La Mitsva pour les femmes mariées de se couvrir les cheveux est parfois perçue, à tort, comme une contrainte fastidieuse et sans fondement. En effet, nombreuses sont celles qui se demandent quelle différence peut-il bien exister entre les cheveux d’une célibataire, qu’il n’est pas obligatoire de couvrir, et ceux d’une femme mariée, que la Torah ordonne de cacher…
Un statut privilégié
La Mitsva de se couvrir les cheveux est mentionnée dans la Torah elle-même, et n’émane pas, contrairement à d’autres commandements, d’une ordonnance rabbinique. Il est en effet dit dans la Torah à propos de la femme soupçonnée d’adultère (Bamidbar 5,18) : « Le Cohen placera la femme devant Hachem, il découvrira la tête de la femme… » Le fait de lui découvrir les cheveux – qui étaient donc auparavant dissimulés – symbolise la perte d’une certaine dignité associée au statut de femme mariée, statut incompatible avec les soupçons qui pèsent sur elle.
Mais quelle est donc la spécificité de ce statut qui obligerait la femme mariée à garder la tête couverte ?
Trop de rigueur
Les Sages de la Kabbala expliquent que les cheveux qui poussent « vers le haut » symbolisent l’attribut de rigueur (contrairement à ceux qui poussent « vers le bas », comme la barbe, qui sont quant à eux associés à l’attribut de clémence). L’attribut de rigueur est à la base des mauvais décrets, des épreuves et de l’adversité qui règnent dans le monde.
Or, il faut savoir que la femme est elle aussi, dans son essence, liée à l’attribut de rigueur, contrairement à l’homme qui lui est associé à celui de bonté (dans le sens d’abondance). En effet, la rigueur est ce qui confère sa limite au monde. C’est elle qui régit, codifie, restreint, mais c’est aussi elle qui en même temps confère la forme à toute chose et permet la réalisation concrète de concepts abstraits.
Par exemple, c’est dans l’utérus de la femme qu’un embryon prend forme, dans les limites restreintes de la paroi utérine ; c’est la femme également qui, avec les ressources apportées par l’homme, gère l’intendance de son foyer. En les apprêtant avec méthode, elle transforme des produits de base en délicieux mets. Et lorsque l’homme convie des invités en abondance, c’est encore la femme qui parvient à gérer ce flux grâce à ses capacités organisationnelles.
Or l’attribut de rigueur inhérent à l’essence de la femme ajouté à celui qui est associé aux cheveux ne peuvent faire bon ménage… Il s’agit d’un surplus de rigueur qui pèse sur la femme et pourrait facilement entraîner, à D.ieu ne plaise, un déchaînement d’épreuves et de difficultés. En couvrant ses cheveux, la femme voile l’attribut de rigueur et empêche qu’il ne s’exprime à outrance. En agissant ainsi, elle protège non seulement sa personne et toute sa famille des mauvais décrets, mais elle attire en plus pour tous les siens un flux abondant de bénédictions divines.
Bon pour la femme, bon pour son couple
Même d’un point de vue purement rationnel, il nous est donné d’observer à quel point cette Mitsva est bénéfique à la femme et à son couple. En effet, le fait de se couvrir les cheveux dès le début du mariage constitue un message fort que l’épouse transmet indirectement à son mari et qui semble dire : « Je t’aime et te suis consacrée au point de ne réserver qu’à toi l’une des plus belles choses que je possède ». Davantage encore, le fait pour une femme de se couvrir les cheveux contribue à asseoir en elle la conscience de son nouveau statut de femme mariée. Grâce à cette Mitsva, elle intègre l’idée qu’elle est désormais la femme d’un seul homme et s’éloigne naturellement des autres.
Enfin, le Kissouy Roch constitue également le signe que la femme qui le porte est mariée et il crée ainsi une sorte d’écran qui la protège efficacement des convoitises masculines.
Imaginons-nous seulement l’impact de cette Mitsva qui, si elle était observée par tous les couples juifs, aurait permis d’épargner bien des soucis à la plupart d’entre eux…
Une Ségoula pour l’éducation
La Mitsva de se couvrir les cheveux constitue également l’une des Ségoulot les plus puissantes pour la réussite dans l’éducation des enfants. En effet, l’enfant qui voit sa mère couvrir ses cheveux au quotidien – sacrifiant par-là l’un de ses atouts féminins les plus importants uniquement par amour d’Hachem – apprend instinctivement à soumettre lui aussi ses désirs à la volonté du Créateur. C’est même l’un des moyens les plus efficaces pour lui faire acquérir la crainte du Ciel et ce, sans besoin d’aucun discours ni de grande démonstration !
Ce n’est pas un hasard si les Pirké Avot Dérabbi Nathan rapportent l’histoire de Kim’hit, cette femme qui eut le bonheur d’enfanter des fils qui devinrent tous des Kohanim Guédolim et qui expliqua ce phénomène exceptionnel en disant : « Les poutres de ma maison n’ont jamais vu les cheveux de ma tête ». Kim’hit ne se découvrait même pas les cheveux pour les laver ou les coiffer ! Elle veillait toujours à placer un drap par-dessus afin qu’ils ne soient jamais exposés aux regards étrangers, pas même à celui des poutres de sa maison…
La vraie beauté
Certaines femmes craignent de perdre, en se couvrant les cheveux, toute leur beauté. Il faut pourtant savoir qu’aux yeux de la Torah, la véritable beauté n’est pas physique, mais il s’agit davantage d’une grâce émanant des mondes spirituels. Quelle noblesse se dégage de l’allure princière d’une femme à la tête couverte ! Quel port gracieux, quelle dignité inspire-t-elle ! La femme à la tête couverte voit son visage auréolé d’un halo de sainteté, d’une lumière divine insondable bien supérieure à tous les strass et autres artifices visant à la rendre « désirable ».
Ainsi, il apparaît que la Mitsva du Kissouy Roch, une obligation apparemment contraignante et rébarbative, renferme en elle un nombre insoupçonné de vertus : elle protège celle qui le porte des mauvais décrets, elle préserve et renforce sa relation de couple, elle contribue à la réussite de l’éducation de ses enfants et enfin, elle pare la femme d’une grâce divine d’une nature bien supérieure à ce que n’importe quelle mode peut proposer… Sans l’ombre d’un doute, c’est la couronne de la femme d’Israël !