Il est incontestable que l’un des problèmes de notre époque est le transfert des populations. Alors que, dans les siècles précédents, le monde occidental découvrait l’Orient, bien souvent le colonisait ou s’y installait pour en utiliser les ressources minérales, aujourd’hui c’est l’Orient qui cherche à s’intégrer à l’Occident, et bien souvent arrive au pouvoir en Occident. Un descendant des immigrants africains a pu diriger pendant 8 ans les États-Unis, un ancien Pakistanais est devenu maire de Londres ! Les populations venues du Sud de la planète prennent le risque de naufrage pour arriver en Occident ! Ce tableau de l’immigration interroge celui qui recherche une action de la Providence dans chaque détail de l’Histoire, d’autant plus que les textes sacrés nous y invitent.

Avant de tenter de découvrir les développements historiques, rappelons-nous ce que nous avons déjà écrit : l’humanité erre dans le temps à la recherche d’une Valeur suprême, éternelle ; Israël erre dans l’espace pour témoigner de cette Transcendance qui défie le temps, puisqu’elle est éternelle. Exil des peuples, errance des nations, temps et espace sont les cadres de l’existence de l’Histoire, symbolisés en hébreu par le même terme : 'Olam (temps et espace). Mais la question reste posée : OÙ et QUAND l’Histoire progresse, recule ou, plus simplement, se situe-t-elle ? Ici, intervient la réponse de la Torah : Moché Rabbénou, dans le dernier chant – Haazinou – qu’il adresse au peuple d’Israël, ose écrire : « (L’Éternel) a fixé les limites des nations d’après le nombre des enfants d’Israël » (Dévarim 32, 8). Rapport, d’une part, entre les 70 membres de la famille descendus avec Ya'akov en Égypte et le nombre des peuples de la terre. Un autre texte torahique lié à ce problème des relations entre les peuples et Israël : le premier commentaire de Rachi dans Béréchit : « Si la Torah – normalement recueil législatif – commence par des précisions historiques, c’est afin de démontrer que l’Éternel est le vrai propriétaire de l’univers. Il distribue à chaque nation la terre qui lui revient » (Rachi sur Béréchit 1.1). Explication évènementielle pour justifier sa présence dans un texte législatif. Il apparaît, ici aussi comme dans Haazinou, qu’il y a une corrélation entre la localisation (l’univers) et le développement historique (nombre des nations et du peuple juif). Relation entre le Créateur et la création (temps et espace). Cette convergence, cette coïncidence entre le TEMPS et l’ESPACE est, d’une part, la cause de tous les désordres qui accompagnent l’Histoire de l’humanité, mais, par ailleurs, cela nous permet d’espérer la réalité messianique, annoncée par les prophètes.

L’unité de l’humanité est un vieux rêve, qui date de Babel, mais qui n’a jamais su se réaliser, car cette unification se faisait CONTRE l’Éternel, pour pouvoir atteindre le Ciel. Tentatives d’Alexandre, de César, de Napoléon, des diverses nations qui ont essayé de construire des empires coloniaux, tout cela ne put qu’échouer. « Catholique » veut dire universel, « islam » traduit aussi une totalité, S.D.N. après la Première Guerre mondiale, O.N.U. aujourd’hui, autant de volontés de dépasser la nation, ou plutôt de s’intégrer dans un cadre plus large. Autant de tentatives qui ne peuvent qu’échouer, car elles se fondent sur l’égoïsme national, régional, humain. Ne semble-t-il pas qu’il faille voir dans les problèmes migratoires actuels un aspect, différent peut-être, mais significatif, de cette propension grégaire à l’ensemble, et individualiste au particulier. « Uber alles », phrase allemande des nazis (au-dessus de tous) ou « chacun pour soi » symbolisent, chacun à sa façon, la traduction du terme « 'Olam » (univers ou temps) traduite dans la formule d’Avraham « El 'Olam », D.ieu Universel et Éternel (Béréchit 21, 33).

Les mouvements migratoires, actuellement, sont un aspect différent, mais d’origine semblable, du besoin naturel, humain et presque naïf, de dire : « Allons voir chez le voisin, ce sera mieux ». Persuadés que l’Occident leur offrira ce qu’ils n’ont pas, les émigrés rejoignent ce phénomène : « Le Royaume est chez l’autre ». Israël vit en exil, mais sait qu’il y a un but à son exil. Il est inclus dans la phrase du prophète Jérémie : « Ramène-nous vers Toi, Éternel, et nous reviendrons. Renouvelle pour nous les jours d’autrefois » (Lamentations 5, 15).

À nous de revenir vers le Tout-Puissant et Il renouvellera le Royaume qu’Il a créé pour nous.