Question

Bonjour Monsieur le Rabbin. Mon Père âgé de 80 ans se trouve dans un état de dépendance totale et garde le lit en permanence. Du fait qu’il est constamment alité, et à cause de plusieurs maladies qu’il a contractées, il est obligatoire de le laver chaque jour, ou une fois tous les deux jours au minimum. Sans toilette, on risque de voir se développer une infection, ou bien même apparaître des escarres. Nous savons qu’un fils ne peut se laver avec son Père. Jusqu’à récemment, il disposait d’un soignant professionnel qui lui prodiguait les soins nécessaires ; toutefois à l’heure actuelle, nous n’avons plus la possibilité d’en disposer, c’est pourquoi mon frère et moi veillons sur lui en permanence. Que faire concernant sa toilette ?

Réponse

Il est certain qu’une personne âgée, dépendante et alitée en permanence, court le risque d’une infection et de développement d’escarres, constitutifs de danger potentiel. C’est pourquoi, en l’absence de toute possibilité de trouver un autre homme pour le laver, et dans votre cas en l’absence d’une fille qui pourrait assurer sa toilette, il sera permis à son fils de le laver. Il faudra faire très attention, autant que possible, à ce que pendant tout le déroulement de la toilette, ou au moins pendant la majeure partie de celle-ci, le Père soit recouvert au niveau des endroits intimes, de même faudra-t-il veiller à protéger sa dignité pendant les préparatifs à la toilette, aussi bien qu’après la toilette, dans toute la mesure du possible. Pour d’autres cas, se reporter à « Réponse détaillée ».

Réponse détaillée

Le défi le plus significatif qui se dresse devant les enfants de parents dépendants, réside dans la gestion du quotidien et des corvées journalières. L’une d’entre elles est la toilette. En règle générale, pour toutes les personnes âgées, la toilette représente un risque non négligeable, que ce soit en termes de difficultés et de limites au niveau de la réalisation des actes requis, ou bien en termes de danger réel de chute et de glissade.

Bien souvent, les membres de la famille d’une personne dépendante se font aider par un soignant professionnel, chargé d’organiser les journées ordinaires du père ou de la mère. Ce soignant s’occupe notamment de la toilette et des soins hygiéniques administrés au patient dépendant. Toutefois, l’on ne dispose pas toujours d’un tel soignant, que ce soit pour des raisons financières ou pour d’autres motifs, comme par exemple le refus de l’un des deux parents d’avoir recours à un soignant étranger, ou l’entêtement à faire appel à un proche familial.

Une telle situation pose un problème sérieux de Halakha au sujet de la toilette, du fait que dans la Guémara (Traité Pessa’him, 51, 1), les Sages ont interdit de se laver avec son père. Pour le Méïri, l’interdit provient du fait que, voir son père dévêtu conduit au rejet de la crainte du père (Mora Av). Mais dans le cas où le père aurait besoin du fils, ce serait permis. Cependant, Rachi explique que l’interdit provient du fait que l’on redoute la présence de mauvaises pensées. Pour cette raison, les Décisionnaires ont tranché que cela serait interdit, même dans le cas où le père aurait besoin de son fils.

Cependant, les Décisionnaires ont écrit que, puisque l’interdit n’a été formulé que sous la forme de crainte de mauvaises pensées, il paraît évident que, dès lors qu’un danger est susceptible de survenir, la chose est permise. C’est pourquoi, si l’on craint l’apparition d’infections et de développement d’escarres, et qu’il n’est pas possible de procéder à la toilette par un soignant étranger ou bien par l’épouse ou la fille de la personne âgée, il sera permis à son fils de le laver.

Ainsi, comme le ramène le Rama (Even Haezer, 23, 6), dans le cas où les endroits intimes du père sont couverts, la chose sera rendue possible. C’est pourquoi on veillera scrupuleusement à remplir cette condition, dans toute la mesure du possible.

Si la situation ne présente pas de danger, mais malgré tout que le père ne peut se doucher tout seul de crainte de glisser, de tomber ou de s’évanouir, on pourra faire montre d’indulgence et permettre au fils de laver son père. En particulier quand il s’agit d’un père dépendant, au sujet duquel le risque de pensées mauvaises n’est pas très important, du fait que le cœur du fils se brise lorsqu’il voit son père dans une telle situation. Cependant, étant donné que l’autorisation dans ce cas n’est pas aussi évidente que celle qui est donnée en cas de nécessité médicale de procéder à la toilette, on s’efforcera de veiller à ce que le père soit convenablement couvert pendant la toilette.

La toilette de la mère par le fils est plus problématique. Cela est dû à une présomption plus grande de mauvaises pensées, mais aussi au fait que l’humiliation est plus importante pour une mère lorsque c’est son fils qui la lave. À nouveau, dans un cas où il n’existe aucune possibilité de trouver une femme qui lui donne la toilette, on pourra se montrer indulgent en appliquant les conditions énoncées ci-dessus, en veillant à ne dénuder la personne qu'au minimum nécessaire, et en évitant le contact direct lorsque cela n’est pas absolument nécessaire.

Sources

Talmud Pessa’him (51a), Rachi et le Meïri sur place ; Choul’han 'Aroukh Even Haezer (23, 6) ; Responsa Minh’at Itsh’ak (Volume 4, Siman 62) ; Chiouré Torah Larofim (Tome 3,  page 486) ; cf. aussi Responsa Iguerot Moché (Volume 2, Siman 147).

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Rav Israël Méir Malka - Centre Halakha et médecine