Deux événements opposés ont concerné, cette semaine, l’histoire du peuple juif. On sait que le peuple d’Israël a une longue histoire, jalonnée d’événements positifs et négatifs. La pérennité d’Israël est à ce prix : survie tout au long de l’Histoire universelle, mais survie difficile, en proie à toutes les épreuves. Un des penseurs rabbiniques du Moyen-Âge, Rabbi Yehouda Halévi, écrit dans le Kouzari que le peuple juif est semblable au cœur dans la physiologie du corps. De même que le cœur est d’une part l’organe du corps le plus sensible – car toute affection exerce une influence sur son rythme – il est aussi l’organe le plus important, car tant qu’il fonctionne, le corps peut survivre. De même, Israël est le premier peuple à souffrir, à toutes les époques, mais est, en revanche, le plus solide, car c’est un peuple qui transcende les générations. Prix élevé, mais chargé de sens.
Cette semaine, un attentat effroyable a touché la communauté juive de New-York, coûtant la vie à deux victimes, dans une épicerie Cachère. Le bouleversement de la communauté juive a été, évidemment, à la hauteur de la tragédie. L’Amérique a été, un jour, le pays de toutes les possibilités, de toutes les réussites éventuelles. Ce fut aussi, hélas, un creuset d’assimilation pour une partie importante de l’immigration juive, provenant de l’Europe orientale, au début du 20ème siècle. Quoiqu’il en soit, une importante communauté hassidique, Satmar, a été traumatisée par cet attentat qui, d’ailleurs, visait les enfants d’une école hassidique voisine. Il ne nous appartient pas d’exprimer une réflexion sur une telle tragédie. Seul le Tout-Puissant peut consoler les familles de ces martyrs, et assurément, de très nombreuses manifestations de ‘Hessed ont aidé les familles des victimes.
L’Europe a vu, la même semaine, un leader politique qui affirmait sa haine des Juifs, et son soutien aux terroristes arabes, être clairement désavoué par les électeurs. En Angleterre, le parti travailliste, dirigé par ce leader, lors d’élections générales, a essuyé un échec significatif. Son parti a perdu plus de la moitié des sièges au Parlement, et ce leader a aussitôt démissionné de son poste. Il ne s’agit pas, non plus, de « crier au triomphe ». Mais, dans ce cas, il est important de rappeler que la communauté juive britannique s’inquiétait beaucoup des succès médiatiques de ce personnage. Certes, le Grand Rabbin d’Angleterre a souligné avec raison que cela ne mettait pas fin à l’antisémitisme en Grande-Bretagne, mais cependant cet échec cuisant est – malgré tout – un avertissement et un signe encourageant pour l’Europe.
Certes, nous ne sommes en aucun cas dépositaires du Roua’h Hakodèch [l’esprit prophétique], qui permet peut-être de comprendre mieux les événements de l’Histoire. Mais il s’agit, cette semaine, de relever deux évènements qui s’inscrivent indiscutablement dans la douloureuse histoire d’Israël. Il n’y a pas d’événement « neutre » dans l’histoire de l’univers. Tel ou tel leader peut « monter » ou « descendre », réussir ou échouer, de façon provisoire ou permanente, et nous ne sommes pas toujours témoins, ou spectateurs inconscients, de ce qui se passe réellement. Sait-on, par exemple, que c’est au moment où il se préparait à dénoncer un complot des médecins juifs, et à les faire arrêter, que Staline a été frappé de l’embolie qui l’a emporté en quelques jours ? La chute du mur de Berlin en 1989, avec toutes les conséquences positives pour le peuple juif est un autre indice qu’il convient de lire. Et il est évident que l’on pourrait multiplier les exemples.
La leçon qu’il nous faut tirer, humblement et nullement sous la forme d’un magistère assuré, c’est qu’il est fondamental de savoir lire les « indices » de l’Histoire : ils peuvent être illisibles ; s’ils le sont, cela signifie que nous ne comprenons pas comment tel dictateur a pu s’imposer, ou tel terroriste a pu réussir, mais il faut essayer de rendre « lisible » ces indices, c’est-à-dire de découvrir comment chaque événement fait « avancer » l’Histoire. Chaque indice est toujours un « signal ». Cet « avertissement » est d’une importance particulière à une époque où les effets économiques, psychologiques, exercent une telle influence « médiatique ». Le « petit » peuple d’Israël semble infime, par rapport aux milliards d’humains. De ce fait, il apparaît comme marginal, mais il sous-tend le devenir historique. Telle est la foi qui assure la pérennité du peuple. Seuls, onze des douze enfants de Yaakov se sont prosternés devant Essav, lors de leur rencontre « amicale » apparemment. Mais l’indice était que le dernier, le douzième, Benjamin, ne s’est pas prosterné, car il n’était pas né ! Aussi est-ce dans son territoire, qui lui a été imparti en Erets-Israël, qu’a pu être construit le Temple de Jérusalem, centre de la sainteté.
Soyons fidèles à cette sainteté et tentons de « lire » l’Histoire, de découvrir les indices. C’est là « l’avertissement » destiné à essayer de comprendre les événements et les inscrire dans le devenir messianique.