Le Rav Nissim Yagen (Zatsal) raconte qu'un jour il se trouvait à l'hôpital Bikour ‘Holim, dans le service pédiatrie, et là, il vit un enfant qui courait dans tous les sens, qui demandait à sa maman sans cesse quelque chose à manger, une fois un biscuit, une fois une banane, une fois un bamba… Et tout d'un coup, un énorme bruit se fit entendre : cet enfant envoya un chariot plein de ballons d'oxygène tout droit sur l'infirmière qui transportait deux plateaux pleins de médicaments. Boom ! Trakh ! Quelle catastrophe !!
Le Rav, époustouflé, se tourna vers l'infirmière et la questionna : ”Qu'est-ce que cet enfant fait ici? Il a l'air d'être en meilleure santé que vous tous ! Bientôt, il rendra tout le monde malade !”. “Si vous saviez de quoi il est atteint, vous auriez pitié de lui ! Ce petit garçon souffre d'une tumeur maligne, difficilement soignable, les pourcentages de guérison sont très bas, pauvre enfant.”
Le Rav Yagen éveille notre attention en posant la question suivante : pourquoi les parents de ce petit garçon pleurent, ne ferment pas l'œil, le professeur lui-même est très soucieux, mais l'enfant, lui, ne pense qu'à une chose : s'amuser, s'amuser, et s'amuser !? La réponse est toute simple : ce petit garçon n'est pas conscient de la gravité de sa situation, il ne comprend pas qu'il risque de quitter ce monde, et donc automatiquement il n'a pas peur !
Nous dit le Rav Nissim Yagen : on ressemble à ce petit enfant à l'approche du jugement, on continue à vivre normalement, on parle de la même manière, on continue à courir sans s'arrêter et réfléchir. Sommes-nous conscients que notre futur est en jeu ? Le Maître du monde nous inscrira-t-il dans le Livre de la Vie ? Qui d'entre nous peut certifier que ses bonnes actions pèsent plus que ses mauvaises actions ?
Notre Sainte Torah nous révèle le secret pour bien passer le jugement : ”Vous êtes placés, vous tous, en présence de l'Éternel votre D.ieu, vos chefs de tribus, vos anciens, vos préposés, chaque citoyen d'Israël”(chap 29,verset 9). Le Rav Yaacov Noyman, dans son livre ”Darké Moussar”, commente le verset : ”Vous êtes placés, vous tous, en présence de l'Éternel” : vous vous tenez devant Hachem par le mérite de votre solidarité ! C'est ce qui vous donne la vie ! Et voilà, encore une fois, on voit comment l'Union est source de vie !
Être unis permet à la Présence divine de résider parmi nous, c'est la clé de toutes les bénédictions, de l'abondance et de la réussite dans tous les domaines.
Le ‘Hessed, surtout chez soi...
Le mois d’Eloul est le mois de l'introspection, on s'autoanalyse, on se regarde à la loupe. La première des choses sur laquelle il faut se concentrer est l'intérieur de notre maison, notre propre famille. Sommes-nous unis ? Comment s'adressons-nous les uns aux autres ? Respectons-nous suffisamment les différences ? Laissons-nous notre conjoint exister, ne l'étouffons-nous pas ? Y a-t-il une atmosphère d'entraide où est-ce chacun pour soi ? Nous avons tendance à être agréables et à faire du bien avec les étrangers, les voisins, les camarades de travail, mais en est-il de même avec nos proches ?
Rabbi ‘Haïm Vital, l'élève du Arizal, explique qu'après 120 ans quand on arrivera devant le tribunal céleste, une des questions que l'on nous posera est : est-ce que tu as fait du ‘Hessed durant ton séjour sur terre ? Et nous, on répondra avec beaucoup d'assurance : ”Oui, bien sûr! J'ai visité les malades, j'ai fait du volontariat dans tel organisme de bienfaisance, j'ai passé des heures au téléphone pour aider des femmes en détresse ….” Et là, Hachem se penchera sur notre maison et vérifiera si on a fait notre devoir au sein de notre famille, avec notre mari et nos enfants, comme il est écrit : ”N'ignore pas ta propre chair”.
Nous dit Rabbi 'Haïm : si on a fait ce qu'il faut avec notre famille, alors toute la charité effectuée à l'extérieur sera comptée, mais si ce n'est pas le cas, alors tout sera effacé, toutes ces heures d'investissement s'envoleront, comme si elles n’avaient jamais existé ! C'est ce que nous enseignent nos Sages dans le traité de ‘Hagiga : "Les murs de sa maison seront ses témoins".
Donner avec le sourire !
Voici le témoignage d'une dame qui tomba malade et qui devint du jour au lendemain complètement dépendante : ”Je ne pouvais plus rien donner. On recevait les repas d'un organisme de ‘Hessed, des jeunes filles venaient plier le linge et nettoyer la maison, la seule chose que je pouvais donner était le sourire et ça je le donnais avec abondance !” Quand cette dame a guéri et s’est remise sur pied, elle demanda à son mari comment il avait réussi à faire face à cette période tellement difficile. “Ton sourire, ta Sim’ha (joie) et les encouragements que tu as versés sur nous m'ont donné la force de surmonter la difficulté”. Quelle leçon ! Dans sa souffrance, cette maman a su se surpasser, non seulement elle ne s'est pas plainte, mais en plus, elle a soutenu son entourage. Comment y est-elle arrivée ? Qu'est-ce qui l'a motivée ?
Cette grande femme était consciente que son mari et ses enfants dépendaient d’elles pour leurs besoins sentimentaux et affectifs. Elle savait pertinemment que les arroser de chaleur et d'amour était une priorité à laquelle elle ne pouvait renoncer. Sa conviction de l'impact incommensurable d’un visage souriant lui a permis de continuer à donner à sa famille le plus beau des cadeaux, celui de se sentir aimé et estimé.
Prenons exemple de ce modèle et n'oublions pas de rajouter à toutes les tâches que nous effectuons l'épice essentielle, la bonne humeur ! Nous nous donnons tellement, nous faisons tellement d'efforts, n'est-il pas dommage de gâcher ces merveilleuses actions en affichant un triste visage ?
Imaginez-vous debout dans la rue depuis déjà quelques heures un jour d'hiver glacial et pluvieux et tout d'un coup quelqu'un passe et vous tend un verre de lait au chocolat chaud. Qu'est-ce que vous ressentez à ce moment-là ? Et bien, la Torah vient nous enseigner que la valeur d'un sourire est encore plus élevée. Tout simplement parce que ce lait chaud nourrit notre corps, alors que le sourire nourrit notre “Néfèch” (monde intérieur). Ce qu'on donne au corps est éphémère, l'impact obtenu est à court terme, contrairement à l'encouragement qui lui, agit à long terme et a le pouvoir de transformer, de propulser, de soutenir, de redonner l’espoir à quelqu'un qui l’a perdu. La vie n'est pas un long fleuve tranquille, les épreuves en font partie intégrante. Sourire à son prochain, c'est illuminer son parcours qui est parfois tellement obscur, le renforcer dans sa Émouna (foi), par notre Émouna. Derrière ce sourire, se cache un message précieux : tiens bon, tout est pour le bien !
Chabbath Chalom à toutes et Chana tova !