Et si les atomes qui nous entourent nous offraient l’une des plus belles leçons de ‘Hessed jamais entendues ? A vos microscopes, prêt… donnez !
Une leçon dans les atomes
Vous souvenez-vous de vos cours de chimie sur les atomes ? Vaguement ? Alors je vais vous rafraîchir la mémoire car ces petits éléments nous offrent une belle leçon de ‘Hessed !
Les atomes sont de minuscules éléments qui composent la matière. Tout dans ce monde (nous, y compris) est formé d'un assemblage d'atomes. C'est donc “la matière première” avec laquelle Hachem a construit ce monde.
Nous pouvons affirmer que le monde repose sur la capacité qu'ont ces petits éléments à créer des interactions entre eux, à se lier les uns aux autres. Mais comment se lient-ils exactement ? Quelle colle les maintient ainsi ?
Les atomes sont constitués d'un noyau (de charge positive +) au centre et d'électrons (charge négative -) qui tournent autour du noyau. C'est grâce à ces électrons que les atomes peuvent se lier car ils peuvent passer d'un atome à l'autre. En chimie, on distingue deux catégories d'atomes : ceux qui ont tendance à perdre des électrons (c'est à dire en fait à les donner à d'autres) et ceux qui ont tendance à en recevoir (en d'autres termes, à les prendre à d'autres !). Si on lie tout cela au sujet du ‘Hessed, on peut dire que sans cette capacité à donner des électrons (une partie d'eux-mêmes, rappelons-le!) qu'ont les atomes, le monde ne pourrait exister ! C'est une interprétation (originale !) du célèbre verset des Psaumes : “Olam ‘Hessed Yibané”, “Le monde tient sur le ‘Hessed”.
Le donneur ne perd jamais
Voici une autre information intéressante concernant notre ami l'atome : en chimie, lorsqu'un atome donne un électron, il devient un ion positif alors que s'il a reçu un électron, il devient un ion négatif (et oui, car l'électron est une particule négative !).
Voici donc une grande leçon concernant notre vision du donneur/receveur. Dans les apparences, si je donne par exemple 100 euros à la Tsédaka, eh bien j'ai 100 euros de moins ! Et à l'inverse, quand je reçois quelque chose, je suis gagnant !
Or Hachem nous apprend l'inverse et Il nous le montre dans la façon dont Il a créé le monde : on ne perd jamais à faire du ‘Hessed ! On contraire, cela nous amène la Brakha , comme le dit la Guémara dans Baba Batra : “Pour toutes les Mitsvot liées au ‘Hessed, nous recevons les fruits dans ce monde-ci et le capital reste intact pour le monde futur'”. De cette façon, Hachem a voulu nous motiver à nous attacher à cette Mitsva essentielle.
D'où toutes les histoires de délivrances que vous avez sûrement déjà lues dans les fascicules des organismes de Tsédaka ! Elles ont certes pour but de nous inciter à donner, mais il ne s'agit pas d'une banale publicité. C'est un fondement vrai et essentiel : celui qui donne reçoit une Brakha extraordinaire !
Nous parlons ici de ‘Hessed en général et pas seulement de Tsédaka, car il y a beaucoup d'autres façons de donner que d’offrir de l'argent. Cela peut être du temps, un service rendu, une marque de gentillesse, de la considération pour l'autre, parfois même un simple sourire ! Les possibilités ne manquent pas.
Donneur ou preneur ?
Rav Eliahou Dessler, dans son Mikhtav Mééliahou, explique qu’Hachem a implanté deux forces en l'homme : le Koa'h Hanétina, la force de donner, et le Koa'h Hanétila, la force de prendre. Et comme pour nos atomes, dont certains ont tendance à prendre et d'autres à donner, il existe chez les êtres humains des preneurs et des donneurs !
Rav Dessler ajoute : les Réchaïm (mécréants) sont ceux dont la majorité des actions est tournée vers le fait de prendre, c'est leur petite personne avant tout qui compte. Alors que les Tsadikim (justes) sont ceux qui affichent une majorité d'actions tournée vers le don.
Alors mesdames, à quelle catégorie souhaitez-vous appartenir ?
J'entends les objections de certaines : “Bien sûr, j'aimerais bien faire partie des donneurs, mais bon soyons réaliste, je suis très loin du niveau d’être une Tsadeket ! Quand je lis les histoires sur la Rabbanite Kanievski par exemple, je suis impressionnée par son ‘Hessed et son dévouement pour tous ! Sa porte était ouverte à tout le monde, elle recevait chacun avec sourire et chaleur, les gens se servaient dans son réfrigérateur sans permission et elle ne pensait jamais à ses propres intérêts ! Ouah ! C'est magnifique, mais franchement, je suis bien loin de cela et rien que d'imaginer que ma maison soit un moulin où tout le monde rentre et sort à sa guise me donne des sueurs froides ! Non, je ne suis pas à ce niveau et je ne suis pas non plus du style à ouvrir un Gma'h de ci ou de ça ! Chapeau à celles qui le font mais ce n'est pas pour moi !”
Rassurez-vous, c'est normal, chacune a son niveau et chacune a ses Midot (traits de caractère). Cependant nous pouvons toutes travailler sur nous et plus précisément sur les intentions qu'on met derrière nos actes.
Réorienter notre pensée
Voici une petite histoire pour nous faire comprendre un principe important :
Le ‘Hafets ‘Haïm se rendit un jour chez un pharmacien pour acheter des médicaments. Le pharmacien était juif mais peu pratiquant. Le ‘Hafets ‘Haïm lui fit beaucoup de louanges : “Vous rendez-vous compte de tout ce ‘Hessed que vous faites du matin au soir ? Toutes ces guérisons qui passent par votre intermédiaire ! J'envie votre piété !” Le pharmacien, étonné, lui répondit avec simplicité : “Mais monsieur le Rav, c'est ma Parnassa, je fais cela pour gagner ma subsistance !” Le ‘Hafets ‘Haim le regarda et lui dit : “Avec ton argent, que fais-tu ? Tu achètes à manger et tu paies ton loyer ! Alors de deux choses l'une : ou le but de ta vie est de manger et dormir, et soigner n'est qu'un moyen d'y arriver ; ou bien tu reconnais que manger et dormir ne sont que des moyens et que le but de ta vie est de soigner et d'aider les autres !”
On raconte que par la suite, le pharmacien fit Téchouva, impressionné par la magnifique leçon du ’Hafets ‘Haim.
C'est là une leçon encourageante pour nous : nous pouvons devenir des donneurs simplement en réorientant nos intentions ! Tous les jours, nous sommes déjà amenées à donner à notre entourage, comme par exemple à notre mari, nos enfants, nos collègues, nos amis, nos voisins... On peut le faire simplement ''parce que c'est comme ça'' ou alors le faire en y mettant une intention spéciale de ‘Hessed.
Exemple : quand une maman range sa maison, elle peut avoir des pensées négatives comme : “Quel travail les enfants me donnent ! J'ai horreur du désordre et combien d'efforts JE dois déployer pour avoir une maison convenable ! J'ai l'impression d'être une esclave ici !” Ou alors, nous pouvons faire de cet acte banal un acte de ‘Hessed : “Eh bien, c'est vrai que c'est dur de tenir une maison propre, mais quel ‘Hessed j'accomplis envers ma famille ! Grâce à moi, ils ont du linge propre, l'ordre aide tout le monde à se sentir mieux, les enfants grandissent équilibrés... Au lieu de me considérer comme une esclave, je me vois comme la pierre angulaire de la maison !”
Voici un autre exemple: ma collègue a tendance à me prendre pour son mur de lamentations. Tous les jours, elle me fait la liste de ses petits et grands malheurs et se plaint sans cesse de tout. Je peux penser : “Quelle plaie de partager le bureau avec cette femme ! Je ne supporte pas ce genre de caractère ! Quel dommage que la politesse m’empêche de lui dire tout ce que pense d'elle ! Encore un peu et j'explose ! “ Ou alors je peux me dire : “C'est vrai que c'est difficile de se retrouver toute la journée en compagnie d'une personne si négative, mais elle est la première à souffrir de son défaut ! Elle a apparemment besoin de déverser son sac, alors voici pour moi une occasion d'aider quelqu'un ! Je vais faire un effort et lui offrir de temps en temps une oreille attentive et compatissante. Et peut-être même qu'avec le temps, je pourrais lui montrer que le monde n'est pas aussi noir qu'elle le décrit !”
Nous pouvons donc toutes accéder à ce niveau de donneuse ; à nous de chercher dans notre quotidien : “Quel ‘Hessed puis-je faire aujourd’hui, que puis-je donner à mon entourage ?” Et rappelons-nous que de cette façon, 'Hachem Se posera les mêmes questions à notre sujet : “Comment puis-Je l'aider et la combler ?” !
Léa Hagege