L’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février dernier a déjà causé la perte de plus de 70 personnes d’obédience juive.
La Fédération des communautés juives d’Ukraine a dressé un lourd bilan des pertes humaines de la population juive du pays, depuis le lancement de “l’opération spéciale” lancée par le président russe Vladimir Poutine le 24 février dernier.
Ces estimations évaluent qu’un tiers des victimes juives ont été tuées lors de la bataille de Marioupol, au cours de laquelle l’intensité de l’offensive russe a été particulièrement élevée, les autres victimes se répartissant à Kiev, Kharkiv et Boutcha, ainsi que des soldats sur le champ d’honneur.
La Fédération des communautés juives d’Ukraine évalue à quatre cents le nombre de Juifs blessés depuis le début de la guerre, et à 50 000 le nombre de Juifs déplacés suite aux hostilités. Au moins 150 familles juives ont perdu leur maison dans les frappes russes, et 27 des 180 communautés juives d’Ukraine vivent dorénavant sous occupation russe.
La Fédération indique avoir secouru plus de 35 198 habitants répartis sur 322 zones de guerre, finançant des moyens de transports tels que des trains, des bus et des taxis.
Côté assistance, la sollicitation est énorme, comme en témoigne Rav Raphaël Rotman, de la Fédération. “Chaque mois, nous livrons des colis de première nécessité à 36 000 familles via 180 centres de distribution dans toute l’Ukraine. Nous sommes également contactés par des familles non-juives à qui nous prodiguons bien sûr l’assistance requise. Chaque colis coûte environ 100 € et comprend des packs d’eau, du savon, du shampoing et de la lessive, du poisson, de l’huile, de la farine, des conserves, du sucre, du sel, du miel, du café et d’autres produits de base.” Une logistique d’autant plus impressionnante qu’elle se déroule sur un théâtre de guerre. “Environ 900 tonnes de produits sont emballées par nos centaines de bénévoles et expédiées par camions de livraison dans tout le pays.”
Et si ces opérations ont un coût énorme - déjà 21 millions de dollars -, comme l’explique Rav Méïr Stambler, Chalia’h ‘Habad et président de la Fédération des communautés juives d’Ukraine, l’heure n’est pas aux calculs, mais au sauvetage du plus de vies possibles. “Toute la Fédération travaille d’arrache-pied, et chaque minute est critique. La situation humanitaire empire, et le plus terrible actuellement, c’est que le monde commence à oublier peu à peu ce que nous vivons, tandis que les actualités en provenance d’Ukraine ne font plus la une des journaux”.
Puisse la prophétie de Michée (Mikha 4:3) s’accomplir sans délai : “Il sera un arbitre parmi les nations et le précepteur de peuples puissants, s'étendant au loin ; ceux-ci alors de leurs glaives forgeront des socs de charrue et de leurs lances des serpettes ; un peuple ne tirera plus l'épée contre un autre peuple, et l'on n'apprendra plus l'art de la guerre.”