« Quelle question ! », me direz-vous… Certains se sentent concernés, d’autres non. Mais au fait, qu’est-ce qui devrait pousser un jeune ou un moins jeune à tout interrompre pour venir consacrer un an de sa vie à cette chose qu’on appelle Yéchiva ?
Qu’est-ce qu’une Yéchiva ? En France, on appelle cela « Institut d’études talmudiques ». Si l'on remonte dans l’histoire du peuple Juif, on trouve mention pour la première fois d’une Yéchiva concernant notre ancêtre Ya’acov qui est allé étudier à la Yéchiva de Chem et de ’Ever ; ainsi que c’est mentionné dans le livre Béréchit (25,27) : « Ya’acov, homme intègre, résidait dans les tentes ». Puis plus tard, notre ancêtre Ya’acov, avant de s’installer en Égypte, envoie son fils Yéhouda pour ouvrir une Yéchiva justement en Égypte : « Il envoya Yéhouda en avant-coureur vers Yossef pour enseigner à Gochen. Ils arrivèrent au pays de Gochen ». Rachi explique que Ya’acov avait envoyé Yéhouda pour installer en Égypte une maison d’études d’où allait sortir l’enseignement de la Halakha ; comme si c’était la chose la plus importante à faire…
Précisément, oui c’est la chose la plus importante… Toutes les communautés juives qui ont accordé à l’étude de la Torah une place prépondérante ont prospéré au-delà de toute mesure. Il n’est qu’à citer le glorieux judaïsme espagnol avec sa moisson de prestigieux Sages au nombre desquels Maïmonide et Na’hmanide pour comprendre ce que l’engagement dans la Torah peut signifier.
À l’inverse, l’abandon de l’étude de la Torah au profit des sciences profanes a mené à la destruction et l’assimilation de communautés juives aussi glorieuses que les communautés d’Allemagne et de Pologne bien avant la seconde guerre mondiale.
Aller aujourd’hui en Yéchiva signifie devenir un maillon de cette prestigieuse chaîne. Ainsi qu’il est courant d’entendre, la Yéchiva est comparable à un Mikvé ; et de la même façon que l’immersion dans le Mikvé doit être totale pour qu’il y ait purification, ainsi l’immersion dans la Yéchiva doit être totale. Cela signifie qu’il faudra se consacrer totalement à l’étude de la Torah pendant cette année et ne pas mener parallèlement d’études profanes ; il faudra éviter également de travailler pendant cette année sabbatique.
L’étude en Yéchiva pendant une année entière permet de se trouver au contact d’hommes qui consacrent le plus clair de leur temps à l’étude de la Torah ; de découvrir un mode de vie qui n’est pas basé sur des valeurs matérialistes. Aucune autre étude ne peut se comparer à l’étude de la Torah ; toutes les autres formes d’étude ont toujours comme but ultime la réussite sociale. Seule l’étude de la Torah vise à la réalisation du but suprême de l’homme qui est de faire la volonté de son Créateur.
Le contact avec des Rabbanim permet de refondre son échelle de valeurs et de comprendre le sens réel de la vie. Le fait de vivre en internat, au contact de jeunes qui ont la même soif d’apprendre constitue une expérience inoubliable et un creuset de formation irremplaçable. Il s’agit d’une occasion unique de parfaire son éducation et peut-être même de la refaire à l’ombre du mont Sinaï…
On rapporte au nom du Steipeler (un des grands Sages contemporains) dans le livre Birkat Pérets que s’il était encore possible avant-guerre de devenir un bon Juif en étudiant à la maison ou en restant dans un environnement proche, désormais, avec le bouleversement des valeurs qui est le nôtre, il est indispensable de partir à la Yéchiva. Ou, pour reprendre l’enseignement de Rav Moché Chapira chlita, un des maîtres à penser de notre génération, la Yéchiva est comparable à l’arche de Noa’h. Nous vivons aujourd’hui un déluge d’hérésie et de confusion, sans parler de l’immoralité ambiante… Le seul endroit où l'on échappe à cette folie environnante, la dernière oasis dans ce désert contemporain reste la Yéchiva.
Le 'Hafets ‘Haïm ne disait-il pas : « Je suis incapable de comprendre comment un Juif peut quitter ce monde sans avoir étudié une page de Guémara. » Vous faîtes des études à l’université pour pouvoir un jour décrocher un emploi intéressant… Ou peut-être que vous travaillez déjà ? Vous travaillez pour vivre mais quel est le but de votre vie ? N’oublions jamais que l’homme n’a pas été créé que pour consommer. Pensez-vous vraiment que la finalité de l’homme se résume à un hamburger ou à « une frite », ou à toute autre forme de plaisir passager ?
Si vous voulez un jour avoir la chance de penser comme un Juif, il faudra vous asseoir devant une page de Guémara et apprendre à la déchiffrer. Apprendre à réfléchir, comprendre les priorités, construire sa vie et construire véritablement sa personnalité : tel est l’enjeu d’une année passée en Yéchiva. Il serait dommage de passer à côté de l’essentiel pour des raisons qui n’en sont pas (travail, études etc.).
Contrairement à ce qu’on peut s’imaginer, la Yéchiva ne ferme aucune porte ; au contraire, elle en ouvre. Des études très sérieuses en Israël montrent que les jeunes issus du système de formation Yéchivatique ont un niveau intellectuel nettement supérieur à ceux issus du système de formation laïque.
Alors qu’est-ce qui vous retient ? Prenez un billet et venez passer un an dans une Yéchiva francophone en Israël. Vous ne le regretterez pas et vous aurez pris probablement la meilleure décision de votre vie…