Trois Mitsvot ont été réservées à la femme juive : l’allumage des bougies de Chabbath, la pureté familiale et le prélèvement de la ‘Halla, ce fameux pain que l’on déguste lors des repas de Chabbath ou de fêtes. Mais quelles sont ses origines ? Quelle est la signification de la ‘Halla selon la Torah ? Découvrons les sources bibliques qui y font allusion ainsi que les leçons profondes que la Mitsva de Hafrachat ‘Halla est susceptible de nous transmettre.
Les origines bibliques de la ‘Halla
La Torah introduit le mot ‘Halla pour la première fois dans le livre de Bamidbar (15,18-19-20) : « Parle aux enfants d'Israël et dis-leur : "À votre arrivée dans le pays où Je vous conduirai, lorsque vous mangerez du pain de la contrée, vous en prélèverez un tribut à Hachem. Comme primeur de votre pâte, vous prélèverez la ‘Halla comme prélèvement, comme le prélèvement de la grange, ainsi le prélèverez-vous" ».
Hachem ordonne ainsi aux Bné Israël de prélever une portion de pain lorsque ces derniers allaient arriver en terre d’Israël. Cette portion était auparavant octroyée aux Cohanim – les prêtres qui servaient Hachem dans le Beth Hamikdach – et à leurs familles. Chaque semaine, 12 pains étaient posés sur une table en or, en face de la Ménora ; ceux-ci étaient changés toutes les semaines et représentaient les 12 tribus d’Israël, qui en fait ne forment qu’un seul corps, symbolisant l’unité et la force du peuple juif. Bien que le Temple ait été détruit, la sainteté qui y résidait ne s’est point dissipée. Ainsi, aujourd’hui, on reproduit cette Mitsva en essayant d’imiter la sainteté qui résidait autrefois dans le Temple au sein même de nos foyers, car chaque maison juive est comme un petit Beth Hamikdach. Bien que l’on n’ait plus de Ménora, nous pouvons quand même contempler les bougies qui illuminent nos maisons à l’entrée du Chabbath, accompagnées de ces délicieuses ‘Hallot posées sur la table.
Par ailleurs, seule la ‘Halla faite à partir des 5 céréales (l’avoine, le blé, l’orge, l’épeautre et le seigle) doit subir le prélèvement à laquelle la Torah fait allusion. Il est intéressant de souligner que la Mitsva de Hafrachat ‘Halla fait partie des commandements Telouyot Baarets, c’est-à-dire qui sont liés directement à la terre d’Israël. Ainsi, selon la loi biblique, cette Mitsva ne devait avoir lieu que dans les frontières territoriales de la terre d’Israël. Cependant, nos Sages ont institué par la suite que cette Mitsva se devait également d’être respectée en dehors de la terre d’Israël, afin que les Juifs qui habitent en diaspora ne l’oublient pas. Ainsi, la Mitsva de Hafrachat ‘Halla de nos jours est un commandement rabbinique, plutôt que de la Torah directement, ce qui ne fait que démontrer son importance particulière.
Le sel, symbole du peuple juif
Lorsque le chef de famille récite la bénédiction sur les ‘Hallot, il est de coutume de les tremper dans le sel. Cette pratique est une allusion à l’époque du Temple lors de laquelle les prêtres répandaient du sel sur les sacrifices offerts à Hachem. Cette tradition de tremper la ‘Halla dans le sel nous relie donc directement aux pratiques saintes de nos ancêtres et nous incite ainsi à nous comporter de manière digne et respectable, à l’image des Cohanim.
Par ailleurs, lorsque le prophète Yé’hezkel envisagea la future apparence de l’autel qui serait placé dans le Troisième Temple, il précisa : « L'autel en bois avait trois coudées de haut et deux coudées de long. II avait ses angles, sa longueur et ses parois en bois ; et [l'homme] m'adressa ces paroles : ‘Voici la table qui est devant Hachem !’ » (Yé’hezkel 41,22). Remarquez que le verset débute par le mot « autel » et termine par celui de « table ». Le Talmud souligne à ce propos qu’à l’époque du Temple, les sacrifices apportés sur l’autel servaient à expier les fautes du peuple juif. Aujourd’hui, comme le Temple a été détruit, la table, sur laquelle une personne nourrit les nécessiteux, remplace l’autel et expie ses péchés. Ainsi, si la table est comparée à l’autel, la nourriture qui y est déposée sera considérée comme une offrande. Nous pouvons maintenant comprendre la véritable dimension de la nourriture que nous consommons !
Enfin, le sel est comparé au peuple juif : il ne se flétrit jamais, garde toujours sa fraîcheur et rehausse la saveur et le goût de chaque aliment avec lequel nous l’agrémentons. Selon la Kabbala, le sel est amer et représente donc la rigueur. Le pain quant à lui, qui est source de vie, symbolise la bonté divine. Ainsi, en trempant le pain dans le sel, on mélange la rigueur à la bonté, afin de nous enseigner qu’il faut toujours garder un équilibre entre ces deux attributs.
Le peuple juif est appelé Israël, en l’honneur de notre troisième patriarche qui est associé à l’attribut divin de Tiféret, l’équilibre. Puissions-nous toujours garder un équilibre entre rigueur et bonté et nous souvenir que, tout comme D.ieu a créé l’attribut de bonté car le monde ne tiendrait pas avec la rigueur uniquement, nous devons exercer de la bonté envers notre prochain !
Les sentiments de la ‘Halla ?!
Lorsque l’on pose les ‘Hallot sur les tables de Chabbath ou des fêtes, on s’assure de les couvrir. Pourquoi une telle pratique ? Lorsque nos ancêtres errèrent dans le désert pendant 40 ans, la Manne tombait miraculeusement du ciel et c’est grâce à elle qu’ils survivaient. Or la ‘Halla que l’on consomme tous les Chabbath rappelle cette Manne qui tombait du ciel chaque jour. Puisque la manne était entourée de couches de rosée afin de préserver sa fraîcheur, on fait de même avec la ‘Halla en la couvrant d’un beau tissu brodé, pour revivre ce miracle à notre table de Chabbath.
Une deuxième raison à cette coutume veut que l’on couvre le pain pour ne pas l’humilier. En effet, on récite d’abord la bénédiction sur le vin avant celle sur la ‘Halla. En couvrant cette dernière, on s’assure qu’elle ne se sente pas « mise de côté » ou en « second plan ». Cela révèle l’emphase toute particulière que le judaïsme met sur la sensibilité que nous devons éprouver envers autrui. Si l’on veille chaque semaine à ne pas faire de mal à du pain, à plus forte raison devons-nous nous assurer de ne pas heurter notre prochain !
La Mitsva de Hafrachat ‘Halla, une source de bénédictions
Il faut savoir en tout premier lieu que la Hafrachat ‘Halla, le prélèvement d’un morceau de pâte, est un moment propice pour la prière. Il s’agit d’un moment lors duquel les portes du Ciel sont ouvertes, où D.ieu est à l’écoute des demandes de la femme qui accomplit cette Mitsva si importante. D’ailleurs nombreux sont les témoignages de femmes qui ont assisté à de grandes délivrances dans tous les domaines (mariage, naissance, guérison, etc.) en la pratiquant !
Puissions-nous, à l’aide de tous ces enseignements, comprendre le sens profond de cette Mitsva, et réaliser que nous pouvons atteindre de très hautes sphères en l’accomplissant !