestialité l’emporte dans l’histoire de l’humanité sur la créativité. Seul, Yaphet (le 3ème fils de Noa’h) méritera de vivre, à condition d’être dans les « tentes » de Chem, c’est-à-dire de se relier à la spiritualité. Mais ce n’est pas actuellement hélas le sujet dont on désire parler ici. Le sujet actuel est qu’aujourd’hui – il faut être AVEUGLE pour ne pas le voir – la bestialité triomphe. C’est la victoire de Caïn, des troupes cosaques, des nazis, du 'Hamas aujourd’hui. Cela demande à être compris, analysé, car c’est l’enseignement d’une époque cruelle et « déshumanisée ». La technicité voudrait exprimer la créativité de l’homme. Les efforts d’Elon Musk pour tenter de transformer l’humanité, de l’envoyer dans l’espace, de vaincre la mort, ces efforts ne sont que vanité (Hével), car « l’homme reste un loup pour l’homme » (expression latine pessimiste sur le caractère de l’être humain). Il est clair qu’il s’agit d’une attitude essentiellement négative, que l’on peut bâtir sur l’acte de Caïn. Les pulsions négatives sont nécessaires pour donner un sens à la « liberté de choix », donc pour donner une valeur à l’activité humaine.
Il apparaît clairement, en toute hypothèse, que le négatif, condition nécessaire pour l’existence du positif, ne peut que détruire. C’est le but de la faute, en général ! Ainsi le Rav Moché Chapira résume et explique – dans le livre consacré à Yom Kippour – l’acte de la créature. Voulue (car acceptée) par le Créateur, l’activité de la créature reflète l’être humain. Quand il n’est pas surveillé ou corrigé par le libre arbitre, le mal l’emporte : Caïn a tué Abel, les persécuteurs d’Israël ne cessent de nuire à son existence, car cette existence doit être l’écho sur terre du Créateur. Il est donc évident que les événements ne sont pas l’effet du hasard mais d’une volonté divine d’éveiller l’homme et de le rendre conscient de son rôle. Ainsi doit-on lire aujourd’hui les événements actuels qui s’inscrivent dans l’Histoire.
Il nous incombe de ne jamais oublier quel est notre rôle, que signifie l’existence d’Israël. Si on l’oublie, la cruauté du 'Hamas, comme les bûchers de l’Inquisition, les fours crématoires des nazis nous réveillent. Les événements de ce Sim’hat Torah nous font comprendre l’expression de Rabbi Yéhouda Halévi, dans le Kouzari : « Le peuple juif est parmi les nations comme le cœur dans l’homme : l’organe le plus vite touché (car immédiatement sensible à toute difficulté), mais aussi le plus solide, car tant qu’il y a des battements de cœur, le corps résiste toujours. Israël est toujours visé par les vicissitudes de l’Histoire, à toutes les époques, mais c’est le prix de la pérennité. Reconnaissons notre rôle, et ainsi est assurée la survie d’Israël parmi les nations.