Notre histoire regorge d’exemples de nos Patriarches et Matriarches exceptionnels qui firent preuve de Messirout Néfech, ce don de soi pour accomplir les Mitsvot, parfois au risque et au sacrifice de leur propre vie. Mais que signifie ce concept, pour nous qui n’avons pas le même “niveau” ni ne sommes confrontés aux mêmes défis que ces Juifs d’antan ? Faire preuve de Messirout Néfech dans la pratique des Mitsvot, est-ce réellement possible aujourd’hui ?

Prêts à sacrifier leur vie…

Les exemples de ceux qui ont sanctifié D.ieu à travers leur vie ne manquent pas, tant dans le texte du Tanakh que dans l'Histoire juive. Avraham Avinou accepta par exemple de sacrifier son fils Its’hak, et celui-ci se laissa faire. On peut encore citer ‘Hanna qui accepta, dans sa grandeur, de sacrifier avec dévouement ses sept fils afin qu'ils ne soient pas contraints de s’agenouiller face à une idole.

D’autres récits éveillent en nous l’admiration à différentes périodes, comme les Juifs à l'époque des Croisades ou encore les Marranes d'Espagne, ou plus récemment les Juifs qui vécurent derrière le Rideau de Fer et accomplirent avec zèle les Mitsvot, malgré la peur de se faire arrêter par les Communistes. On pense aussi à ceux qui traversèrent la Shoah et essayèrent de rester fidèles à la Torah comme ils le pouvaient, au nez et à la barbe de leurs assassins.

Aujourd'hui, quand grâce à D.ieu il est beaucoup plus “simple” d'accomplir une Mitsva parce qu’il n’y a pas de véritable danger et parce que tout est proche géographiquement, y a-t-il une valeur réelle à accomplir des Mitsvot dans une telle facilité ?

Une analyse du mot Néfech nous permettra d’envisager une nouvelle facette de l’idée de Messirout Néfech. Le mot Néfech, qui signifie “âme”, veut également dire “volonté”. Comme par exemple lorsqu' Avraham Avinou demanda aux fils de ‘Het : "S'il est en votre âme que j'enterre mon mort…" (Béréchit 23,18). Rachi explique que “votre âme” signifie ici “votre volonté”, car en fait, et c’est le point-clé de notre réponse, la dévotion de l'âme est finalement la soumission de la volonté aux prescriptions de D.ieu.

À chaque génération ses difficultés

Lorsqu'un homme se lève pour aller à la synagogue alors qu’il aurait préféré rester dormir, lorsqu'une personne donne à la Tsédaka alors qu'avec cet argent, elle pourrait aussi s’acheter des choses qui lui sont nécessaires, ces personnes font précisément preuve de Messirout Néfech !

Lorsque de nos jours, où la valorisation de l'effort n'est plus une priorité, on arrive à s’imposer les limites fixées par la Torah, on fait aussi preuve de Messirout Néfech. Quand par exemple on installe un filtre internet “Cachère” alors que cela va à contre- courant du mouvement général ou encore que l’on jeûne plusieurs jours par an, là encore, on atteint ce niveau remarquable qu’est la Messirout Néfech.  

À chaque génération ses difficultés, et le dévouement d'un Juif est très cher aux yeux d'Hachem. À l'époque d’Avraham, les difficultés n’étaient pas les mêmes que celles d’aujourd’hui, il n’y a donc pas lieu de comparer ! Préserver l'éducation de nos enfants et continuer à faire valoir nos préceptes alors que l’environnement y est hostile sont une façon de servir D.ieu. Celui qui y parvient aura bien sûr un extraordinaire mérite aux yeux d'Hachem !

Notre génération est marquée par l’instantané et le jetable, les limites du temps et géographiques ont été franchies. Le manque de pudeur dans la rue, internet, les publicités en tous genres qui essaient d'arriver chez nous par tous les moyens sont autant d’épreuves ; celui qui les combat est considéré comme un grand homme.

Certes, les difficultés sont d'un autre ordre, mais il est écrit dans Pirké Avot : "Léfoum Tsara Agra" : la récompense est proportionnelle à l'effort fourni.

Des efforts récompensés

Concrètement, comment savoir si ce que l'on fait dans le cadre d’une Mitsva est de la Messirout Néfech ? La réponse est simple : dès que l'on ressent un ralentissement de la volonté à accomplir une Mitsva mais qu’on l’accomplit malgré tout, là commence à s'appliquer la Messirout Néfech.

Si l'on sent que le fait d'inscrire notre enfant à l'école juive ou à une école plus orthodoxe est difficile, ici commence précisément la Messirout Néfech. Lorsque l'on se sent un peu seule alors que notre mari assiste à un cours de Torah, dès qu'il y a ce pincement au cœur et qu'on le combat avec joie, ici commence la Messirout Néfech !

D'ailleurs vous remarquerez que la difficulté est différente lorsqu'il s'agit d’un effort qui aboutit sur une satisfaction matérielle, comme supporter des heures supplémentaires du mari au travail. Car dans ce dernier cas, le résultat de cet effort est concret et quasi-immédiat, comme un meilleur salaire, des vacances plus luxueuses, etc.

Pour d'autres, il s’agira par exemple de se renforcer en Tsni’out. Quelle femme n'accepterait pas de s'habiller de manière pudique si c'était le règlement de l’entreprise dans laquelle elle rêverait d’être embauchée ? Bon, mais pour revenir sur terre, une femme qui progresse en Tsni’out ressentira certes au début une énorme gêne du "qu'en dira-t-on". Mais si elle persiste et dépasse ce stade, elle fera précisément preuve de Messirout Néfech au même titre qu’Avraham Avinou qui était prêt à sacrifier son fils, rien de moins ! Car c'est en se dépassant que l'on monte de niveau et que l'on progresse.

Certes, les défis sont différents en fonction des personnes. Appliquons-nous à nous améliorer même si les résultats ne sont pas concrets et palpables, mais uniquement spirituels. À force de temps et de persévérance, les efforts seront récompensés par une satisfaction qui n'a pas de prix ni d’équivalent sur terre…

Bon courage à nous et vite au travail !