Si nous n'avions pas entendu cette histoire directement des protagonistes qui ont validé chaque détail, on pourrait croire qu'elle est le fruit de l'imagination d'un scénariste de talent.
Notre interlocuteur s'appelle Baroukh Borowsky. À 72 ans, il demeure aujourd'hui dans la localité de Modiin. Il est professeur d'agriculture à la retraite et a dirigé une ferme agricole à Tivon en Israel.
Baroukh et son épouse ‘Haya, sont les parents de Eviatar, qui fut tué lors d'un attentat le 20 Iyar 5773, il y a 7 ans.
Eviatar se trouvait à une station d'autobus, à l'intersection "Tapoua’h", lorsqu'un terroriste l'a poignardé et a jeté son corps dans le fossé derrière la station de bus. Il lui a ensuite retiré son arme et a commencé à tirer sur les passants et sur le corps.
Rencontre dans un restaurant
La famille Borowosky est en contact depuis de nombreuses années avec la famille Ya’acov de Kfar ‘Hassidim. En effet, les Borowosky habitaient dans cette localité par le passé. La famille Ya’acov a perdu également un fils, Avihou, dans un attentat à Chkem, le 21 Iyar 5762, il y a 16 ans. La mort tragique de leurs enfants avait encore resserré les liens entre les deux familles.
"Il y a environ 4 ans, s'est produit un événement incroyable, nous raconte Baroukh Borowosky. Notre petite-fille était chez nous pour les vacances d'été, et un soir, nous avons décidé de sortir au café "Greg" de Kiryat Atta. En entrant dans l'établissement, ma femme voulait s’asseoir dans un certain endroit, moi j'ai proposé une autre table, et ma petite-fille a proposé de nous asseoir à côté de l'entrée."
La poussette des jumeaux
"En fin de compte, nous avons opté pour la place qu'avait choisie notre petite-fille et avons commencé à regarder le menu. À ce moment, deux femmes sont entrées dans le restaurant, dont l'une avec une poussette de jumeaux, et nous avons dû nous déplacer pour la laisser passer. J'ai alors laissé échapper : « Qu'ils sont mignons ! Comment s'appellent-ils ? ». La maman m'a répondu : « Ils s’appellent Eviatar et Avihou. »
Un silence lourd est tombé.
Après un instant, sous le choc, nous avons demandé : « Pourquoi avez-vous choisi ces prénoms ? »
La maman a alors répondu qu'elle avait cherché des noms de Tsadikim."
‘Haya Borowsky enchaîne : "Nous lui avons raconté en bref qui était notre Eviatar et sa grande piété, sa recherche de pureté. Le jour de son décès, il s'était le matin encore trempé au Mikvé. Nous lui avons également parlé d'Aviou Ya’acov, qui repose dans le même cimetière que notre fils."
Une flamme vivante
Mais la grande surprise allait encore venir. "Nous lui avons demandé quand est-ce qu'étaient nés les jumeaux. La maman nous répondit qu'Eviatar était né le 20 Iyar - exactement la date du décès de notre fils - et Aviou, né juste après la Chki’a (coucher du soleil), était né le 21 Iyar - le jour du décès d'Aviou, le fils de nos amis.
Nous étions abasourdis. La providence Divine nous apparaissait dans toute sa splendeur. Mais il y avait plus : le papa des jumeaux s'appelait Ochri, le même nom que l'ami de notre fils, qu'il aurait dû rencontrer le jour de son décès.
Depuis nous sommes en contact continuel avec la famille des jumeaux", nous dit Baroukh.
La maman des jumeaux, madame Liat Pinto, de Kiryat Atta, ajoute : "Mes jumeaux apprennent aujourd'hui dans le Gan ‘Habad de la ville et vont bientôt fêter leurs 4 ans."
Baroukh Borowsky nous dit que cette rencontre l'a profondément bouleversé et a occupé ses pensées. "Un Rav m'a dit qu'il voyait combien j'étais perturbé par cet événement. « Je te donne un conseil, me dit-il, fais comme il est écrit : "Ne recherche pas les choses cachées - Bamékhoussé Al Takhkor". »
J'ai donc cessé d'y penser constamment. Je crois que le Créateur a voulu nous montrer qu'il y a une flamme vivante en souvenir de nos chers enfants."
(Source : "Si'hat Hachavou'a" Béhar 5778, traduit par Jocelyne Scemama pour Torah-Box)